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Ecologie vraie et réelle..
1 juin 2016

Henry David Thoreau..L’homme des fleuves et des bois.

Henry David Thoreau..L’homme des fleuves et des bois.

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Photo daguerréotype de Henry David Thoreau, Américain hors normes, adversaire de la civilisation industrielle, du consumérisme, de l’empire de l’Etat sur l’individu et de l’esclavage.

Après Jean-Jacques Audubon, je vais vous parler à présent d'un autre homme..exceptionnel..

en la personne de Henry David Thoreau.

 

Il s’efforça, sa vie durant, de mettre en harmonie sa vie publique

et privée et ses théories philosophiques.

 

UNE BIOGRAPHIE ET LA PREMIERE

TRADUCTION DE

’’SEPTJOURS SUR LE FLEUVE’’

RAPPELLENT LE SOUVENIR

DE HENRY DAVIDTHOREAU,

ECRIVAIN ET NATURALISTE

AMERICAIN DU XIX°SIECLE,

PRECURSEUR DE L’ECOLOGIE.

   Au printemps de l’année 1845, non loin de la petite ville de Concord dans l’état du Massachusetts, un émule américain de Diogène entreprend de construire une cabane au milieu des bois, sur la berge de l’étang de’’ Walden’’.

A coups de hache, il abat des sapins et entaille les troncs, cloue des planches, dresse la charpente, assemble un plancher rudimentaire au-dessus du vide sanitaire.

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   Quatre semaines plus tard, sa ’’maison dans les bois’’ est achevée.

Longue de quinze pieds, large de dix, percée de deux fenêtres et d’une porte sans serrure, elle n’est meublée que d’un lit, une table, un bureau, un miroir et trois chaises : une pour la solitude, deux pour l’amitié, trois pour la société.

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« Je possède ainsi une maison recouverte étroitement de bardeaux et de plâtre, de dix pieds de large sur quinze de long, aux jambages de huit pieds, pourvue d'un grenier et d'un appentis, d'une grande fenêtre de chaque côté, de deux trappes, d'une porte à l'extrémité, et d'une cheminée de briques en face. »

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Photo ci-dessus de l’intérieur de la cabane ( cabane reconstituée à l’origine..) de ’’ Walden’’ de Henry David Thoreau.

 

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Photo ci-dessus du mobilier se trouvant à l’intérieur de cette cabane.

En dehors du lit et de la table de chevet, une seule table et trois chaises ainsi qu’un bureau et un ’’ Rocking chair’’.

 

’’ JE M’EN ALLAIS DANS LES BOIS

PARCE QUE JE SOUHAITAIS

VIVRE DELIBEREMENT,

NE FAIRE FACE QU’AUX FAITS ESSENTIELS

ET VOIR

CE QUE LA VIE AVAIT A ENSEIGNER’’

 

L’expérience initiatrice

 DE LA SOLITUDE VOLONTAIRE , ET DU NATURALISME CHOISI

 

Reconstitution de la cabane que Thoreau construisit de ses mains dans les bois de Walden, aux environs de la ville de Concord, dans le Massachusetts en 1848. Il y vécut deux ans et y écrivit les deux seuls livres publiés de son vivant,’’Sept jours sur le fleuve ’’ Et   ’’Walden ou la vie dans les bois’’.

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Photo ci-dessus de la cabane reconstituée actuelle.

Sur les deux arpents de terrain alentour, défrichés et labourés par ses soins, le nouvel ermite sème pommes de terre, maïs, haricots, fèves et navets, pour assurer sa subsistance. Car le dessein du jeune homme de 28 ans et de prouver qu’un intellectuel peut s’auto-suffire et vivre en marge de la société et de ses lois en se contentant du minimum vital. « Je m’en allais dans les bois parce que je souhaitais vivre délibérément, ne faire face qu’aux faits essentiels de la vie et voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu’elle avait à enseigner, et non découvrir, quand je viendrai à mourir, que je n’avais pas vécu », écrivait-il dans son journal.

   En réalité, la vie qu’il mena dans les bois de ’’Walden’’ n’était pas vraiment une vie d’ermite. Henry David Thoreau n’entendait pas se couper du monde mais le tenir à distance.

Durant les deux ans qu’il vécut sur la berge de l’étang de ’’Walden’’, il reçut nombre de visites, d’amis, comme les écrivains Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, William Channing, qui avait, avant lui, vécu en autarcie dans une cabane de l’Illinois, mais aussi de curieux, de chemineaux, de pêcheurs et de chasseurs, de badauds ou de promeneurs du dimanche.

Ces visites, cependant, étaient suffisamment espacées pour ne pas empiéter sur la règle de vie qu’il avait adoptée, alternance d’occupation manuelles – sarcler son potager, récolter ses légumes, cuisiner, cuire son pain, pêcher dans l’étang – de travaux intellectuels, lectures et écriture, et de longues promenades au cours desquelles il observait les cycles de la nature et la vie quotidienne de ses ’’voisins inférieurs’’, les animaux, qu’il consignait dans les dizaines de carnets qu’il laissa après sa mort.

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Photo ci-dessus de l’intérieur, très dépouillé, de la cabane de ’’ Walden’’.

   C’est dans sa cabane de ’’Walden’’ que Thoreau composa les deux seuls livres qui parurent de son vivant, Sept jours sur le fleuve et Walden ou la vie dans les bois, livres qui lui valurent une notoriété relative, très inférieure à l’écho qu’ils rencontrèrent quand il ne fut plus de ce monde.

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Photo ci-dessus, couverture du livre ’’Walden ou la vie dans les bois’’.

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 Photo ci-dessus, couverture du livre ’’Walden ou la vie dans les bois’’.

( réédition plus récente..)

Au terme d’un séjour de deux ans et deux mois, le 26 septembre 1847, Henry David Thoreau fit ses adieux définitifs à son ermitage pour retourner vivre à Concord, parmi la société des hommes. Quelques temps après, il écrivait à un ami : « Je quittais les bois pour une aussi bonne raison que quand j’y étais venu. Peut-être me semblait-il que j’avais plusieurs autres vies à vivre, et que je ne pouvais passer plus de temps dans celle-ci. C’est remarquable comme nous tombons aisément et insensiblement dans une routine, et comme nous nous traçons nous-même un sentier battu […]. J’ai appris ceci, au moins, de par mon expérience : si quelqu’un avance avec confiance dans la direction de ses rêves et essaie de vivre la vie qu’il avait imaginée, il trouvera des succès innatendus et des moments ordinaires. »

   Pour Thoreau, les ’’moments ordinaires’’ se confondirent avec la ronde des habitudes, finissant par susciter l’aspiration au changement. Le succès fut sans doute la conversion définitive à une philosophie de l’existence fondée sur la coïncidence absolue de la pensée et des actes. Avant Nietzsche, l’écrivain américain, pour qu’il existait, de son temps, « des professeurs de philosophie, mais de philosophie, point », affirmait que le seul penseur digne de ce nom est celui dont la vie illustre les théories. L’auteur de Walden, philosophe non salarié, tenait, selon Michel Onfray, préfacer del abiographie signée par Thierry Gillyboeuf, qu’en « la vie frugale et libre, l’éthique incarnée, la résistance civile, la solitude méthodique, le célibat volontaire, le stérilité choisie, le naturalisme quotidien » résidaient les plus hautes valeurs. Et c’est ainsi qu’il vécut, non en professeur de sagesse et de vertu, mais en disciple des cyniques grecs, des ascètes orientaux et des premiers habitants de l’Amérique, ces Indiens dépouillés de leur terres, puis exterminés au nom du progrès et de la civilisation par la démocratie américaine.

.

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Photo ci-dessus, maison familiale des Thoreau en 1860.

   Comme son nom le laisse supposer, Henry David Thoreau était né, en 1817, dans une famille d’origine Française ( !), des protestants du Poitou qui s’étaient exilés à Jersey avant que le grand-père de l’écrivain ne gagne l’Amérique à la fin du XVIII° siècle. Débarqués à Boston, il s’engagea sur un navire corsaire, participa à la guerre d’Indépendance, et mourut précocement de la tuberculose à 47 ans. De sa femme, Jane Burns, fille d’un émigrant écossais , il eut huit enfants, dont John, le père de Henry David, qui épousa Cinthia Dunbar, fille d’un pasteur de Salem. Peu doué pour les affaires, John Thoreau, après plusieurs mésaventures commerciales, finit par ouvrir une fabrique de crayons à Concord, gros bourg du Massachusetts, où ses enfants bénéficièrent d’une excellente éducation.

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Photo ci-dessus, plaque hommage à Henry David Thoreau, mais aussi pour son père avec sa célèbre fabrique de crayons, les meilleurs au monde à l’époque..

 A l’âge de 16 ans Henry David, second des fils Thoreau, fut admis à Harvard, la plus ancienne université des jeunes Etats-Unis d’Amérique, où il se fit remarquer par son naturel associal, son caractère frondeur, et son dédain pour l’enseignement académique. Il devait affirmer, plus tard, qu’il avait davantage appris dans le livre de la nature que sur les bancs de l’université. Orgueilleuse posture d’autodidacte ! En réalité, le jeune Thoreau y acquit une solide culture générale tandis qu’il y développait d’évidentes aptitudes intellectuelles. Mais déjà perçait en lui, à rebours de l’utilitarisme et du goût de la réussite matérielle typiquement américains, un penchant prononcé pour le loisir, un mépris affiché pour le culte du travail, de l’argent et pour les conventions sociales.

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Photo ci-dessus, d’un tableau de Christian Schussele, représentant l’écrivain

Washington Irving recevant dans sa propriété de Sunnyside près de New York

Les principaux auteurs Américains de son temps parmi lesquels,

Nathaniel Hawthorne, Ralph Waldo Emerson et Fennimore Cooper.

 

   De retour dans sa famille, Thoreau affirma son affranchissement en rompant avec l’Eglise, en refusant de voter, et en inversant l’ordre de ses prénoms.

Un Homme nouveau venait de naître, un homme libre, décidé à être l’auteur de ses propres actes, de penser sa propre pensée et de vivre sa propre vie.

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Photo ci-dessus, d’un tableau d’époque représentant la ville de Concord, vers

1889, alors gros village ou bourg..

 

Disciple du philosophe Emerson, il dépassa son maître..

 

Hasard ou prédestination, la petite ville de Concord se trouvait être l’aile d’un penseur en qui le jeune Thoreau découvrit bientôt des idées très proches des siennes. De quatorze ans plus âgé que Thoreau, Ralph Waldo Emerson avait achevé de brillantes études à Harvard avant d’entreprendre des études de théologies et d’être ordonné pasteur. La mort de sa jeune femme le plongea dans une crise profonde qui le détermina à abandonner son ministère et à partir pour l’Europe où il rencontra l’économiste Stuart Mill, les poètes Samuel Taylor Coleridge, William Wordsworth, et surtout le bouillonnant essayiste et historien écossais Thomas Carlyle, avec qui il allait entretenir une correspondance régulière durant une quarantaine d’années.

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Photo ci-dessus, portrait de Ralph Waldo Emerson.

A son retour, Emerson fonda avec trois anciens condisciples de Harvard, tous imprégnés d’une conception romantique de la religion – fondée non sur les dogmes mais sur le sentiment et la communion individuelle avec Dieu – un cercle intellectuel baptisé The Transcendantal Club, où s’élabora une originale philosophie morale et esthétique : le transcendantalisme. Si elle puisait sa source dans l’idéalisme Kantien, cette philosophie hétéroclite empruntait également à des penseurs aussi différents que Platon, Plotin, Confucius, Swedenborg ou Fourier. Dans l’excellent chapitre qu’il a consacré à Thoreau dans les radicalités existentielles, tome 6 de sa Contre-histoire de la philosophie, Michel Onfray définit le transcendantalisme en sept thèses : la croyance en un esprit universel, un dieu identique à l’énergie de la nature et à la force cosmique ; la célébration de l’intuition et de l’empathie comme moyen d’accès à la vérité ; la nécessité de se tenir à l’écart des foules, incapables de communier avec l’infini ; la conviction de tout ce qui favorise la confiance en soi et l’expansion de l’individu est conforme à la providence ; l’affirmation que la contemplation de la nature conduit à la vérité, et donne accès à Dieu ; enfin, qu’il n’y a rien à attendre de la politique et des gouvernements, que seuls comptent la réforme individuelle et la construction de soi.

 

   On peut comprendre que dans l’Amérique puritaine de la première moitié du XIX é siècle ce dévergondage philosophique ait suscité une certaine panique et que ses adeptes aient été stigmatisés comme de dangereux anarchistes ou des hurluberlus mûrs pour l’asile, jugement corroboré par les extravagances de quelques disciples. D’abord séduit par la secte et lecteur admiratif des écrits d’Emerson, Nature et l’intellectuel américain, Thoreau, tout en continuant de fréquenter Emerson et sa maisonnée – il fut le factotum du ’’ Maître ’’ et le sigisbée de sa seconde femme, quand le philosophe voyageait pour des tournées de conférences en Europe – ne tarda pas à prendre quelques distances. Alors qu’Emerson se contentait de prêcher sa doctrine dans son cabinet, Thoreau entendait, pour sa part, la vivre, loin des salons et des bibliothèques , sur le terrain, dans les bois, les prairies, et sur les fleuves.

 

Au sein de la Nature qui fut la seule épouse de ce célibataire autosuffisant – « La société des jeunes femmes est, de toutes celles que j’ai essayées celle dont j’ai tiré le moins de profit », tranchait-il, sans avoir, semble-t-il, connu bibliquement le sujet -, convaincu que femme et enfants ne sont que des obstacles dans l’accomplissement d’une vie authentiquement philosophique.

LES 6000 PAGES DE SON JOURNAL

NE PARURENT QU’APRES SA MORT..

 

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Photo ci-dessus, d’une plaque explicative situé juste peu avant la cabane reconstituée de Walden..

   Dès la fin des années 1830, sur la recommandation d’Emerson, notre Diogène américain avait commencé de tenir un Journal quotidien. Durant un quart de siècle, il noircit trente-neuf cahiers totalisant quelques six mille pages, qui ne furent publiées qu’à partir des années 1880, après sa mort. « Le poète, plaidait-il, n’est-il pas obligé d’écrire sa biographie ? Y a-t-il pour lui une autre œuvre qu’un bon Journal ? Nous ne tenons pas à savoir comment a vécu son héros imaginaire, mais comment, lui, le héros réel, a vécu au jour le jour ». Curieux Journal, où les confidences personnelles, à rebours des modèles du genre comme le Journal d’Amiel, sont quasi absentes, mais qui abonde en notations sur l’économie de la nature, le comportement des animaux, l’ethnologie indienne, la gamme des émotions éprouvées lors de ses promenades, mais aussi les réactions de l’auteur au spectacle des événements politiques de son temps.

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Photo ci-dessus d’une borne indicatrice, de l’enclos matérialisant l’emplacement exact de la cabane d’origine de Henry David Thoreau, sur place à Walden.

   Car Thoreau, loin d’être un ermite retranché dans sa tour d’ivoire, absorbé par la sculpture de son moi, s’engagea avec détermination dans les combats politiques qu’il jugeait nécessaire, notamment la lutte pour l’abolition de l’esclavage ( bien avant Martin Luther King..) et la défense de l’individu contre l’emprise de l’Etat. Au cours d’une existence que l’on pourrait juger monotone et confinée, ses engagements illustrent sa conception existentielle d’une philosophie vécue au quotidien. Avec l’expérience de la retraite dans les bois de Walden, l’épreuve de la prison et la participation à l’exfiltration  d’esclaves en fuite vers le Canada, ainsi que la défense du capitaine John Brown, militant abolitionniste condamné à la pendaison, furent les temps forts de sa vie.

 

La statue de l’écrivain devant la cabane reconstituée de Walden, et, en

dessous, la plaque commémorative indiquant l’emplacement exact de sa cabane originelle.

 

Thoreau n’entendait pas vivre en ermite, mais se mettre à distance du Monde.

 

Entre deux randonnées, où il récoltait des spécimens de la flore et de la faune, il y reçut nombre de visites.

 

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Photo ci-dessus, représentant la réplique de la cabane de Henry David Thoreau, et juste peu avant, la statue en bronze érigée en son honneur.

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Photo ci-dessus montrant, une partie, de l’enclos matérialisant l’emplacement exact de la cabane d’origine, avec cette plaque au sol, de Henry David Thoreau, sur place à Walden.

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Photo ci-dessus montrant cette plaque au sol de l’emplacement exact de la cabane d’époque de Henry David Thoreau.

 

 

Après-demain, la suite..promis..

 

 

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Commentaires
C
C'est quelqu'un dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici ! Sa maison, ou plutôt sa cabane, au milieu des bois était très sobre, mais il avait l'essentiel et même une cheminée pour se chauffer !<br /> <br /> Excellent week-end !<br /> <br /> Cathy
Répondre
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