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Ecologie vraie et réelle..
1 février 2019

Les Autels de « La Paix » et Autels de la Patrie..

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Les Autels de « La Paix » et Autels de la Patrie..

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Photo ci-dessus de ce dernier autel de La Paix, devenu autel de La Patrie, de Thionville en Moselle.

Après les arbres de La liberté érigés juste peu après la Révolution de 1789, et à partir de juin-juillet 1790..

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Photo ci-dessus d’une gravure représentant le peuple triomphant tournant autour de l’arbre de La Liberté, avec la Bastille en arrière-plan à droite.

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Photo ci-dessus, plantation de l’arbre de La Liberté devant l’hôtel de ville de Paris.

Les autels de la paix ont été érigés avec le sang des patriotes !..

Les autels de la paix et autels de la patrie..

Le dernier autel de « La Paix » encore existant..en France !..

L’Autel de la Patrie

(Thionville)

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Photo ci-dessus de l’autel de La Patrie et monuments aux morts de la ville de Thionville en Moselle.

L'autel de la Patrie de Thionville est un autel de la patrie situé sur la commune française de Thionville, dans le département de la Moselle. Il est classé aux monuments historiques depuis 1995.

Il s’agit d’une colonne en calcaire jaune de style néo-classique portant le symbole déiste et maçonnique d’un œil entouré de rayons symbolisant la connaissance et l’inscription : « Érigé à la mémoire de la Révolution et des conquêtes du peuple français, le 1er vendémiaire an V. »

Histoire

Voici comment le député Merlin de Thionville a rapporté l’inauguration de ce monument :

« Thionville, 3 pluviôse an 5.

Je n’attendrai pas, mon cher représentant, la réponse à ma dernière pour vous donner des nouvelles de la commune où vous avez reçu le jour. Le 30 du mois dernier nous avons célébré la fête de la paix d’une manière aussi distinguée que républicaine. Malgré mon peu de mémoire, je vais essayer de vous donner quelques détails.

Le citoyen Mangin, architecte et adjoint du génie, avait ordonné la fête. Elle fut annoncée la veille par le bruit du canon et le son des cloches, qui se firent encore entendre le lendemain matin. Dès les dix ou onze heures les troupes se mirent sous les armes ; l’on avait nettoyé les rues, et l’on avait dressé sur la place du marché un autel à la patrie.

À midi, on sortit de la maison commune d’une manière processionnelle pour se rendre d’abord à l’autel, en passant par votre rue. La marche commençait par la gendarmerie et une pyramide chargée d’inscriptions analogues à la circonstance. Derrière la pyramide marchait un groupe des anciens défenseurs, honorés de blessures reçues en défendant la patrie. Venaient ensuite vingt-quatre nymphes vêtues de blanc qui chantaient les hymnes patriotiques chéris des Français. Elles précédaient un char à l’antique, blanc, mais orné des trois couleurs, traîné par trois chevaux caparaçonnés de même, lequel portait deux déesses, l’une de la paix, je ne me rappelle pas la dénomination de l’autre.

Après ce char marchait l’état-major, suivi d’un piquet de dragons à cheval, ensuite la municipalité et autres employés des administrations. À quelque distance, un piquet de dragons à pied et une brigade à cheval terminaient la marche. Vous concevez que ce cortège était encadré dans deux files d’hommes sous les armes.

Parvenue à l’autel, la municipalité monta sur l’amphithéâtre avec les chefs militaires et les deux déesses. Bientôt après, l’on vit monter trois sages-femmes portant chacune une enfant femelle dont une fille était accouchée la nuit précédente et que l’on dit issues d’un dragon. Les parrains et marraines montèrent pour nommer ces enfants ; après quoi le président Dinot fit deux discours ou un discours en deux points, dont je ne puis parler, parce que je ne l’ai point entendu. Des gens plus voisins que moi prétendent que c’est la faute du lecteur. Le discours fini, ainsi que les cris mille fois répétés, ou même pendant ces cris, l’une des déesses couronna les chefs militaires et l’autre leur donna des branches de laurier.1 »

En 1948, les deux médailles et la citation de la légion d'honneur (1920) et la croix de guerre (1948), « Thionville a bien mérité de la patrie » ont été rajoutées au monument classé aux monuments historiques depuis 19952.

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Cette colonne et autel de La Paix a été érigé avec des pierres taillées dans l’une des dernières carrières existante, en parlant de la pierre de « Jaumont », si caractéristique par sa couleur blonde prononcée.

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( cette pierre de Jaumont, également appelée « Oolithe de Jaumont »..)

Carrières de Jaumont : 3. Description

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La carrière est ouverte dans l'"Oolithe de Jaumont" ou "Pierre de Jaumont". Du fait de sa couleur jaune ocre à ocre beige, elle est encore nommée "Pierre de Soleil". C'est aussi de cette couleur que vient le nom Jaumont, à l'origine "Mont Jaune".

Pétrographie.

Il s'agit d'un calcaire oolithique à grain moyen (en réalité formé de pseudo-oolithes), déposé en mer peu profonde au début du Bajocien supérieur. Il contient aussi des bioclastes nombreux.
La couleur jaune qui lui donne sa spécificité est due à la présence d'oxydes de fer.
La Pierre de Jaumont est l'équivalent latéral dans le nord de la Lorraine du "Bâlin" (= "Oolithe Miliaire inférieure"), un calcaire oolithique de la région de Nancy-Pont-à-Mousson (fig.3).

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Fig.3 : Position de l'Oolithe de Jaumont dans la série stratigraphique régionale (illustration © BRGM)

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Les dernières carrières sont celles de Roncourt et Malancourt.

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Cet autel de la Paix, détruit, a été reconstruit en 1948, pour devenir, l’autel de la Patrie, puis, un monument aux morts

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L’autel de la Patrie de Thionville est un symbole d’intérêt national construit durant la Révolution. Il s’agit du dernier monument de ce type qui existe encore en France, alors que chaque ville en comptait au moins un. A ses pieds se déroulaient des cérémonies civiles ou la célébration des nouveaux cultes révolutionnaires.

Il porte l’inscription “Erigé à la mémoire de la Révolution et des conquêtes du peuple français,  le 1er vendémiaire an V”, soit le 22 septembre 1796, anniversaire de la fondation de la République. Il s’agit d’un obélisque d’un style néo-classique très dépouillé, décoré sur l'une de ses faces d’un magnifique œil rayonnant, symbole de la connaissance intellectuelle et de l'influence des Lumières sur la Révolution.

Installé à son emplacement actuel le 3 juillet 1948, en présence du Président de la République Vincent Auriol, l’autel de la Patrie de Thionville a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire à l'occasion de la commémoration du bicentenaire de la Révolution française puis classé monument historique le 15 septembre 1995.

Voir le lien « pdf » ci-dessous pour une approche un peu plus détaillée et précise sur ce monument :

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43856/CL_1989_2-3-4_373.pdf?sequence=1

L'AUTEL DE LA PATRIE DE THIONVILLE

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     Dès le début de la Révolution, des autels de la Patrie furent élevés en divers endroits par les citoyens : sur les places, dans les municipalités, dans les sociétés populaires ... Le plus célèbre reste celui qui fut dressé au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790 à l'occasion de la fête de la Fédération (anniversaire de la prise de la Bastille). Sur cet autel gigantesque, Talleyrand célébra une messe et La Fayette prononça le serment à la Constitution. Il était orné d'attributs de l'Abondance, du Travail, de l'Agriculture, de la Liberté et portait des inscriptions sur la Loi, l'Égalité, la Nation ... Des autels furent construits dans les départements à l'occasion: de cette fête. Dans l'enthousiasme, des mères venaient y présenter leurs enfants pour les vouer à la France et à la Révolution.

     Ces monuments se multiplièrent et l'Assemblée Législative décida d'en réglementer la construction et l'utilisation. Le 19 juin 1792, le député Goyer, ou Gohier, déclara en séance publique :

             « Mais sans construire à grands frais des maisons communes, on peut offrir aux citoyens un centre commun de réunion bien autrement digne d'attacher leurs regards. Il n 'est point de bourg, il n 'est point de village qui n 'ait une place publique quelconque en sa disposition. Eh bien ! que dans toutes les communes de l'empire un monument simple, mais respectable pour tous les amis de la liberté, plus grand par l'objet qu'il offrira à nos regards, que par Je luxe de son architecture; qu'un autel formé d'une pierre sur laquelle sera gravée la déclaration des droits de l'homme soit élevé à la patrie; que devant cet autel, à jamais l'objet de notre vénération, de notre culte civique, se fassent toutes les publications, tous les actes qui intéressent l'état civil et politique des citoyens; que la loi elle-même y soit lue, y soit notifiée au peuple, et puissent les législateurs n 'oublier jamais que la promulgation s'en fera en présence de la déclaration des droits. Que devant cet autel le citoyen soit traduit à chaque époque intéressante de sa vie. Qu'en naissant, ce soit en quelque sorte son premier berceau, qu'il ne puisse faire un pas dans la carrière civile et politique, sans embrasser ce monument, tout à la fois si respectable et si cher. Ou 'aux pieds de cet autel il soit, à dix-huit ans, armé pour Je maintien de la liberté, admis garde national; qu'à vingt-un ans il y reçoive l'honneur de l'inscription civique; que, parvenu à l'âge viril, il y contracte Je doux lien qui doit l'unir encore plus étroitement à la société; qu'il y obtienne Je doux nom d'époux et l'espoir d'acquérir celui de père. Qu'à sa mort même il y soit rapporté et lui rende un dernier hommage; que tout rappelle au citoyen qu'il naît pour sa patrie, qu'il doit vivre, qu'il doit mourir pour elle ... Je demande qu'il soit élevé dans chaque commune un autel de la patrie sur lequel seraient inscrits la déclaration des droits et 373 cette épigraphe :

                                   « Le citoyen naît et meurt à la patrie. ».

   Je demande que tout nouveau-né soit présenté devant cet autel à J'officier public, et que là soit reçu J'acte obligatoire de sa naissance. Plusieurs membres déclarèrent que l'exécution de ce projet était impossible, mais qu'il devait y avoir un autel de la patrie dans chaque commune, les déclarations d'État-Civil devant être provisoirement reçues dans la salle des séances de la municipalité. »(1)

  Le décret du 6 juillet 1792 prescrivit la construction d'un tel monument. Ce serait là :

     « que l'on apporterait les enfants pour les vouer à la France et à la Révolution, que les jeunes époux viendraient s'unir, que J'on inscrirait les naissances, les mariages et les décès, que l'on se rassemblerait pour célébrer les triomphes de nos armées ou les grands anniversaires de la Révolution, etc. ».

   A partir du texte de ce décret et du compte rendu de séance, nous pouvons dire que l'édification des autels de la patrie avait une double signification. Ces monuments, au même titre que les montagnes et les arbres de la liberté, devinrent les emblèmes d'un culte nouveau, né de la déchristianisation, et des stations lors des processions. Les participants s'y arrêtaient non pas pour prier mais pour célébrer la gloire des armées et de la République. L'église se vit supplantée dans son rôle de centre de la cité où se célébraient naissances, mariages, décès et où l'on se réunissait pour les fêtes religieuses. L'autel de la patrie devient le lieu des grands actes de la vie privée (comme le passage devant l'officier d'État-Civil) et celui des fêtes publiques dédiées à la Raison, la Liberté, la Loi, etc.

   Mais, comme leur nom l'indique, c'est surtout comme symboles patriotiques que ces monuments ont été érigés. C'est au moment où la patrie est déclarée en danger que l'on officialise leur construction dans chaque village. Ils étaient destinés, en premier lieu, à concentrer la ferveur patriotique (l'inscription le citoyen naît et meurt à la patrie et le fait que s'y déroulaient toutes les célébrations des victoires militaires et des grands faits révolutionnaires en témoignent) mais aussi pour narguer l'ennemi, pour lui montrer, en quelque sorte, que dans chaque ville les citoyens étaient prêts à se battre. En présentant leurs enfants sur ces autels, ils inscrivaient leurs idéaux dans la durée puisque ces enfants, ainsi consacrés, allaient leur succéder pour défendre la Patrie face à l'ennemi : l'autel est « le premier berceau » puis à ses pieds, le jeune homme y est à dix-huit ans « armé pour le maintien de la liberté, admis garde national ».

1)      Gazette Nationale ou le Moniteur Universel, no 173 , 21 juin 1792, p. 708 ; no 179, 27 juin 1792, p. 764.

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L'autel de la Patrie de Thionville durant la Révolution

  Les renseignements concernant les premiers autels de la patrie élevés à Thionville sont rares. La première mention de la présence d'un autel apparaît dans une délibération municipale du 14 juillet 1790(2). A l'occasion de la fête de la Fédération une cérémonie du même type que celle du Champ-de-Mars se déroula dans le fort (partie fortifiée située entre la Moselle et le canal à écluses). Un prêtre célébra une messe sur l'autel, le corps municipal et les gardes nationaux prêtèrent le serment civique ... Il s'agissait certainement, comme dans d'autres villes, d'un autel horizontal construit provisoirement sur le modèle des autels catholiques.

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L'autel de la Patrie de Thionville, place Claude Arnoult. (Cliché Évelyne Reinert).

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(photo ci-dessus..actuelle..) 

2) Archives municipales de Thionville, 1 D 1 délibération du 14 juillet 1790.

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  Durant l'an II, cinq fêtes furent célébrées à Thionville (en l'honneur de la reprise de Toulon, de l'Être suprême, commémorations de la prise de la Bastille et des Tuileries, fête de la Raison) mais il n'est question d'un autel que le 3 juin 1794, lors de la fête de l'Être suprême, où l'on dit des prières. Nous pouvons fortement supposer qu'il s'agissait du maître-autel de l'église paroissiale puisque la cérémonie se déroula dans le temple de la Raison, en l'occurrence ladite église qui avait changé de vocation.

   Il semble donc qu'il n'y ait pas eu d'autel de la patrie construit en 1793 comme le mentionnent plusieurs historiens locaux sans citer leurs sources. Cette hypothèse est confirmée par le registre des délibérations de la société populaire car nous pouvons y lire la mention suivante le 29 floréal an II (18 mai 1794) : « La Fontaine dit que par un décret il est voulu qu'il soit érigé dans chaque commune un autel à la patrie. La Société arrête que la municipalité sera invitée à mettre ce décret à exécution »

   La municipalité suivit certainement les recommandations des jacobins car le 26 messidor an IV (14 juillet 1796) une délibération fait état de la décision de construire un autel de la patrie en pierre , en remplacement de celui qui existait et qui était en bois. Le montage et le démontage de ce dernier à chaque fête occasionnaient des frais de main-d'œuvre considérables ainsi que l'usure du bois qui, de plus, pourrissait. La ville fournissant des pierres de démolition, une subvention fut demandée au département pour financer la chaux, le sable, la taille des pierres et la main-d'œuvre . L'accord de l'administration départementale fut enregistré le 6 thermidor an IV (24 juillet 1796). Le corps municipal décida de confier ces travaux à un « maître principal ouvrier en manœuvrerie » en traitant avec lui de gré à gré. Il s'agit de Mathias Robert, entrepreneur de bâtiments, car le 13 brumaire an V (3 novembre 1796), il réclama une indemnité en sus du montant de son marché. Après étude par deux experts, on lui accorda le 14 frimaire an V (4 décembre 1796) un mandat complémentaire(s).

   La date qui figure sur ce monument indique qu'il fut achevé le 1er vendémiaire an V (22 septembre 1796) bien qu'aucune délibération municipale ne fasse état d'une inauguration officielle. Cette date correspond à la anniversaire de la fondation de la République (1er vendé­ miaire an I).

3) A.M.T. 1 D 2 dé!. du 5 janvier 1794; 1 D 3 dél.des 3 juin et 13 juillet 1794. Registre de délibérations de la société populaire, dél.des 20 décembre 1793 et 10 août 1794.

 4) A.M.T. Registre de délibérations de la société populaire, dél. du 18 mai 1794. La Fontaine (Jean-Frédéric), huissier au bailliage de Thionville, devint procureur syndic du district en 1793. Accusé de prévarication et de trafic sur les biens nationaux, il connut quelques problèmes. Principal agitateur robespierriste local, il fut toutefois exclu du club des jacobins pour en avoir volé le cachet et falsifié des documents. Il fut maire de Thionville du 27 avril 1799 au 18 avril 1800.

5) A.M.T. 1 D 4, dé!. des 14 et 24 juillet, 3 novembre et 4 décembre 1796.

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Si de nombreuses fêtes révolutionnaires furent célébrées à Thionville dans le but de réactiver l'esprit républicain après fructidor, commémoration de la prise de la Bastille (14 juillet 1799) , de l'exécution du roi (21 janvier 1798 et 1799), fêtes de la Liberté ou de l'exécution de l'Incorruptible (27-28 juillet 1799) , de l'agriculture , de la vieillesse ... , c'est la relation de la cérémonie organisée en l'honneur de la paix de Campo-Formio qui situe le mieux l'importance de l'autel de la patrie (30 nivôse an VI, 19 janvier 1798)(6) .

            « Arrivé sur la place, le cortège s'est formé sur douze rangs en face d'un temple à quatre faces, dédié à la paix, placé à côté de J'arbre de la liberté. Les membres des autorités civiles et militaires, la Victoire et la Paix s’y placèrent ainsi que les vingt-quatre citoyennes qui chantaient des hymnes patriotiques, accompagnées de la musique. Le silence s'étant observé, le président de l'administration municipale après avoir donné lecture du traité de paix, a prononcé avec véhémence et enthousiasme, un discours analogue dans lequel il a été rappelé le courage et la constance de nos intrépides armées. Il a aussi développé avec énergie leur empressement à exécuter la descente en Angleterre, pour y altérer le dernier et le plus cruel des tyrans coalisés. Les cris de « Vive la République », mille fois répétés, ont terminé ce discours. Les jeunes citoyennes ont aussitôt chanté l'ode à la paix.

   Dans cette station, trois enfants de sexe féminin, nés le même jour d'une même couche, furent présentés sur l'autel de la Patrie où l'officier public procéda à leur enregistrement, ils reçurent du Président de la Commune, du Général et du Commandant du 7e régiment de dragons leurs noms et Je baiser de paix. Cette céré­monie  fixa des regards de tendresse sur ces trois infortunées(?).

    Les deux citoyennes représentant la Paix et la Victoire descendirent du temple et remontèrent sur le char qui se porta à la tête de la colonne, toujours au bruit du canon et de la musique guerrière ... ».

   Ce monument représentait la principale halte du cortège officiel. Autour de lui on chantait, on prononçait des discours et symboliquement on présentait des enfants pour un baptême républicain; c'est au pied de l'autel de la patrie que se catalysait la ferveur patriotique.

    La description détaillée de cette cérémonie permet de situer avec exactitude l'endroit où se dressait cet obélisque. En effet, le cortège arriva sur la place par la rue du Champ-de-Mars (actuelle rue de Luxembourg) avant de repartir vers le fort, c'est-à-dire avant de franchir le pont couvert. La place en question ne pouvait logiquement être que la

6) A.M. T. 1 D 7, dél. du 14 juillet 1799; 1 D 6, dé!. des 21 juin 1798 et 21 janvier 1799; 1 D 7, dél. des 28 juin, 27 et 28 juillet, 27 août 1799 ; 1 D 6, dél. du 19 janvier 1798. 7) Il s'agissait de Marie-Catherine, Marie et Élisabeth, filles de Barbe Kiffer nées ce même jour,

A.M.T. E 13 p. 95.

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place de la Révolution, qui s'appela un temps place de la Montagne et qui est actuellement dénommée place du Marché. Dans une correspondance adressée à Merlin de Thionville, Kleffert, quant à lui, confirme que cette fête se déroula à cet endroit qu'il continue à appeler « place du Marché »

    Les autels de la patrie disparurent pratiquement tous sous le Consulat. La plupart étaient construits en bois, comme le troisième connu qui fut dressé à Thionville, ce qui explique que leur démolition fut aisée. L'autel de Thionville fut transféré au cimetière Saint-François, probablement vers 1810. On l'oublia au milieu des autres monuments religieux et ce d'autant plus facilement que, d'après un croquis du début du siècle, on plaça une croix à son sommet.

     Après la seconde guerre mondiale, dans un souci patriotique, le conseil municipal décida de l'installer au milieu de la place Claude Arnoult, pour rappeler le souvenir des enfants de la ville tombés sur les champs de bataille ou victimes des guerres. C'est le 3 juillet 1948 que l'inauguration du monument fut célébrée, en présence du Président de la République Vincent Auriol. Depuis cette date, toutes les cérémonies patriotiques s'y déroulent.

Approche architecturale du monument

    Durant la Révolution, de nombreux monuments furent construits mais bien souvent le temps d'une fête, en matériaux légers. La Révolution n'a laissé que peu de témoignages architecturaux durables. Il s'agit d'arcs de triomphe, de temples ... dont la conception et le style rappellent souvent l'Antiquité. D'autres monuments plus élevés furent construits ou surtout projetés : colonnes, obélisques surtout. Monuments quadrangulaires bâtis sur un piédestal et d'inspiration égyptienne, ils étaient destinés à éterniser le souvenir d'événements mémorables et tous ont la particularité de porter des inscriptions, comme c'est le cas pour celui de Thionville.

     De style néo-classique, il est construit en calcaire jaune. Les deux médailles et la citation (légion d'honneur - 1920 - et croix de guerre - 1948 -, Thionville a bien mérité de la patrie) ont été rajoutées en 1948. Il reste l'inscription d'origine : Érigé à la mémoire de la Révolution et des conquêtes du peuple français, le 1er vendémiaire an V. Ce texte diffère de ceux traditionnellement portés sur ce type de monument comme le citoyen naît et meurt à la patrie. Sa formulation est moins agressive. C'est plus un monument commémoratif, puisque le mot « mémoire » est utilisé et cela s'explique par sa date de rédaction : en 1797, la ferveur révolutionnaire s'est quelque peu atténuée ...

8) REYNAUD (Jean), Vie et correspondance de Merlin de Thionville, Paris, 1860, 342 p. P. 319-320.

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L'autel de la patrie de Thionville, inscription d'origine. (Cliché Sylvain Chimello).

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(les trois photos ci-dessus..sont actuelles..) 

    Le symbole le plus intéressant de cet autel est sans aucun doute l'œil entouré de rayons, symbole à la fois chrétien et maçonnique. Étant donné la date de construction du monument, il paraît évident qu'il n'a pas de signification religieuse. L'ambivalence de cet emblème explique certainement que cet obélisque ne fut pas détruit, ni cette sculpture effacée, et qu'il fut même, par la suite, utilisé comme monument religieux au cimetière de Saint-François.

     Il existait à la veille de la Révolution 19 loges maçonniques en Moselle, dont 2 à Thionville : celles de la Double-Union et de la Fidélité. L'influence des francs-maçons durant la Révolution, à Thionville, est indéniable. Jacques Roll y, par exemple, ancien vénérable de la loge de la Fidélité, devint maire de Thionville en 1792. Barthélémy Dinot, ancien vénérable de la loge de la Double-Union, devint président de la Société

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L'autel de la patrie de Thionville : l'œil rayonnant. (Cliché A.M. Thionville).

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(photo ci-dessus..actuelle..) 

   Populaire en 1792 et maire en 1797-1798. Le frère Nicolas Schweitzer fut agent national auprès du district de Thionville en 1794, puis maire en 1795-1796 ; le marchand Loriot, autre frère, fut conseiller municipal en 1792(9) •••

    Le style de la sculpture se retrouve d'ailleurs sur des documents d'archives des deux loges thionvilloises et cet œil rayonnant orne quant à lui de nombreuses vignettes de l'époque révolutionnaire. En général, l'œil symbolise la perception intellectuelle, la connaissance, ou la conscience chez les chrétiens. Il s'inscrit souvent dans un triangle. L'ensemble, appelé « delta lumineux » par les francs-maçons, symbolise : le soleil d'où émanent la vie et la lumière (plan physique) ; le verbe, le logos ou le principe créateur (plan astral) ; le grand architecte de l'univers (plan spirituel). L'œil est très étroitement lié au soleil dont les rayons symbolisent la connaissance intellectuelle. Il peut aussi symboliser tout simplement la lumière, l'illumination. Nous pourrions y voir aussi une repré­sentation de l'influence des philosophes du XVIIIe siècle, ceux que l'on a appelés les « Lumières ». On retrouve pareil delta lumineux au-dessus du portail de l'église de Bleurville.

9) CHIMELLO (Sylvain), Thionville de l'annexion par la France à la Révolution (1659-1 789) : démographie et société, Thèse III è cycle, Besançon, 1986, 301-320 p. P. 300.

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Vignettes relevées sur documents maçonniques thionvillois.

(Cliché A.M. Thionville).

 

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Vignette du département de la Moselle.

(Coll. Dominique Laglasse).

    Afin de comparer cet autel de la patrie avec d'autres monuments du même type, colonne ou obélisque, nous avons consulté la récente recension de Jean-Jacques Levêque(10). La plupart d’entre eux sont des monuments commémoratifs postérieurs à la Révolution comme la colonne surmontée d’une déesse à Lille (élevée en 1845 en souvenir du siège de 1792), ou l’impressionnant obélisque de Villebois (élevé à la gloire des volontaires de 1791-1792 lors du centenaire de la Révolution)…

(10) Guide de la Révolution française : les lieux, les monuments, les musées, les hommes, Paris, 1986,277p.

    Le monument le plus proche est la fontaine Desaix, dite de la Pyramide, construite par la ville de Clermont-Ferrand à la mémoire du général Desaix(11) Malgré une certaine similitude entre les parties hautes de cet obélisque et de celui de Thionville, étant donné que ce monument fut dédié à un personnage et dressé par le Consulat, on peut considérer que l'autel de la patrie de Thionville est sans doute le seul de France .

 

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La fontaine Desaix à Clermont-Ferrand. (Cliché Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France)

    A l'occasion du bicentenaire de la Révolution française, en raison de sa vocation et en tant que témoignage architectural d'une période peu riche en réalisations, le dossier de classement de ce véritable symbole patriotique devrait aboutir.

Sylvain CHIMELLO

11) Louis Charles Antoine Desaix général, Catalogue d'Exposition de la Conservation des Musées d'Art de la Ville de Clermont-Ferrand, 1983.

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Autel de la patrie de Fontvieille

C'est une pierre cubique de 80 centimètres de côté, présentant sur le dessus une excavation carrée, peu profonde, sans inscription ni style1,2.

Il est l'un des rares exemplaires encore visible, avec celui de Thionville, également protégé au titres des monuments historiques3.

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Historique

L'autel de la patrie est un symbole du civisme et de la nation lors de la Révolution française, édifié par les Fontvieillois, le 8 juin 17941. Il est le lieu de fêtes et de cérémonies civiques, parfois en lien avec des cultes nouveaux ou de la religion chrétienne et traditionnelle4. Basculé de sa position initial; en contrebas de la colline, durant quelques années, il ne fut remis en place qu'en 19352. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques le 2 mai 19375.

L'Autel de la patrie de Fontvieille est un autel de la patrie situé à Fontvieille, dans les Bouches-du-Rhône.

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L'autel est situé sur la commune de Fontvieille, dans le département français des Bouches-du-Rhône. Il est situé sur la colline, non loin du moulin de Daudet2.

 

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La ville de Stavelot met à l’honneur ses fusillés il y a cent ans de cela..au pied de l’arbre de la Liberté.

PAR LOÏC MANGUETTE

 | VERVIERS ET SA REGION 8/05/2017

Ce lundi se tenait à Stavelot une cérémonie mettant à l’honneur André Grégoire, Constant Grandprez et Élise Grandprez, trois résistants fusillés voici 100 ans pour espionnage, le 8 mai 1917. À cette occasion, une stèle commémorative a été inaugurée à côté de l’arbre de la Liberté.

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Photo ci-dessus, en 2017, la ville de Stavelot met à l’honneur ses martyrs fusillés il y a 100 ans, au pied de l’arbre de La Liberté.

FRAIZE 11-Novembre à Fraize : cérémonie au pied de « l’arbre de la Liberté »
Le 11 novembre 2018.

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Photo ci-dessus, célébration de la commémoration du 11 novembre à Fraize, du côté de Saint-Dié dans les Vosges.

L’Autel de la Patrie

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Photo ci-dessus, Autel de la Patrie, gravure anonyme, bibliothèque de Reims.

L’autel de la patrie est un symbole du civisme et de la nation lors de la Révolution française. Ils sont le lieu de fêtes et de cérémonies civiques, parfois en lien avec des cultes nouveaux1.

Le premier autel fut construit par le scientifique et journaliste Antoine-Alexis Cadet de Vaux. Construits en pierre ou en bois, l'architecture de ces autels pouvaient être d'inspiration antique, maçonnique ou religieuse. Une loi du 26 juin 1792 demande à chaque commune d'en édifier un sur lequel doit être gravé la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et l'inscription « le citoyen naît, vit et meurt pour la patrie ». Parfois également appelés autels de la liberté, ils sont souvent dressés à côté des arbres de la liberté. Comme ces derniers, ils sont détruits sous le Premier Empire1. Il en reste très peu conservés, une ruine à Fontvieille2 et en bon état à Thionville3,4.

Un autel de la patrie en chêne est conservé et exposé au Musée des beaux-arts d'Angers. Sculpté par Pierre Louis David en 1798, l'autel est en forme de colonne antique tronquée et ornée de guirlandes de fleurs, de feuilles de chêne et de glands maintenues par des rubans noués.

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Photo ci-dessus de l’Autel de la Patrie, en chêne, de Pierre Louis David, conservé au musée des beaux arts à Angers.

Napoléon 1er les fit démolir..

Discours prononcé dans l’autre monde pour la réception de Napoléon Bonaparte

Le 5 mai 1821

Louis-Marcelin de FONTANES

DISCOURS

M. DE FONTANES, appelé à répéter devant les habitants de l’autre monde ce qu’il avait dit autrefois de NAPOLÉON BONAPARTE, est venu à sa rencontre le 5 mai 1821 et, le Moniteur à la main, a prononcé le discours qui suit :

MESSIEURS,

MA voix est trop faible sans doute pour se faire entendre au milieu d’une solennité si imposante et si nouvelle pour moi. Mais du moins cette voix est pure ; et comme elle n’a jamais flatté aucune espèce de tyrannie, elle ne s’est pas rendue indigne de célébrer un moment l’héroïsme et la vertu[1].

Il est des hommes prodigieux qui apparaissent d’intervalle en intervalle sur la scène du monde avec le caractère de la grandeur et de la domination. Une cause inconnue et supérieure les envoie, quand il en est temps, pour fonder le berceau ou pour réparer les ruines des Empires. C’est en vain que ces hommes désignés d’avance se tiennent à l’écart ou se confondent dans la foule : la main de la fortune les soulève tout à coup, et les porte rapidement d’obstacle en obstacle et de triomphe en triomphe jusqu’au sommet de la puissance. Une sorte d’inspiration surnaturelle anime toutes leurs pensées : un mouvement irrésistible est donné à toutes leurs entreprises. La multitude les cherche encore au milieu d’elle, et ne les trouve plus ; elle lève les yeux en haut, et voit, dans une sphère éclatante de lumière et de gloire, celui qui ne semblait qu’un téméraire aux yeux de l’ignorance et de l’envie[2].

Il faut ordinairement qu’à la suite des grandes crises politiques survienne un personnage extraordinaire qui, par le seul ascendant de sa gloire, comprime l’audace de tous les partis, et j’amène l’ordre au sein de la confusion. Il faut, si j’ose le dire, qu’il ressemble à ce dieu de la fable, à ce souverain des vents et des mers, qui, lorsqu’il élevait son front sur les flots, tenait en silence toutes les tempêtes soulevées[3].

Du fond de l’Égypte un homme revient seul avec sa fortune et son génie. Il débarque, et tout est changé. Dès que son nom est à la tête des conseils et des armées, cette monarchie couverte de ses ruines en sort plus glorieuse et plus redoutable que jamais ; et voilà comme la vie d’un seul homme est le salut de tous[4] !

La première place était vacante, le plus digne a dû la remplir ; en y montant il n’a détrôné que l’anarchie[5].

O Washington !... celui qui jeune encore te surpassa dans les batailles fermera comme toi de ses mains triomphantes les blessures de la patrie…

Déjà les opprimés oublient leurs maux en se confiant à l’avenir, et les acclamations de tous les siècles accompagnent le héros qui donne ce bienfait à la France et au monde qu’elle ébranle depuis long-temps[6].

Tel est le privilège des grands caractères ; ils semblent si peu appartenir aux âges modernes, qu’ils impriment, dès leur vivant même, je ne sais quoi d’auguste et d’antique à tout ce qu’ils osent exécuter[7].

Un tel caractère est digne des plus beaux jours de l’antiquité. On doute, en rassemblant les traits qui le composent, qu’il ait paru dans notre siècle[8] ([9]).

L’homme devant qui l’univers se tait, est aussi l’homme en qui l’univers se confie. Il est à la fois la terreur et l’espérance des peuples ; il n’est pas venu pour détruire, mais pour réparer.

Au milieu de tant d’Etats où la vigueur manquait à tous les conseils et la prévoyance à tous les desseins, il a montré tout à coup ce que peut un grand caractère ; il a rendu à l’histoire moderne l’intérêt de l’histoire ancienne, et ces spectacles extraordinaires que notre faiblesse ne pouvait plus concevoir. Dès que les sages le virent paraître sur la scène du Monde, ils reconnurent en lui tous les signes de la domination, et prévirent que son nom marquerait une nouvelle époque de la société. Ils se gardèrent bien D’ATTRIBUER À LA SEULE FORTUNE cette élévation préparée partant de victoires, et soutenue par une si haute politique. La fortune est d’ordinaire plus capricieuse ; elle n’obéit si long-temps qu’aux génies supérieurs. Qui ne reconnaît l’ascendant de celui qui nous gouverne ? Puissent les exemples qu’il donne à l’Europe n’être pas perdus, et que tout ce qu’il y a de gouvernements éclairés sur leurs véritables intérêts se réunisse autour du sien, comme autour du centre nécessaire à l’équilibre et au repos général[10] !

PACIFICATEUR DU MONDE, un Empire immense repose sous l’abri de votre puissante administration. La sage uniformité de vos mesures, (ici l’orateur se reprend) la sage uniformité de vos lois[11] en va réunir de plus en plus tous les habitants.

Le Corps Législatif a voulu consacrer cette époque mémorable ; il a décrété que votre statue, placée au milieu de la salle de ses délibérations, lui rappellerait éternellement vos bienfaits, les devoirs et les espérances du peuple français. Le double droit de conquérant et de législateur a toujours fait taire tous les autres ; vous l’avez vu confirmé dans votre personne par le suffrage national[12].

Dans cette enceinte si quelques avis différent, toutes les intentions se ressemblent. J’ose ajouter que cette différence d’opinions, sagement manifestée, est quelquefois le plus bel hommage que l’on puisse rendre au pouvoir monarchique. Elle prouve que la LIBERTÉ, loin de se cacher devantvous, se montre avec confiance et qu’elle a cessé d’être dangereuse[13].

Des esclaves tremblants, des nations enchaînées ne s’humilient point aux pieds de cette statue, mais une nation généreuse y voit avec plaisir les traits de son libérateur. Périssent les monuments élevés par l’orgueil et la flatterie ! mais que la reconnaissance honore toujours ceux qui sont le prix de l’héroïsme et des bienfaits[14].

Victorieux dans trois parties du monde, pacificateur de l’Europe, législateur de la France, des trônes donnés, des provinces ajoutées à l’Empire, est-ce assez de tant de gloire pour mériter à la fois, et ce titre auguste d’Empereur des Français, et ce monument érigé dans le temple des lois. (Ici l’orateur emprunte les paroles de M. Vaublanc.)[15].

Les trophées guerriers, les arcs de triomphe, en conservant des souvenirs glorieux, rappellent les malheurs des peuples vaincus ; mais dans cette solennité d’un genre nouveau tout est consolant, tout est paisible, tout est digne du lieu qui nous rassemble. L’image du vainqueur de l’Egypte et de l’Italie est sous nos regards, mais elle ne parait point environnée des attributs de la force et de la victoire. Malheur à celui qui voudrait affaiblir l’admiration et la reconnaissance que méritent les vertus militaires ! loin de moi une telle pensée ! Pourrais-je la concevoir devant cette statue ?

Mais le législateur est venu, ET NOUS N’AVONS RESPIRÉ QUE SOUS SON EMPIRE.

Que d’autres vantent ses hauts faits d’armes, que toutes les voix de la renommée se fatiguent à dénombrer ses conquêtes ! je ne veux célébrer aujourd’hui que les travaux de sa sagesse. Son plus beau triomphe dans la postérité sera d’avoir défendu, contre toutes les révoltes de l’esprit humain, le système social prêt à se dissoudre. (L’orateur est interrompu par les applaudissements de l’assemblée)[16].

Mais sitôt que votre main a relevé les signaux de la patrie, tous les bons Français les ont reconnus et suivis ; tous ont passé du côté de votre gloire. Ceux qui conspirèrent au sein d’une terre ennemie, renoncèrent irrévocablement à la terre natale ; et que pouvaient-ils opposer à votre ascendant ? Vous aviez des armées invincibles ; ils n’eurent que des libelles et des assassins, et tandis que toutes les voix de la religion s’élevèrent en votre faveur au pied de ces autels que vous avez relevés, ils vous ont fait outrager par quelques organes obscurs de la révolte et de la superstition. L’impuissance de leurs complots est prouvée. Ils rendent tous les jours la destinée plus rigoureuse en luttant contre ses décrets. Qu’ils cédent enfin à ce mouvement irrésistible qui emporte l’univers, et qu’ils méditent en silence sur les causes de la ruine et de l’élévation des Empires[17] ([18]).

Comment le peuple français n’aurait-il pas mis à sa tête une famille où se réunissent à la fois l’art de vaincre et l’art de gouverner, le talent des négociations et celui de l’éloquence, l’éclat de l’héroïsme, les grâces de l’esprit et le charme de la bonté ?

Telle, sur un moindre théâtre, parut autrefois cette race de grands hommes qui eut l’honneur de donner son nom au troisième siècle des arts, et qui, produisant tout à coup d’illustres amis des lettres, d’habiles politiques, de grands capitaines, prit une place glorieuse entre les maisons souveraines de l’Europe.

L’un des princes de cette famille obtint le titre d’Invincible, un autre fut appelé le Père des muses, un autre enfin mérita le nom de Père du peuple, et de Libérateur de la patrie. Tous ces titres deviendront héréditaires dans les successeurs du héros qui nous gouverne. Il leur transmettra ses leçons et ses exemples[19].

Les années, sous son règne, ont été plus fécondes en grands événements glorieux que les siècles, sous d’autres dynasties !

Le monde se crut revenu à un temps où, comme l’a dit le plus brillant et le plus profond des écrivains politiques, la marche du vainqueur était si rapide, que l’univers semblait plutôt le prix de la course que celui de la victoire.... (Montesquieu, Esprit des Lois, chap. d’Alexandre.)

Déjà les plus anciennes maisons souveraines brillent d’un nouvel éclat en se rapprochant des rayons de votre couronne. Le repos du continent est le fruit de vos conquêtes. Le Corps Législatif peut donc applaudir sans regret la gloire militaire ; il aime à louer surtout ce DESIR D’ÉPARGNER LE SANG DES HOMMES, QUE VOUS AVEZ SI SOUVENT  MANIFESTÉ, JUSQUE DANS LA PREMIÈRE IVRESSE DU TRIOMPHE. C’est la victoire la moins sanglante qui est la plus honorable à vos yeux !! C’est à ces traits qu’on reconnaît un monarque digne de régner sur le peuple français. Il ne suffit pas à VOTRE MAJESTÉ de l’avoir rendu le plus puissant de tous les peuples, elle veut encore qu’il soit le plus heureux : qu’on redise partout qu’une si noble ambition vous occupe sans cesse, et que, pour la satisfaire, vos jours sont aussi remplis dans vos palais que dans vos camps.

SIRE, toutes vos pensées sont empreintes de ce caractère qui seul attire la vénération et l’amour.

Après avoir fait et défait les rois, vous avez vengé leurs tombeaux. Le lieu qui fut le berceau de la France chrétienne voit se relever le temple célèbre où depuis douze siècles la mort confondit les cendres de trois races royales dont TOUTES LES GRANDEURS ÉGALAIENT À PEINE LA VÔTRE[20].

Il ne fut donné qu’à vous de renouveler toujours l’admiration qui semblait être épuisée. Mais tant de triomphes ne sont aujourd’hui qu’une partie de votre gloire[21] ([22]).

On combattait, on négociait jadis pendant des années pour la prise de quelques villes, et maintenant quelques jours décident du sort des royaumes.

Quelle gloire ancienne et moderne ne s’abaisse désormais devant celui qui, des mers de Naples jusqu’aux bords de la Vistule, tient en repos tant de peuples soumis, qui campe dans un village Sarmate, y reçoit comme à sa cour les ambassadeurs d’Ispahan et de Constantinople, étonnés de se trouver ensemble ; qui réunit dans le même intérêt les sectateurs d’Omar et d’Ali, qui joint d’un lien commun et l’Espagnol et le Batave, et le Bavarois et le Saxon ; qui, pour de plus vastes desseins encore, fait concourir les mouvements de l’Asie avec ceux de l’Europe, et qui montre une seconde fois, comme sous l’Empire romain, le génie guerrier s’armant de toutes les forces de la civilisation, s’avançant contre les barbares, et les forçant de reculer vers les bornes du Monde !

Ce n’est point à moi de lever le voile qui couvre le but de ces expéditions lointaines. Il me suffit de savoir que ce grand homme par qui elles sont dirigées n’est pas moins admirable dans ce qu’il cache que dans ce qu’il laisse voir, et dans ce qu’il médite que dans ce qu’il exécute. Veut-il relever ces antiques barrières qui retenaient aux confins de l’univers policé toutes ces hordes barbares dont le nord menaça toujours le midi ? Sa politique n’a point encore parlé ; attendons qu’il s’explique, et remarquons surtout que ce SILENCE EST LE PLUS SUR GARANT DE SES INTENTIONS PACIFIQUES.

Il a voulu, il VEUT ENCORE LA PAIX ; il la demanda au moment de vaincre ; il l’a redemande après avoir vaincu. Quoique tous les champs de bataille qu’il a parcourus dans trois parties du monde, aient été les théâtres constants de sa gloire, il a toujours GÉMI des désastres de la guerre. C’est parce qu’il en connaît tous les fléaux, qu’il a soin de les porter loin de nous. Cette grande vue de son génie militaire est un grand bienfait. Il faut payer la guerre avec les subsides étrangers, pour ne pas trop aggraver les charges nationales. Il faut vivre chez l’ennemi, pour ne point affamer le peuple qu’on gouverne[23].

Ni les trophées accumulés autour de lui, ni l’éclat de vingt sceptres qu’il tient d’un bras si ferme, et que n’a point réunis Charlemagne lui-même, ne peuvent détourner ses pensées du bonheur de son peuple[24].

Le premier des capitaines a donc vu quelque chose de plus héroïque et de plus élevé que la victoire[25] !

C’était assez pour le premier des héros, ce n’était pas assez pour le premier des Rois ![26]

Il lui fut donné de retrouver l’ordre social sous les débris d’un vaste empire, et de rétablir la fortune de l’Etat au milieu des ravages de la guerre[27].

La guerre, cette maladie ancienne et malheureusement nécessaire, qui travailla toutes les sociétés, ce fléau dont il est si facile de déplorer les effets, et si difficile d’extirper la cause ; la guerre elle-même n’est pas SANS UTILITÉ pour les nations. Elle rend une nouvelle énergie aux vieilles sociétés ; elle RAPPROCHE DE GRANDS PEUPLES long-temps ennemis, qui APPRENNENT À S’ESTIMER SUR LE CHAMP DE BATAILLE ; elle remue et féconde les esprits par des spectacles extraordinaires ; elle instruit surtout le siècle et l’avenir, quand elle produit un de ces génies rares faits pour tout changer.

La guerre qui épuise tout, a renouvelé nos finances et nos armées ; les peuples vaincus nous donnent des subsides, et la France trouve des soldats dignes d’elle chez les peuples alliés.

Nos yeux ont vu les plus grandes choses. Quelques années ont suffi pour renouveler la face du Monde. Un homme a parcouru l’Europe en ôtant et donnant les diadèmes. Il déplace, il renverse, il étend à son choix les frontières des Empires, tout est entraîné par son ascendant. Eh bien ! cet homme, couvert de tant de gloire, nous promet plus encore ; paisible et désarmé, il prouve que cette force invincible qui renverse en courant les trônes et les empires, est au-dessous de cette sagesse vraiment royale qui les conserve par la paix[28].

SIRE tous nos cœurs se sont émus aux témoignages de votre affection pour les Français ; et les paroles bienfaisantes que vous avez fait entendre du haut du trône ont déjà RÉJOUI LES HAMEAUX ([29]).

Un jour ou dira, et ce sera le plus beau trait d’une histoire si merveilleuse, ON DIRA QUE LA DESTINÉE DU PAUVRE occupait celui qui fait la destinée de tant de rois.

Nous jurons, SIRE, de ne jamais démentir ces sentiments que vous approuvez, devant ce trône affermi sur tant de trophées et qui domine l’Europe entière.

Et comment, n’accueilleriez-vous pas ce langage aussi ÉLOIGNÉ DE LA SERVITUDE, QU’IL LE FUT DE L’ANARCHIE[30].

Quand vous immolez votre propre bonheur, CELUI DU PEUPLE occupe seul toute votre ame. Elle s’est émue à l’aspect de la grande famille (c’est ainsi que vous nommez la France), et quoique sûr de tous les dévouements, vous offrez la paix à la tête d’un million de guerriers invincibles.

Vous partez, et je ne sais quelle crainte, inspirée par l’amour et tempérée par l’espérance, a troublé toutes les âmes. Nous savons bien pourtant que partout où vous êtes, vous transportez avec vous la fortune et la victoire : la patrie vous accompagne de ses regrets et de ses vœux ; elle vous recommande à ses braves enfants qui forment vos légions fidèles. Ses vœux seront exaucés ; tous vos soldats lui jurent sur leurs épées de veiller autour d’une tête si chère et si glorieuse où reposent tant de destinées. SIRE, la main qui vous conduit de merveille en merveille au sommet des grandeurs humaines, n’abandonnera ni la France, ni L’EUROPE, QUI, SI LONG-TEMPS ENCORE, ONT BESOIN DE VOUS[31].

Vous partez, et le plus brave de tous les peuples est tenté de se plaindre qu’il a trop de gloire en songeant qu’il reste séparé du monarque dont cette gloire est l’ouvrage[32].

Malheur au souverain qui n’est grand qu’à la tête des armées ! Heureux celui qui sait gouverner comme il sait vaincre !

C’est lui qui rouvrit les temples de la religion désolée et qui sauva la morale et les lois d’une ruine presque inévitable. En un mot, il a plus fondé qu’on n’avait détruit. Voilà ce qui recommande éternellement sa mémoire.

De tous les cœurs sortira sans efforts le plus bel éloge du grand homme, auteur de tant de biens.

N’en doutons point, grâce à tout ce qu’il a entrepris pour la félicité nationale, sa renommée de conquérant ne sera, dans l’avenir, que la plus faible partie de sa gloire. (L’assemblée renouvelle ses applaudissements.)[33]

L’EMPEREUR est trop accoutumé à vaincre pour que nous remarquions dans son histoire, un triomphe de plus. Il suffit de dire, qu’après quelques marches, il était bien au de là des bords où s’arrêta Charlemagne, et que, supérieur à tous les grands hommes qui le précédèrent, il ne trouvera point de Roncevaux[34] ([35]).

Ce n’est point assez pour lui d’avoir vaincu tant de fois ses ennemis sur le champ de bataille ; il veut décourager jusqu’à leurs dernières espérances ; il achève en quelque sorte leur défaite, en affermissant de plus en plus son gouvernement intérieur.

Il fallait que tout fût extraordinaire, comme lui, dans les événements de son règne.

Autrefois, après quelques années de guerre, l’épuisement du trésor contraignait le vainqueur lui-même à demander la paix. Aujourd’hui l’entretien de tant d’armées n’a point interrompu l’amélioration successive des finances[36].

Enfin la guerre a, dans tous les temps, affaibli la force des lois et de la police. Aujourd’hui la police la plus sage et la plus vigilante, maintient la sûreté publique. On voit disparaître avec le fléau de la mendicité, tous les fléaux et tous les désordres qu’il traîne à sa suite.

On dirait que ce peuple, si terrible au dehors, ne s’occupe, au-dedans, qu’à préparer le siècle de la paix, des arts et des fêtes !

La France a montré tout ce qu’elle peut sous la main toute puissante qui la précipite ou la modère à son gré[37].

Oui, j’en atteste l’honneur français ! L’honneur français ! que de prodiges on peut faire avec ce seul mot ! L’honneur français ([38]) dirigé par un grand homme est un assez puissant ressort pour changer la face de l’univers ! (applaudissements)[39].

Que peut ajouter ma voix à l’émotion générale ? Comment exprimer tout ce qu’on éprouve de grand et de doux au milieu de cette imposante cérémonie ([40]) ? Ils ne sont plus ces temps où les maîtres du monde s’arrogeaient seuls l’honneur des triomphes payés par les travaux et quelquefois par la vie de leurs sujets. Un grand prince appelle aujourd’hui son peuple au partage de sa gloire ; et quel prince a plus que lui le droit de croire qu’il entraîne seul la fortune à sa suite ? Mais sûr de sa grandeur personnelle, il ne craint point de la communiquer ; il n’ignore pas que le monarque accroît les honneurs de son trône de tous ceux qu’il accorde à sa nation.

Sur le champ de bataille, sa première pensée est pour nous. C’est Alexandre ([41]) qui part de la Macédoine avec son génie et l’espérance, et qui, dès sa première victoire au-delà du Granique, envoie les dépouilles des nations vaincues au temple des dieux de sa patrie.

Ces drapeaux furent conquis sur un peuple égaré par les factions. Non, ce n’est point ce héros que l’Espagnol doit craindre. Ses armes ne le SOUMETTRONT que pour le SAUVER[42].

On a souvent nommé les rois d’ILLUSTRES INGRATS. On a dit, non sans quelque raison, qu’ils mettaient trop tôt en oubli le dévouement de leurs sujets, et qu’auprès du trône il était plus utile de flatter que de servir. COMBIEN LE MAÎTRE À QUI NOUS SOMMES ATTACHÉS, MÉRITE PEU CE REPROCHE ! Du haut point d’élévation qu’il occupe, il jette un regard équitable sur les talents qui sont au-dessous de lui ; car il est trop élevé au-dessus d’eux tous pour ne pas les juger tous avec impartialité. Ses bienfaits préviennent à chaque instant ses serviteurs de toutes les classes[43].

Aussi quels dévouements extraordinaires ne doit pas attendre un souverain si magnanime !

PÉRISSE ÀJAMAIS LE LANGAGE DE L’ADULATION ET DE LA FLATTERIE ! je ne commencerai point à m’en servir. Je ne dois porter aux pieds du trône que la voix de l’opinion publique. C’est avec elle seule que je louerai le prince. J’exprimerai franchement l’admiration qu’il m’inspire ; l’élite de la France et de l’Europe est ici rassemblée : j’en appelle à leur témoignage. Tout ce que je vais dire de lui sera MERVEILLEUX ET VÉRITABLE !

Transportons-nous par la pensée dans l’avenir. Voyons ce héros, comme la postérité doit le voir un jour, à travers les nuages du temps. C’est alors que sa grandeur paraîtra, pour ainsi dire, fabuleuse ; mais trop de monuments attesteront les merveilles de sa vie pour que le doute soit permis. Si nos descendants veulent savoir quel est celui qui, seul, depuis l’Empire romain, réunit l’Italie dans un seul corps, l’histoire leur dira : C’est NAPOLÉON. S’ils demandent quel est celui qui, vers la même époque, dissipa les hordes Arabes et Musulmanes au pied des Pyramides et sur les bords du Jourdain ? l’histoire leur dira : C’est NAPOLÉON. Mais d’autres surprises les attendent. Ils apprendront qu’un homme, en quelque sorte désigné d’en haut, partit du fond de l’Egypte au moment où toutes les voix de la France l’appelaient à leur secours, et qu’il y vint rétablir les lois, la religion et l’ordre social menacés d’une ruine prochaine ; cet homme est encore NAPOLÉON. Ils verront dans dix années trente Etats changeant de forme, des trônes fondés, des trônes détruits, Vienne deux fois conquise, et les successeurs du grand Frédéric perdant la moitié de leur héritage. Ils croiront que tant de révolutions, de victoires, sont l’ouvrage de plusieurs conquérants !

L’histoire, appuyée sur le témoignage unanime des contemporains, dissipera toutes les méprises ; elle montrera toujours le même NAPOLÉON fondant de l’Autriche sur la Prusse ; poussant sa marche victorieuse jusqu’aux dernières limites de la Pologne s’élançant tout à coup du fond de la Sarmatie vers ces monts qui séparent la France des Espagnols, et triomphant près de ces régions où l’antiquité plaçait les bornes du Monde. Et cependant les prodiges ne seront pas épuisés ! il faudra peindre tous les arts rappelant à Paris la magnificence de Rome antique, car il est juste que la ville où réside un si grand homme devienne aussi la VILLE ÉTERNELLE !

J’interroge maintenant tous ceux qui m’écoutent. En est-il un seul qui désavoue le moindre trait de ce tableau ? HEUREUX LES PRINCES QU’ON PEUT LOUER DIGNEMENT AVEC LA VÉRITÉ ! heureux l’orateur qui ne donne aux rois que des éloges justifiés par leurs actions. (L’assemblée renouvelle ses applaudissements et ses acclamations)[44].

Et cette Université, que les monarques, vos prédécesseurs, appelaient leur fille aînée. Comme elle partageait vivement la joie que chaque retour de VOTRE MAJESTÉ fesait naître dans tous les cœurs. Elle se félicitait de porter au pied du trône les hommages et les voix d’une génération entière, qu’elle instruisait dans ses écoles, À VOUS SERVIR ET A VOUS AIMER ([45]).

Oui, SIRE, l’université fondée par Charlemagne, relevée par NAPOLÉON, mille ans après son premier fondateur, ne peut oublier, devant ces deux grands noms, les saints engagements qu’elle a contractés envers le trône et la patrie. Son origine et son antiquité lui rappellent tous ses devoirs, dont le premier est de faire des sujets fidèles.

Mère commune de tous les enfants que l’État lui confie, elle vous exprime leurs sentiments avec les siens. Permettez donc SIRE, qu’elle détourne un instant les yeux du trône que vous remplissez de tant de gloire, vers cet auguste berceau où repose l’héritier de votre grandeur. Toute la jeunesse française environne avec nous de ses espérances et de ses bénédictions cet enfant royal qui doit la gouverner un jour. Nous le confondons avec VOTRE MAJESTÉ, dans le même respect et dans le même amour. Nous lui jurons d’avance un dévouement sans bornes, comme à vous-même. SIRE, ce mouvement qui nous emporte vers lui ne peut déplaire à votre cœur paternel. Il vous dit que votre génie ne peut mourir ; qu’il se perpétuera dans nos descendants, et que la reconnaissance nationale doit être éternelle comme votre nom[46] ([47]).

Mais bientôt I’EMPEREUR invite lui-même tous les grands corps de l’Etat à manifester leur libre opinion.

PENSÉE VRAIMENT ROYALE ! Salutaire développement de ces institutions monarchiques, où le pouvoir concentré dans les mains d’un seul se fortifie de la confiance de tous, et qui, donnant au trône la garantie de l’opinion nationale, donne aux peuples, à leur tour ? le sentiment de leur dignité, trop juste prix de leurs sacrifices !

Des intentions aussi magnanimes ne devaient point être trompées.

Rentré dans sa capitale, l’EMPEREUR a détourné les yeux de ces champs de bataille où le monde l’admira quinze ans, il a détaché même sa pensée des grands desseins qu’il avait conçus. Je me sers de ses propres expressions ; IL S’EST TOURNÉ VERS SON PEUPLE, SON COEUR S’EST OUVERT, ET NOUS Y AVONS LU NOS PROPRES SENTIMENTS.

L’EMPEREUR A DÉSIRÉ LA PAIX, et dès que l’espérance d’une négociation a paru possible, il s’est empressé de la saisir[48].

Mais ce n’est plus aux Rois comme eux que les puissances coalisées développent leurs griefs, et qu’ils envoient leurs manifestes ; c’est aux peuples qu’ils les adressent. Et par quel motif adopte-t-on cette marche si nouvelle ? Cet exemple ne peut-il pas être funeste ? Faut-il le donner surtout à cette époque où les esprits, travailles de toutes les maladies de l’orgueil, ont tant de peine à fléchir sous l’autorité qui LES PROTÈGE, en RÉPRIMANT leur audace ? Et contre qui cette attaque indirecte est-elle dirigée ! Contre le grand homme qui mérita la reconnaissance de tous les rois ; car, en établissant le trône de la France, il a fermé le foyer de ce volcan qui les menaçait tous.

Ce n’est point ici qu’on outragera les gouvernements qui se permettraient même de nous outrager ; mais il est permis d’apprécier à leur juste valeur ces reproches si anciens et si connus, prodigués à toutes les puissances qui ont joué un grand rôle depuis Charles-Quint jusqu’à Louis XIV, et depuis Louis XIV jusqu’à I’EMPEREUR. Ce système d’ENVAHISSEMENT, de PRÉPONDÉRANCE, de MONARCHIE UNIVERSELLE, fut toujours un cri de ralliement pour toutes les coalitions ; et du sein même de ces coalitions étonnées de leur imprudence, s’éleva souvent une puissance plus ambitieuse que celle dont on dénonçait l’ambition.

L’EMPEREUR voulut LA PAIX ; il voulut l’acheter par des sacrifices où sa grande ame semblait négliger sa gloire personnelle, pour ne s’occuper que des besoins de la nation.

Quand on jette les yeux sur cette coalition formée d’éléments qui se repoussent ; quand on voit le mélange fortuit et bizarre de tant de peuples que la nature a faits rivaux ; quand on songe que plusieurs, par des alliances peu réfléchies, s’exposent à des dangers qui ne sont point une chimère, on ne peut croire qu’un pareil assemblage d’intérêts si divers ait une longue durée. Les abus de la force sont marqués en caractères de sang dans toutes les pages de l’histoire ![49]

Mais pourrais-je mieux louer mon SOUVERAIN qu’en rapportant ses propres paroles ? On a dit depuis long-temps aux orateurs, qu’il n’y avait rien de plus grand que ses actions simplement racontées. On doit ajouter qu’il n’y a rien de plus éloquent que ses paroles. C’est en les répétant avec fidélité qu’on peut le montrer dans toute sa gloire. Combien nous étions émus en l’écoutant la dernière : fois, quand il désirait de vivre trente ans pour SERVIR trente ans ses sujets ! » Jamais parole plus royale n’est sortie du cœur d’un grand roi !

Heureux le prince qui connaît si bien ses devoirs et sa dignité, et les exprime avec tant de noblesse.

Quel français ne formait le même vœu que le sien ? Oui, qu’il vive trente ans, disions-nous, qu’il vive plus encore ! Une vie si précieuse ne peut trop se prolonger ! Et puisque tous les prodiges semblaient réservés à lui seul, regrettons-nous qu’un règne si mémorable nait surpassé tous les autres par la durée, comme il les surpasse tous par la puissance et la grandeur. (Les applaudissements se renouvellent de toutes parts)[50]. L’orateur ému ne peut continuer…

 http://www.academie-francaise.fr/discours-prononce-dans-lautre-monde-pour-la-reception-de-napoleon-bonaparte

Le traité de paix de Lunéville..

luneville

Français, une paix glorieuse a terminé la guerre du continent. Vos frontières sont reportées aux limites que leur avaient marquées la nature… Ces succès, vous les devez surtout au courage de nos guerriers, à leur patience dans les travaux, à leur passion pour la gloire, à leur amour pour la liberté, pour la la patrie.

(Napoléon Bonaparte)

TRAITÉ DE LUNÉVILLE, traité célèbre qui mit lin à la guerre de la deuxième coalition contre la France. Conclu entre la France et l’Autriche, il fut signé le 9 février 1801 par Joseph Bonaparte et M. de Cobentzel, le négociateur deCampo-Formio. Après la bataille de Marengo, l’Autriche s’obstinait à continuer la lutte ; mais la victoire de Moreau à Hohenlinden et la marche de ce général sur Vienne, tandis que notre armée d’Italie convergeait vers le même but, décidèrent enfin le cabinet autrichien à solliciter d’abord l’armistice de Steyer, puis à entrer en négociation pour la paix. Luuéville ayant été désignée pour cet objet, M. de Cobentzel s’était rendu dans cette ville au mois d’octobre 1800, et y avait trouvé Joseph Bonaparte ; mais il n’avait fait qu’entasser difficultés sur difficultés, trahissant à chaque instant le mauvais vouloir de sa cour et le sien ; cependant les derniers événements ayant éclairé l’abîme où allait être précipité le gouvernement autrichien, il fallut bien mettre de côté toute hésitation pour éviter une catastrophe et accepter les conditions du vainqueur. 

Qu’est-ce donc que cette chose dont parle Alexandre lorsqu’il évoque sa destinée, César sa chance, Napoléon son étoile ? Qu’est-ce donc sinon la confiance qu’ils avaient tous les trois dans leur rôle historique ? (Charles de Gaulle)

La gloire ne se marchande pas. (Charles de Gaulle)

https://journals.openedition.org/ahrf/7683

Célébrer Napoléon après la République : les héritages commémoratifs révolutionnaires au crible de la fête napoléonienne

Cyril Triolaire

La République est un marchepied vers l’Empire que Bonaparte emprunte allègrement pour devenir Napoléon. Avant d’être sacré empereur, le général et Premier Consul use d’un art immodéré de la propagande pour asseoir son pouvoir et façonner son propre culte. Dès les premiers mois consulaires, les bases d’un régime personnel et autoritaire sont jetées. Dans les terres provinciales du Massif Central, les fêtes nationales des 14 juillet et 1er vendémiaire, derniers rejetons du calendrier festif directorial, n’entretiennent déjà plus véritablement le souvenir républicain. De plus en plus dépourvues de signes civiques extérieurs et de moins en moins nombreuses, ces cérémonies anniversaires ennuient, l’enthousiasme naissant désormais presque exclusivement des réjouissances offertes à l’occasion des succès militaires et des traités de paix. Ultime manipulation de l’héritage républicain, le sacre clôt l’épisode consulaire avant que la législation cultuelle de février 1806 n’enterre la fête révolutionnaire et ne consacre au grand jour la dévotion napoléonienne. De décembre 1804 au printemps 1814, les temps clefs – messes civiques, discours et banquets fraternels –, l’espace symbolique – parcours des cortèges et stations de la solennité – et la pédagogie – écriteaux et allégories – des fêtes républicaines sont mis à l’épreuve de l’Empire. Entre transformations, abandons et résurgences inattendues, ces pratiques festives républicaines diffèrent suivant les départements et disparaissent rapidement du paysage cérémoniel napoléonien avant de ressurgir brutalement et symboliquement – pour certaines – lors du Vol de l’Aigle au printemps 1815.

Plan

Du système de brumaire an IV au culte napoléonien

Les temps festifs républicains à l’épreuve de l’Empire

L’espace symbolique de la fête : entre transformations et réminiscences

La pédagogie républicaine en perte de vitesse

Les campagnes italiennes victorieuses propulsent rapidement Bonaparte sous les feux de la rampe. Reconnu, admiré, le jeune général se fait une renommée au cœur de la fragile République directoriale1. Dans les terres du Massif Central, il est le héros des bourgs ruraux. Afin de célébrer le nouvel accord pacifique qu’il vient d’arracher au début de l’an VI, les administrateurs de Neschers, village du Puy-de-Dôme, conçoivent une fête entièrement vouée à la gloire du général républicain. Le 15 brumaire, les habitants découvrent ainsi sur l’autel de la patrie, une statue de Bonaparte, en pied, couronné de chêne, rayant sur une carte la « superbe Albion »2. Coiffé de la couronne de la régénération, le plâtre du héros est ce jour là très symboliquement disposé sur l’autel de la patrie, carré d’une sacralité toute civique. Politiquement fort, ce geste témoigne de la nouvelle envergure populaire du général mais révèle également la conception didactique originale de cette journée festive. La scène est loin d’être isolée et se décline alors dans les départements voisins. Lorsque les populations du Massif Central apprennent l’accession au pouvoir de Bonaparte dans les jours qui suivent le 18 brumaire an VIII, nombreuses sont celles qui ont déjà vu le héros s’inviter dans les célébrations nationales. La puissance de l’image, des arts, Bonaparte la connaît.

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2Marchepied politique vers l’Empire, la République consulaire lui offre également à travers ses fêtes l’occasion de mesurer et d’affermir cet enthousiasme populaire. La mise en place du régime impérial débouche finalement sur l’institutionnalisation d’un culte napoléonien officiel dès 1806. Deux fêtes nationales sont consacrées à l’empereur et ouvrent un espace de célébrations nouveau. Établi de manière ni naturelle ni évidente, l’Empire doit composer avec des formes de légitimité héritées et l’invention de déclinaisons politiques inédites3. Présenté comme l’étape ultime du processus révolutionnaire, l’Empire instauré se conjugue également sur le mode dynastique. Devant seconder la personnalisation du pouvoir, les fêtes impériales s’élaborent, entre héritages monarchiques et républicains. Comme la fête révolutionnaire a su puiser dans le trésor des réjouissances folkloriques et dans le magasin aux accessoires antiques4, la fête napoléonienne s’approprie certaines pratiques républicaines afin de façonner un nouveau rituel5. L’appréhension des héritages festifs républicains durant le Consulat et l’Empire passe dès lors nécessairement par une immersion complète au sein des célébrations provinciales6, à partir d’un corpusrassemblé dans huit départements du Massif Central ou limitrophes : l’Allier, la Loire, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Cantal, l’Ardèche, la Lozère et l’Aveyron. Les archives de cette région profondément rurale, politiquement et culturellement contrastée, plus ou moins hermétique aux pratiques révolutionnaires, livrent la trace de quelques 935 fêtes célébrées entre brumaire an VIII et la première abdication napoléonienne du printemps 1814 ; 573 d’entre elles sont mêmes très précisément décrites par des procès-verbaux, programmes et, plus fréquemment, comptes rendus. D’un style souvent empesé, plus enclin à conforter les attentes du gouvernement central qu’à révéler l’imaginaire collectif local7, les procès-verbaux décrivent somme toute assez exactement ces fêtes, pour peu que leur exploitation soit prudente et critique8. Contrairement au culte du Premier Consul, qui semble s’affirmer, les commémorations consulaires déclinent et se sclérosent avant de disparaître sous le nouveau système festif impérial. Le déroulement de la cérémonie, l’espace parcouru et les ressorts pédagogiques empruntés traduisent, entre 1800 et 1813, l’émergence d’une fête napoléonienne. Comment Bonaparte investit-il le champ festif consulaire avant d’instaurer son propre culte ? Les pratiques cérémonielles de la décennie précédente se maintiennent-elles et persistent-elles sous les traits de la fête impériale ? La didactique, la symbolique festives républicaines continuent-elles à vivre à travers les réjouissances provinciales napoléoniennes ?

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3Les cultes révolutionnaires retiennent très tôt l’attention des nouveaux consuls provisoires de la République. Au système festif commémoratif et moral de l’an IV qui condamne la Révolution à n’en pas finir9 et qui ne trouve qu’un écho restreint dans les campagnes provinciales10, l’Issoirien Jean-Baptiste Girot Pouzol répond par la loi du 3 nivôse an VIII (24 décembre 1799)11. La désaffection des espaces ruraux à l’égard des fêtes morales et le déclin marqué du degré de célébration au cours des derniers mois directoriaux encouragent la commission du Conseil des Cinq-Cents à suivre le député du Puy-de-Dôme ; elle réduit ainsi au 14 Juillet, jour de « la conquête de la liberté », et au 1er Vendémiaire, anniversaire de la fondation de la République, le nombre des fêtes nationales, certainement les deux seules à être encore par ailleurs suivies. Alors que le culte décadaire s’effondre complètement – le citoyen Reymond annonce même « le décès de la décade » dans sa commune d’Issoire en floréal an VIII12 –, l’héritage commémoratif révolutionnaire se trouve législativement réduit à une consensuelle peau de chagrin13. Bien que toujours vigoureux à Marseille, les anniversaires républicains faiblissent dès l’an X à Paris et dans les terres du Massif Central. Passant de trente-cinq en l’an IX à onze en l’an XII, le nombre de fêtes nationales dénombrées dans ces départements ruraux fléchit progressivement et inéluctablement14. Admettre une proportionnalité, même grossière, entre les fêtes recensées du 14 Juillet et du 1er Vendémiaire et toutes celles réellement célébrées durant ces années consulaires est vraisemblablement illusoire : les inévitables lacunes du corpus réuni plaident pour un usage prudent des procès-verbaux rassemblés et encouragent une étude critique du mouvement festif régional. Toutefois, le dépouillement de quarante-quatre séries de registres de délibérations municipales et de recueils de courriers administratifs – lorsqu’ils existent – complète celui des archives départementales et nationales correspondant. Compte tenu des questions financières – déterminantes pour les programmations festives – et de la représentativité de nos sources – vingt-trois villes, dix-neuf villages et deux bourgs ainsi scrutés de très près15 – une faible part des fêtes qui auraient normalement dû être célébrées l’est effectivement dans la réalité. Ainsi, trois à huit fois plus de fêtes auraient pu être observées entre l’an IX et l’an XII : leur absence totale des différents fonds consultés semble bien – avec toutes les précautions nécessaires – révéler l’essoufflement des célébrations héritées du calendrier festif directorial. La réduction progressive de ces dernières marque une transition entre le culte de la République et celui de Napoléon. Celle-ci est même assurée par les fêtes célébrées en l’honneur des nouveaux accords pacifiques négociés. Avec des réserves toujours identiques, quarante-cinq et trente-quatre fêtes sont respectivement données en l’an IX puis en l’an X en l’honneur des paix de Lunéville et d’Amiens. La signature des préliminaires de paix avec l’Angleterre en brumaire an X offre même l’occasion à Bonaparte d’associer aux réjouissances le souvenir de son accession au pouvoir. L’adoption du Consulat à vie, témoin d’un réel césarisme démocratique16, mais davantage encore l’émergence de la fête anniversaire de Bonaparte le 15 août marquent la fin prochaine du culte républicain. Préexistant aux futures fêtes impériales, nationales et religieuses, l’anniversaire aoûtien du Premier Consul ne trouve qu’un écho modéré – quatorze manifestations entre l’an XI et l’an XIV –, et ne semble honoré que dans douze des plus grandes villes de notre région – dont dix dans les seuls départements de l’Allier, de la Loire, du Puy-de-Dôme et du Cantal – et dans un seul village, à Gras, en Ardèche, en l’an X. Une fois élevé à la dignité impériale, Napoléon s’empresse de supprimer les commémorations du 14 Juillet et de la fondation de la République.

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4La cérémonie fondatrice du sacre apparaît même comme une étape essentielle dans la marche vers l’instauration d’une monarchie très chrétienne17. Soucieux d’associer le peuple à son sacre et de faire de la cérémonie une fête réellement nationale, Napoléon opère une habile synthèse entre les fêtes de souveraineté à l’antique, destinées à éblouir le peuple, et les récentes communions civiques participatives. Le sacre est ainsi à ce dernier titre envisagé comme une nouvelle Fédération. Les débats parisiens entourant le choix du site et une possible célébration au Champ-de-Mars ne montrent-ils pas que la fête du 14 juillet 1790 est érigée en modèle ? Le sacre de frimaire an XIII s’apparente d’ores et déjà à une grande Fédération impériale. L’empereur se réapproprie l’héritage révolutionnaire et le détourne pour faciliter l’unité nationale autour de sa personne. Les directives adressées par le ministre de l’Intérieur aux préfets ne laissent aucun doute18 : l’organisation est fédérative. Cette habile manipulation permet à Napoléon d’apparaître sous les traits d’un véritable « empereur républicain » et maquille ainsi son intronisation dynastique sous les traits d’une célébration faussement républicaine. Les députations se préparent dans chaque département du Massif Central et le voyage permet à certains de se croire revenus aux plus belles heures de la Révolution. M. Ignon, ancien secrétaire de la mairie et représentant mendois à la Fédération parisienne de 1790, juge de paix et rédacteur du journal local sous l’Empire, rejoint Paris en tant que capitaine du détachement de la Lozère et témoigne de son enthousiasme dans une riche correspondance quotidienne à sa femme. Heureux d’avoir participé à cette journée extraordinaire, il assure à son épouse le prochain retour de sa bannière départementale et la réception future d’une médaille de bronze, témoins de son pèlerinage fédératif napoléonien19. En province, la simultanéité espérée entre les fêtes locales et la solennité parisienne est cependant bien imparfaite. Si au moins douze localités fêtent le sacre, quelques présumées absentes se font remarquer : à Millau, Villefranche, Rodez, Privas, Saint-Étienne, Roanne ou Riom, aucune trace de réjouissances le 11 frimaire an XIII (2 décembre 1804). Ombre du corpus réuni ou signe de réelles tergiversations municipales, cette faible onde cérémonielle est largement secondée quelques mois plus tard par le couronnement italien effectué à Milan par le légat pontifical Caprara. Pas moins de trente cérémonies sont enregistrées et au final, une quarantaine de fêtes sont tout de même données dans la région en l’an XIII, soit plus qu’en l’an IX pour les deux commémorations révolutionnaires réunies. Ce mouvement impérial et royal retombe néanmoins l’année suivante et à l’exception de Clermont-Ferrand, le Puy-en-Velay et Mende où des réjouissances sont prévues le 15 août 1805 à l’occasion de l’anniversaire de Napoléon, les initiatives festives locales ne se bousculent pas. Largement initié par le ministre des Cultes Portalis, le décret du 19 février 1806 institutionnalise définitivement le culte napoléonien en créant deux fêtes nationales, la Saint Napoléon, célébrée chaque 15 août et intelligemment couplée avec la dévotion mariale, et l’anniversaire du sacre et de la victoire d’Austerlitz, programmé le premier dimanche de décembre. En associant la tradition chrétienne au culte impérial, ce système festif inédit rompt certainement définitivement avec les usages et le souvenir républicain.

5Les années révolutionnaires et l’épisode populaire de l’an II imposent progressivement aux fêtes officielles une marche journalière régulière. De la fête républicaine idéale modelée sur le rassemblement parisien du 14 juillet 1790 aux cérémonies directoriales figées, la journée festive se trouve ponctuée de temps forts que les proclamations du Consulat, puis de l’Empire vont mettre à l’épreuve. La cérémonie officielle au temple civique, les discours prononcés et les banquets fraternels partagés sont autant de moments caractéristiques de la fête révolutionnaire que les deux systèmes festifs de l’an VIII et de 1806 vont faire évoluer.

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6Comme la majeure partie des fêtes révolutionnaires, sur le modèle hérité de la procession20, les fêtes consulaires et impériales font le choix du cortège. Les participants se rendent habituellement en rangs au lieu de la célébration. Si le culte révolutionnaire provincial reste à la fois civique et religieux – et en cela moins marqué par les fêtes parisiennes déchristianisées –, les fêtes observées au cours des deux premières années consulaires dans les huit départements retenus se déroulent loin des espaces consacrés. La messe refait toutefois son apparition en l’an X. En restaurant la paix religieuse intérieure grâce à sa politique concordataire, Bonaparte gomme certaines divisions toujours conservées par les fêtes républicaines21 et rouvre les portes des églises paroissiales aux fêtes nationales. À l’occasion des réjouissances pacifiques extraordinaires ou des anniversaires napoléoniens célébrés entre l’an X et l’an XIII, la messe redevient un temps cérémoniel à part entière. Même s’il n’apparaît finalement que dans 5 % des fêtes consulaires, l’office religieux est programmé pour certaines fêtes républicaines. Ainsi, à Aurillac en l’an XII, pour la dernière fête du 1er Vendémiaire, le cortège quitte la mairie où il s’est réuni et part assister à une messe à l’église communale22. La célébration religieuse napoléonienne remplace désormais la communion civique révolutionnaire. Si à l’occasion des fêtes en l’honneur du sacre et du couronnement italien une fête sur deux comprend une messe, 75 % des solennités observées entre 1806 et 1814 en programment une. En re-consacrant les chapelles – encore dévolues il y a peu aux cultes de la Raison ou de l’Être Suprême – et en les réinvestissant religieusement, la fête rompt également définitivement avec certaines pratiques cérémonielles civiques héritées. Les distributions des prix directoriales disparaissent ainsi quasiment des programmes impériaux alors qu’elles ponctuent fréquemment les cérémonies consulaires. À trop vouloir être les éternelles écoles de l’homme fait, de multiples fêtes républicaines finissent par se ressembler et s’achever en honneurs scolaires. À Billom dans le Puy-de-Dôme ou à Aurillac dans le Cantal, les solennités des 1er Vendémiaire an IX, X et XI se sclérosent chaque année davantage : le cortège est raccourci, la cérémonie réduite pour enfin ne se limiter qu’à une « distribution des prix ». C’est d’ailleurs seulement sous ce dernier nom que l’ultime fête du 1er Vendémiaire billomoise est célébrée23. Les élèves et leurs enseignants ont beau souvent marcher aux côtés du fonctionnaire et du soldat, la distribution des prix n’en quitte pas moins les fêtes impériales ; seuls les administrateurs de Montbrison en observent une le 15 août 180724. Cette pédagogie littéraire est parfaitement relayée par l’art oratoire. Le passage à la tribune est pour les promoteurs festifs l’occasion de rappeler les souvenirs révolutionnaires et bientôt de vanter les actions de Napoléon. En s’inspirant des allocutions antiques, les administrateurs révolutionnaires multiplient les interventions publiques. Les tribuns se succèdent, promouvant ainsi une pédagogie de la répétition. Les 169 fêtes recensées sous le Consulat en témoignent parfaitement. Des discours sont lus dans 103 d’entre elles, et parfois à plusieurs reprises : 51 % voient s’exercer un orateur, 28 % deux et 13 % trois ; à six et deux reprises respectivement quatre et six discours sont même prononcés. L’avènement de l’Empire brise cette pluralité des propos festifs : moins d’une fête sur deux recourt au discours – exactement 202 sur 430 – et surtout, les orateurs ne se multiplient plus. Dans 78 % des cas, la voix d’un seul homme s’élève, comme pour mieux transmettre un unique message glorificateur en l’honneur de l’empereur. Si le rituel festif se simplifie et s’uniformise sous l’Empire, certaines pratiques républicaines ressurgissent aux périodes d’unanimité nationale.

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7Après les cérémonies solennelles, les années révolutionnaires en général et l’an II en particulier répandent la tenue du banquet fraternel et civique. Si jusqu’en 1790 et à partir de l’an VI, ce repas rassemble essentiellement les fonctionnaires et les notables, installés à l’écart dans une salle ouverte25, les années jacobines diffusent un modèle plus égalitaire et convivial26. Même si le nivellement républicain ne s’impose pas de fait à table27, les agapes fraternelles perdurent sous le Consulat. Sur les trente-neuf repas offerts lors des cérémonies consulaires, vingt-huit reçoivent le nom de « banquet fraternel » ou de « banquet civique ». Si la fraternisation des citoyens n’est pas totalement évidente à Crespin, en Aveyron, le 7 ventôse an IX (26 février 1801), où le conseil municipal, la garde nationale et un « grand nombre de citoyens » font tables séparées28, à Aurillac, le 18 brumaire an X (9 novembre 1801), « des fonctionnaires publics et de simples citoyens » s’assoient côte à côte29. Malgré les obstacles rencontrés par ce nivellement frugal, l’appellation même de « banquet fraternel » sous la plume des autorités n’est pas à négliger tant elle marque, suivant la date de son emploi, une certaine communion nationale. Les deux fêtes du 14 Juillet et du 1er Vendémiaire, instants privilégiés de la commémoration révolutionnaire, prédestinés à l’organisation de tels banquets, comptent au contraire presque seulement des repas… ordinaires. Au cours de ces années, les tables civiques sont dressées à vingt reprises sur vingt-huit des réjouissances, précisément dépeintes par des rapports officiels, données en l’honneur des traités pacifiques de germinal an IX et brumaire an X obtenus par Bonaparte. L’élan fraternel et égalitariste révolutionnaire ressurgit ainsi au moment où l’unanimité provinciale s’affirme le plus autour du héros pacificateur, général de la République. Avec le passage à l’Empire, un mouvement similaire se dessine. Sur les 430 fêtes impériales décrites par des procès-verbaux, fonctionnaires, soldats et notables mangent ensemble au cours d’au moins 142 d’entre elles. La fréquence du banquet fraternel chute considérablement puisqu’il ne caractérise que 13 % des repas recensés. Toutefois, les dix-neuf banquets ainsi dénommés ne le semblent pas de manière inopportune. Effectivement, huit et cinq d’entre eux sont respectivement programmés lors des fêtes données en l’honneur du baptême du Roi de Rome en juin 1811 et de la paix de Tilsitt en août 1807. Même réduite, cette double apparition à l’occasion des deux événements impériaux ayant suscité la plus forte mobilisation festive régionale et la plus nette adhésion populaire au régime n’est pas anodine. Plutôt que de profiter des traditionnelles et libérales distributions de nourriture, « tout le monde » est admis au banquet fraternel prévu sur la place de Lanhac en Aveyron le 9 juin 181130. Les héritages festifs républicains rejaillissent donc sous la fête napoléonienne mais apparemment tout aussi ponctuellement que symboliquement.

8Les fêtes des années consulaires et impériales se déclinent dans un espace réfléchi de plus en plus simplement par les programmateurs. Le volontarisme spatial sans défaillance des années révolutionnaires, témoin du nécessaire aménagement politique de l’espace festif, perd de sa vigueur au cours de la décennie suivante.

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9 Si la tendance à l’enfermement des cérémonies dans la salle décadaire locale au cours des années directoriales se poursuit sous le Consulat, le passage sur la place publique se confirme toujours. Seuls le temple décadaire clos – confiné dans un Marché Neuf peu propice à la transcendance républicaine à Riom – et la place publique ouverte sont ordinairement choisis pour accueillir la cérémonie civique. De 1800 à 1804, ils servent respectivement de cadre à 33 % et à 61 % des cérémonies nationales locales. Espace idéal de la fête révolutionnaire, circulaire et aéré, la place prend une dimension supplémentaire lorsqu’elle porte un nom aux accents républicains. Ainsi, sur les quatre-vingt-neuf passages enregistrés sur une esplanade, les cortèges se rendent vingt-trois fois sur une « place de la liberté », à quatre reprises sur une « place de la fraternité » ou « des victoires », trois fois sur « une place de l’égalité » et deux sur « une place de la Concorde ». À Issoire, les fonctionnaires publics, la garde nationale et la gendarmerie rejoignent le 14 juillet an VIII la place de la Concorde où trône l’autel de la patrie, entouré de feuillages et de guirlandes31 ; à Réquista, village aveyronnais, à l’occasion de la fête de la paix en ventôse an IX, le cortège se rend successivement sur les places de la Liberté, de l’Égalité puis de la Fraternité32. Les parcours cérémoniels provinciaux empruntés par les autorités et les citoyens entre 1800 et 1804 font donc encore bien écho à la géographie festive révolutionnaire : sur les 190 stations empruntées à au moins une reprise au cours de cette période – les 149 étapes des bâtiments officiels exclues –, 91 sont très clairement républicaines. La maison commune, le temple décadaire et la place de la Liberté constituent donc un triptyque spatial auquel les conseils municipaux se réfèrent encore largement. Suivant la courbe des solennités nationales observées localement, la fréquentation de ces lieux décroît cependant à l’approche de l’Empire. Le changement de régime en prairial an XII suscite même un appauvrissement des cortèges. Nette dès les cérémonies en l’honneur du sacre et du couronnement italien, la réduction du nombre de stations se confirme à partir de l’été 1806. Au départ de la mairie, de la sous-préfecture ou de la préfecture, le cortège se rend ordinairement à l’église, empruntant seulement les rues lui permettant de prendre au passage tel ou tel corps militaire ou judiciaire. Très fréquemment débaptisées, les places traversées perdent de leur symbolique. Dans les programmes ou les comptes rendus, les administrateurs se gardent d’évoquer les espaces festifs sous leurs anciennes appellations. Les temps changent. Sur les 430 documents impériaux étudiés, seul le procès-verbal de Vic-sur-Allier dans le Puy-de-Dôme rapporte à la mi-août 1807, à l’occasion de la Saint Napoléon et de la publication de la paix de Tilsitt, que les autorités se rendent à la fontaine de la ville puis à la place du Jeu de Paume avant de rentrer à la mairie33. Si les acteurs et les lieux demeurent, la symbolique spatiale révolutionnaire s’estompe donc jusqu’à presque disparaître.

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10Deux gestes pleinement associés à l’appropriation de l’espace festif survivent tout de même : la plantation de l’arbre et l’envol de l’aérostat. Majoritairement enracinés à l’occasion de vagues successives entre mai 1790 et l’été 1792, les arbres de la liberté manifestent l’adhésion populaire au processus révolutionnaire. Planté pour survivre aux hommes, affirmer la durée et la stabilité de principes nouveaux, l’arbre pédagogue34 se doit de perpétuer le souvenir glorieux de l’enfantement républicain35. Passé 1794, l’arbre de la liberté, devenu ormeau de la République, perd pourtant de sa splendeur. À l’aube du Consulat, beaucoup se dressent encore dans les campagnes du Massif Central et si certains subissent l’acharnement des troupes contre-révolutionnaires dans les traditionnelles aires du refus et du refuge36, d’autres sont les simples victimes des affres du temps. À Mur de Barrès, commune aveyronnaise, le maire explique en pluviôse an VIII « qu’il y a déjà cinq ans que l’arbre mort planté sur la place publique en mémoire de la liberté conquise [commence] à se dégrader par sa base, que depuis, le sommet a été renversé par la violence des vents, qui règnent dans ces montagnes »37 ; le maire en appelle au remplacement par un arbre vif. Quand l’arbre est toujours debout, il lui arrive parfois d’être visité par le cortège. Entre 1800 et 1804, au moins sept arbres de la liberté, deux de la liberté et de la fraternité ainsi que deux de la paix font l’objet d’un détour ou d’une plantation. Le 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800), le cortège aurillacois passe entre deux arbres38 et à Saint-Affrique, le préfet prononce son discours au pied d’un autre39 ; la scène se répète en Ardèche, à Marvejols, à l’occasion de la paix de germinal an IX40 et à Saint-Étienne où les citoyens chantent41. Beaucoup plus rarement, le geste fondateur se reproduit : pour célébrer le traité de Lunéville, deux arbres de la paix, dont l’un qualifié de « vivace », sont repiqués à Réquista42 et à Issoire43. À l’image des banquets fraternels, la plantation de l’arbre réapparaît très ponctuellement, mais lorsque la concorde gagne à nouveau le pays. De 1804 à 1814, l’arbre ne fixe plus la fête, il est même presque complètement oublié. Cependant, comme précédemment, il ressurgit à quatre reprises dont la première à Réquista, où la tradition semble marquée, lors de la Saint Napoléon 180644. Surtout, ce sont la naissance et le baptême du Roi de Rome, au printemps 1811, qui encouragent les maires de Bourg-Saint-Andéol, de Saint-Affrique et de Vic-sur-Allier à planter un arbre, cette fois ci très napoléonien. En Ardèche, M. Faure Fontanier, agent forestier, en offre un aux autorités, les encourageant même à en fixer deux autres à Saint-Marcel45. Par le choix d’un ormeau, le maire de Vic-sur-Allier entend, lui, « laisser à la postérité un monument de l’amour [des habitants] pour leur souverain »46. Si grâce à l’arbre, la fête s’enracine, avec l’aérostat, elle s’élève.

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11Encouragés à se réunir en plein air, sous la seule coupole du ciel où s’opère la transcendance républicaine, les citoyens voient dans la montée au ciel de l’aérostat la consécration de la fête utopienne47. Intimement lié à la présence du personnel compétent et davantage encore à l’état des caisses municipales – à la différence de la plantation de l’arbre – le choix du ballon ne peut se maintenir que dans les communes les plus fortunées. Sa programmation dans les fêtes consulaires et impériales est en cela moins aisée que celle de l’ormeau. L’expérience n’a ainsi lieu qu’à neuf reprises en près de quinze ans… et sans surprise désormais, en germinal an IX, brumaire an X, août 1807 et juin 1811 ; deux ballons s’élèvent en dehors de ce schéma redondant, lors des Saint Napoléon 1812 et 1813 à Clermont-Ferrand48 et Aurillac49. Le 18 brumaire an X (9 novembre 1801), la paix est à l’honneur à Mende : le « ballon était décoré d’inscriptions analogues à cette heureuse journée ; le peuple le suivait des yeux durant son élévation, jusqu’au moment où il s’est perdu dans les nuages »50. Le 9 juin 1811 monte dans le ciel aurillacois un aérostat représentant « un pavillon impérial et offrant à la vue un superbe transparent »51. Dans la capitale auvergnate à la Saint Napoléon suivante, la tentative « aéropyrique du flambeau de Mars » est le clou de la fête52. En parfaite harmonie avec la vulgate gouvernementale, l’envol du ballon attire presque tous les regards vers le ciel où réside désormais la seule transcendance napoléonienne ; consignés dans leurs chambres durant le spectacle, les prisonniers espagnols sont même exclus de cette communion sélective. Si cette appropriation pédagogique de tout l’espace festif ne s’opère que rarement, la multiplicité des langages didactiques offre aux programmateurs d’autres ressorts.

12Le décor, l’image et le verbe sont les outils de la pédagogie républicaine et de la propagande napoléonienne. Bonaparte laisse à leurs pratiques les organisateurs de fêtes durant le Consulat avant que Napoléon n’intime d’autres choix à partir de 1804. Suivant les finances, les décorations et les écriteaux emplissent plus ou moins la cave et le grenier municipaux et servent une ou plusieurs fois. Dans le prolongement naturel de la décennie révolutionnaire, ils apparaissent dans 40 % des fêtes données au cours des années consulaires contre seulement 19 % durant l’Empire.

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13Le nombre d’éléments de mise en scène utilisés varie peu : vingt-neuf au cours du Consulat, vingt-cinq durant l’Empire. Quinze ne survivent toutefois pas dans les années impériales, et parmi eux, les plus symboliques de la fête révolutionnaire. L’autel de la patrie, incarnation de la nouvelle religion civique, compte pour 16 % des décors recensés : parfois suppléé par l’autel catholique restauré avant 1804, il disparaît évidemment définitivement ensuite. Les administrateurs connaissent la vertu éducatrice et la sacralité des statues républicaines. La vive impression que suscite sur les citoyens cet art du réel53 ne trouve que de rares occasions de s’exercer. Seules une statue de la Paix, trois de la Victoire et six de la Liberté sont placées dans les temples décadaires provinciaux, réapparaissant parfois d’une fête sur l’autre comme à Riom, en germinal puis en messidor an IX, quand la statue de la Liberté est positionnée à côté de l’autel de la patrie54. Une fois l’Empire institué, une Victoire seulement est reconnue : elle couronne le buste de l’empereur au Puy-en-Velay lors de la Saint Napoléon 180755. Dès son arrivée au pouvoir, le Premier Consul prétexte la fragilité des statues en plâtre de la République pour les remplacer par d’imposantes colonnes ou pyramides élevées à la gloire des soldats56. Au moins huit sont dressées dans les terres du Centre et conformément aux souhaits napoléoniens, treize nouvelles le sont durant les années impériales. Elles représentent alors un élément de décor sur dix au cours de ces années là. Monuments éphémères inspirés de l’Antiquité, les arcs de triomphe le sont également. Marqueurs spatiaux, symboles de la République Romaine, ils ancrent un peu plus la didactique révolutionnaire dans l’histoire. Bonaparte en a conscience, les autorités locales aussi : onze arcs au minimum sont fabriqués entre 1800 et 1804, dix-huit autres le sont ensuite jusqu’en 1813. Ils sont même l’un des quatre points forts des décorations impériales. Les drapeaux et rubans tricolores ne connaissent pas le même succès. Présents dans quinze fêtes consulaires, le passage à l’Empire leurs est fatal. La bannière brandie autrefois à Arcole, maintenue non sans quelques hésitations comme symbole national57, est progressivement remplacée par le drapeau impérial. La tentation de l’étendard vert frappé de l’Aigle et rehaussé de lettres d’or fait son chemin puisqu’il est utilisé au moins huit fois. Quatre aigles de plâtre ou de bronze sont même dénombrés ; le coq apparu une seule fois à Aurillac le 14 juillet an IX semble isolé58. Aux trois arches civiques et aux exemplaires uniques de l’urne antique, des tables de la Constitution de l’an III ou encore de la maquette de la Bastille59 répertoriés, Napoléon répond par son effigie. Elle est associée à un autre élément décoratif à sept reprises durant le Consulat et à Mende, le 18 brumaire an X (9 novembre 1801), comme à Neschers quelques années auparavant, elle est descendue au cours de la cérémonie sur l’autel de la paix60. Le buste de l’empereur est installé à l’occasion de dix-sept fêtes données sous l’Empire ; faible chiffre comparé aux 430 solennités impériales recensées, mais il vient presque en tête des ornementations utilisées. L’empereur et l’Aigle sont d’ailleurs également les deux motifs dessinés ou projetés les plus employés durant la décennie, les emblèmes de la liberté ne donnant lieu qu’à, semble-t-il, une seule illumination. Les seules décorations à se maintenir fortement sont les trophées militaires et surtout les guirlandes et couronnes de verdure, de laurier ou de chêne – 20 % des décorations de 1800 à 1814. Signifiantes sous la République, elles persistent sous l’Empire, témoignent surtout de pratiques folkloriques bien antérieures à la Révolution et restent les décorations les moins coûteuses pour les municipalités. L’une des innovations marquées de la décennie écoulée se maintient également, avec un changement toutefois.

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14Souvent étroitement liées à un monument, à une statue qu’elles commentent ou simplement sous forme de transparents éclairés, les inscriptions interpellent le spectateur. La fonction didactique de ces notations verbales est forte : elles nomment, prolongent, explicitent et commentent61. En vers ou en prose, elles sont presque exclusivement l’apanage des fêtes urbaines. Sur toute la région, seuls deux bourgs et un village y ont recours, signe qu’une fête campagnarde simplifiée coexiste avec une fête urbaine plus « savante ». Sous le Consulat, vingt et une journées proposent des pensées écrites contre cinquante-cinq sous l’Empire, soit respectivement dans 15 % et 13 % des cas documentés. Si leur usage ne faiblit pas, une spécificité émerge dès 1805 : les distiques ne sont plus seulement rédigés en français – langue nationale de la régénération révolutionnaire62 – mais également en latin – près de deux sur cinq. Marquant ainsi davantage encore la filiation des fêtes impériales napoléoniennes avec celles de la Rome antique, ces inscriptions sont en plus très rarement traduites. Le 15 août 1806 à Millau, en proposant une traduction française de l’un des vers qu’il a composés, et qui a été affiché pour l’occasion, M. Benoît, professeur de langue latine au lycée de Nîmes, fait figure d’exception63. Dès les premiers mois du Consulat, les légendes placardées ou illuminées ne concernent guère la République ou son proche passé64. Une seule rend grâce à la Constitution de l’an VIII et deux aux consuls ainsi qu’au gouvernement. Avec six mentions, Bonaparte est déjà au centre des préoccupations ; ses politiques pacifique, religieuse, législative et codificatrice sont prises pour thèmes à respectivement six reprises pour la première et deux pour chacune des suivantes. En cette période de succès militaires et de morts de jeunes généraux républicains, les braves soldats et la grande armée, dont le culte est associé aux fêtes nationales, sont honorés neuf fois, dont à trois reprises en latin. Les initiatives du héros soulèvent la même ferveur sous l’Empire, suscitant même davantage d’inspiration autour du prince. Évoquée à au moins quatorze reprises, la paix fait toujours recette chez les auteurs ; l’attention accordée aux militaires et aux succès sur le champ de bataille aussi – six et huit apparitions. Napoléon, chef d’État vertueux – quatorze –, maître du monde – sept – et héritier de l’Antiquité – cinq – sont les refrains les plus lus. Incarnation d’un véritable messianisme historique et national65, un texte le place même dans la lignée des Carolingiens ; le Roi de Rome, héritier des Napoléonides, retient alors naturellement la plume de ces versificateurs d’un jour. Parfois mis en musique, ces couplets sont même chantés.

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15Conjuguant la force d’émotion des mots et de la musique, le chant permet une participation affective et populaire à la fête. Répondant également à la portée limitée de la voix en plein air, il stimule la communion républicaine66. Le relatif flou avec lequel les rédacteurs de procès-verbaux rendent compte des chansons entonnées ne permet pas une authentification précise de tous les textes. Chose sûre celle-là, à l’exception du Te Deum, repris dans près de 63 % des fêtes données après 1804, les années impériales se singularisent par leur faible diversité : quinze airs analogues aux réjouissances mais indéterminés, quatre Domine salvum fac imperatorem, un hymne à la paix et un chant d’hyménée. Autre certitude : les chants révolutionnaires encore entendus sous le Consulat ne sont plus repris. Entre 1800 et 1804, La Marseillaise, leTe Deum de la République67, n’est clairement mentionnée que dix fois alors qu’elle l’est dans un procès-verbal sur deux du Puy-de-Dôme au cours de la décennie précédente68. Une fois l’Empire proclamé, l’hymne n’est plus jamais entonné, en ville comme à la campagne : à rythme et scansion simples, rapidement adopté et fréquemment repris au cours des solennités révolutionnaires, toujours au cœur des consciences populaires, La Marseillaise déserte les programmes officiels et les répertoires festifs chantés après 1806. Les « hymnes patriotiques » ou autres « airs civiques et républicains » indéterminés sont mentionnés à quarante-deux reprises. Arrivent ensuite dans l’ordre l’Hymne à la paix – sept –, le Chant du départde Chénier et Méhul –, six – ainsi que l’air de Grétry, Où peut-on être mieux – six également – si cher à Napoléon et qui accompagnait chaque apparition de Louis XVI en public69. Parmi les quinze derniers airs identifiés, l’air chéri de Gossec, Veillons au salut de l’empire, semble résonner seulement deux fois. En substituant à l’« empire », pris au sens général de l’État, l’« Empire » avec une majuscule, Napoléon se réapproprie adroitement ce patrimoine révolutionnaire70 ; dommage que le titre n’apparaisse dans quasiment aucun des rapports festifs locaux, signe que l’héritage musical républicain, même détourné, ne pénètre pas efficacement les campagnes du Massif Central sous l’Empire napoléonien.

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16Bonaparte accède au trône impérial par la voie républicaine et impose son culte par delà les célébrations révolutionnaires. Dès les premiers mois qui suivent son accession au pouvoir en l’an VIII, il profite de sa renommée acquise en Italie pour investir les fêtes provinciales. La réduction des fêtes nationales aux seuls 14 Juillet et 1er Vendémiaire ampute nettement l’héritage moral et commémoratif de la République. Les succès militaires et surtout pacifiques obtenus parallèlement sur la scène européenne consacrent alors autant l’ardeur et le génie bonapartistes que les valeureux soldats républicains. Malgré l’engouement suscité par les accords de paix consulaires, le culte républicain ne se maintient apparemment pas de manière homogène dans les campagnes du Massif Central. La mobilisation festive républicaine épouse encore largement sous le Consulat les traits de la géographie cérémonielle révolutionnaire71, entre une bordure Sud-Est du Massif Central fortement déchristianisée et violemment encouragée à observer les cultes civiques montagnards et une large bande occidentale s’étalant de l’Aveyron au Nord de la Loire accueillant plus favorablement le mouvement religieux72 et populaire de l’an II. Les fêtes républicaines subsistent, voire persistent vigoureusement, le long de cette diagonale, sous l’impulsion d’un personnel préfectoral ou municipal efficace et l’influence des structures jacobines locales renouvelées sous le Directoire. Face à elle, un croissant se dessine du Sud de la Lozère jusqu’au Forez – voire jusqu’au Livradois puy-dômois – en englobant complètement le Vivarais. Assurément peu encline à la célébration républicaine, cette aire devient littéralement réfractaire en Ardèche, où même le destin bonapartiste ne suscite apparemment aucun émoi. Ailleurs pourtant, grâce à l’enthousiasme généré par les traités de paix imposés à l’Europe et à l’apaisement des tensions religieuses intérieures, Napoléon jette les premières bases – timidement reprises – d’un culte personnel dès l’an X, que seul le décret de 1806, après l’épisode du « sacre fédératif », arrive à imposer dans le Massif Central. Les structures festives récemment héritées se défont rapidement : seuls les élans pacifistes nationaux des ans IX et X, de l’été 1807, et la perspective d’ancrer l’expérience politique napoléonienne dans le temps avec la naissance d’un héritier, au printemps 1811, sont à même de faire ressurgir quelques gestes républicains symboliques. Napoléon profite des ressorts festifs en place pour stimuler son propre culte mais laisse volontiers les autorités municipales remplacer progressivement les symboles républicains par de nouveaux insignes napoléoniens. Dès les années consulaires, la présence lors des fêtes officielles de décors, d’allégories ou d’écriteaux républicains s’amenuise nettement. Ces derniers se maintiennent exclusivement dans les villes aux portefeuilles les mieux garnis et redevables de comptes rendus festifs enthousiastes aux cabinets ministériels. La mobilisation festive ne faiblit pas seulement par son ampleur entre 1800 et 1804 : les cérémonies nationales ne recourent presque plus à la pédagogie civique proprement dite. Dans les principales sous-préfectures et préfectures de la région, la mise en scène républicaine est nulle ou faible ; seule celle des villes de Mende et du Puy-en-Velay paraît se positionner à un niveau élevé. Dans la plupart des villages et des cités, quasiment rien dans les décors ne rappelle la République ; les terres bleues du Sud-Est régional les ont même définitivement mis au placard, les campagnes ardéchoises oubliant volontairement la décennie révolutionnaire et ne galvaudant ainsi en rien leur attachement à l’ancienne dynastie des Bourbons. Le passage à l’Empire ne bouleverse pas la donne73. Entre 1805 et 1813, les images et les décors révolutionnaires désertent un peu plus les solennités nationales, institutionnalisées et extraordinaires. Leur apparition dans les programmations reste finalement nulle ou très faible dans quasiment toutes les localités festives régionales : l’imagerie napoléonienne – lorsqu’elle existe – a définitivement supplanté les emblèmes révolutionnaires. Pourtant, à l’occasion de l’épisode des Cent Jours, c’est bien le drapeau tricolore qui accompagne le retour de l’Aigle. Dans des fêtes plus ou moins spontanées, les administrateurs locaux imitent les gestes parisiens. À Cusset dans l’Allier le 1774 ou à Issoire dans le Puy-de-Dôme le 2475 mars 1815, les cocardes et les bannières tricolores sont épinglées et déployées : destin providentiel pour ces drapeaux républicains jamais arborés lors des fêtes napoléoniennes que de ressortir des tiroirs pour tenter de légitimer la restauration de… l’Empire.

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Annexe

Document 1. Les fêtes officielles dans le Massif Central – 1800-1805

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Document 2. Thèmes des inscriptions proposées lors des fêtes officielles – 1800-1814

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Document 3. Niveau de présence des allégories et des décors républicains dans les fêtes officielles. Massif Central – Consulat (1800-1804)

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Document 4. Niveau de présence des allégories et des décors républicains dans les fêtes officielles. Massif Central – Empire (1804-1813)

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Notes

1Annie Jourdan, Napoléon, héros, imperator, mécène, Paris, Aubier, 1998.

2Philippe Bourdin, Le Puy-de-Dôme sous le Directoire. Vie politique et esprit public, Clermont-Ferrand, Mémoires de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, 1990.

3Jean-Luc Chappey, « La notion d’Empire et la question de la légitimité politique »,Siècles, Clermont-Ferrand, PUBP, 2004, n°17, p. 112.

4Michel Vovelle, La mentalité révolutionnaire, Paris, Éditions sociales, 1989, p. 168.

5Rémi Dalisson, Les trois couleurs, Marianne et l’Empereur, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2004, p. 14.

6Natalie Petiteau, Napoléon, de la mythologie à l’Histoire, Paris, Éditions du Seuil, 1999, p. 321.

7Mona Ozouf, « Discussion », Colloque de Clermont-Ferrand, Les fêtes de la Révolution, Paris, Société des Études Robespierristes, 1977.

8Cyril Triolaire, « Aux sources d’une Province festive et théâtrale pendant le Consulat et l’Empire », Siècles, Clermont-Ferrand, PUBP, p. 57-74.

9Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, Gallimard, 1976, p. 197.

10Michel Vovelle, Les métamorphoses de la fête en Provence de 1750 à 1820, Paris, Aubier-Flammarion, 1976. Vives en l’an IV et en l’an VI, en fort retrait en l’an V, les commémorations révolutionnaires provençales perdent de la vigueur à la fin des années directoriales et, avant la proclamation impériale de 1804, la fête du 1er vendémiaire an VIII semble être la seule à avoir suscité une série notable de fêtes.

11AN, Bulletin des lois, loi du 3 nivôse an VIII relative aux fêtes nationales.

12AD Puy-de-Dôme, 1 Mi 536 (R4). Procès-verbal de la commune d’Issoire, le 30 floréal an VIII (20 mai 1800).

13Jacques-Olivier Boudon, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Perrin, 2003, p. 134.

14Voir document 1 : « Les fêtes officielles dans le Massif Central (1800-1805) ».

15Sur respectivement les 39 villes, 25 villages et 2 bourgs apparaissant dans lecorpus final des procès-verbaux répertoriés entre 1800 et 1805.

16Jacques-Olivier Boudon, op. cit., p. 124.

17Jacques-Olivier Boudon, « Les fondements religieux du pouvoir impérial », Natalie Petiteau (dir.), Voies nouvelles pour l’histoire du Premier Empire, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2003, p. 206.

18AD Loire, 1M417. Circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets des départements, le 20 thermidor an XII (8 août 1804).

19AD Lozère, F2250. Lettre de Ignon à sa femme, le 24 frimaire an XIII (15 décembre 1804).

20Mona Ozouf, op. cit., p. 130.

21Jacques-Olivier Boudon, Histoire du Consulat…op. cit., p. 135.

22AM Aurillac, II D1. Procès-verbal du 4e jour complémentaire de l’an XI (21 septembre 1803). D’après l’étude des cortèges des fêtes antérieures du 1er vendémiaire, l’église ne semble pas être l’ancien temple décadaire aurillacois.

23AM Billom. Procès-verbal du 1er vendémiaire an X (23 septembre 1802).

24Médiathèque de Roanne, 1 Z3 1. Journal du département de la Loire, 19 août 1807.

25Michel Vovelle, Les métamorphoses…, op. cit.

26Jean-Pierre Gross, « Le banquet fraternel de l’an II », dans Michel Vovelle,Mélanges, Paris, Société des Études Robespierristes, 1997, p. 253.

27Mona Ozouf, « Discussion », Colloque de Clermont-Ferrand, Les fêtes…op. cit.

28AD Aveyron, 1M849, PV du maire de Crespin, le 7 ventôse an IX (26 février 1801).

29AN, F1C III Cantal 1, PV du secrétaire général de la préfecture d’Aurillac, le 18 brumaire an X (9 novembre 1801).

30AD Aveyron, 1M851, PV du maire de Lanhac, le 9 juin 1811.

31AD Puy-de-Dôme, M 122. Procès-verbal du maire d’Issoire, 25 messidor an VIII (14 juillet 1800).

32AD Aveyron, 1M 849. Procès-verbal du maire de Réquista, 10 ventôse an IX (1er mars 1801).

33AD Puy-de-Dôme, M 122. Procès-verbal du maire de Vic-sur-Allier, 14 août 1807.

34Mona Ozouf, op. cit., p. 409.

35André Corvol, « Les arbres de la liberté : origines et transformations », Actes du 114e Congrès National des Sociétés Savantes, Les espaces révolutionnaires, Paris, Éditions du CTHS, 1990, p. 294.

36Philippe Bourdin, « La Basse-Auvergne : une seconde Vendée ? » et Valérie Sottocasa-Cabanel, « Révolution, Contre-Révolution et mémoire collective en terre de frontière religieuse – Le Sud du Massif Central », dans Jean-Clément Martin(dir.), La Contre-Révolution en Europe, Rennes, PUR, 2001, p. 35-59 et 61-75.

37AD Aveyron, 2E 175 (49). Procès-verbal du maire de Mur de Barrès, le 9 pluviôse an VIII (29 janvier 1800).

38AM Aurillac, II D1. Procès-verbal du maire d’Aurillac, 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800).

39AD Aveyron, 1M 849. Discours du sous-préfet de Saint-Affrique, 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800).

40AD Lozère, M 12 634. Procès-verbal du maire de Marvejols, 20 germinal an IX (10 avril 1801).

41AD Loire, 1M 593. Procès-verbal du maire de Saint-Étienne, 25 messidor an VIII (14 juillet 1800).

42AD Aveyron, 1M 849. Procès-verbal du maire de Réquista, 10 ventôse an IX (1er mars 1801).

43AD Puy-de-Dôme, M 122. Procès-verbal du maire d’Issoire, 20 germinal an IX (10 avril 1801).

44AD Aveyron, 1M 850. Procès-verbal du maire de Réquista, 15 août 1806.

45AD Ardèche, E 45I1 (2). Lettre de M. Faure Fontanier au maire de Bourg-Saint-Andéol, 29 mars 1811.

46AD Puy-de-Dôme. Lettre du maire de Vic-sur-Allier au préfet, 13 mars 1811.

47Mona Ozouf, op. cit., p. 215-216.

48BCIU Clermont-Ferrand (Bibliothèque communautaire et interuniversitaire de Clermont-Ferrand), MPA3 (4), Journal hebdomadaire du Puy-de-Dôme, 12 août 1812.

49AD Cantal, 43M 1. Procès-verbal du maire d’Aurillac, 15 août 1813.

50AD Lozère, M 12 634. Livret de la fête, 18 brumaire an X (9 novembre 1801).

51AD Cantal, 43M 1. Procès-verbal du maire d’Aurillac, 9 juin 1811.

52BCIU Clermont-Ferrand, MPA3 (4), Journal hebdomadaire du Puy-de-Dôme, 12 août 1812.

53Annie Jourdan, « Politique artistique et Révolution Française (1789-1800). La régénération des Arts : un échec ? », AHRF, 1997, n°3, p. 405.

54AM Riom. Procès-verbaux des 10 germinal et 25 messidor an IX (10 avril et 14 juillet 1801).

55AD Haute-Loire. Procès-verbal du préfet, 15 août 1807.

56Jean Garrigues, Images de la Révolution, Paris, Du May BDIC, 1988, p. 46.

57Raoul Girardet, « Les trois couleurs. Ni blanc, ni rouge », dans Pierre Nora (dir.),Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997, t.1, p. 54.

58AD Cantal, 43M 1. Procès-verbal du maire d’Aurillac, 25 messidor an IX (14 juillet 1801).

59AD Lozère, M12 635. Livret de la fête, 25 messidor an VIII (14 juillet 1800).

60AD Lozère, M 12 634. Livret de la fête, le 18 brumaire an X (9 novembre 1801).

61Judith E. Schlanger, « Le peuple au front gravé », Colloque de Clermont-Ferrand, Les fêtes…op. cit.

62Serge Bianchi, La Révolution culturelle de l’an II, Paris, Aubier, 1982.

63AD Aveyron, 1M 850. Procès-verbal du maire de Millau, le 15 août 1806.

64Voir document 2 : « Thèmes des inscriptions proposées lors des fêtes officielles – 1800-1814 ».

65Alexandre Y. Haran, Le lys et le globe, Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux XVIe et XVIIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2000.

66Jean-Louis Jam, « Fonctions des hymnes révolutionnaires », Colloque de Clermont-Ferrand, Les fêtes…op. cit.

67Michel Vovelle, « La Marseillaise. La guerre ou la paix », Pierre Nora (dir.),op. cit., p. 115.

68Frédéric Derne, « La Chanson, “arme” révolutionnaire et chambre d’écho de la société en Auvergne », AHRF, 2005, n°341, p. 42.

69Monique Decitre, « Musiciens et Maîtres à danser des bals de société et bals populaires au service et à la gloire du Consulat et de l’Empire », dans Les usages politiques des fêtes aux XIX-XXe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 73.

70Michel Vovelle, « La Marseillaise… », op. cit., p. 123-124.

71Voir document 3 : « Niveau de présence des allégories et des décors républicains dans les fêtes officielles – Massif Central – 1800-1804 ».

72Albert Mathiez, Les origines des cultes révolutionnaires. 1789-1792, Genève, Slatkine-Megariotis Reprints, 1977.

73Voir document 4 : « Niveau de présence des allégories et des décors républicains dans les fêtes officielles – Massif Central – 1804-1813 ».

74AM Cusset. Procès-verbal du maire de Cusset, 17 mars 1815.

75BCIU Clermont-Ferrand, MPA 3 (7). Journal du département du Puy-de-Dôme, 8 avril 1815.

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Pour citer cet article

Référence papier

Cyril Triolaire, « Célébrer Napoléon après la République : les héritages commémoratifs révolutionnaires au crible de la fête napoléonienne », Annales historiques de la Révolution française, 346 | 2006, 75-96.

Référence électronique

Cyril Triolaire, « Célébrer Napoléon après la République : les héritages commémoratifs révolutionnaires au crible de la fête napoléonienne », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 346 | Octobre/Décembre 2006, mis en ligne le 01 décembre 2009, consulté le 25 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/ahrf/7683

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Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand II), Centre d’Histoire « Espaces et Cultures », Maison de la recherche, 4 rue Ledru, 63057 Clermont-Ferrand cedex 1, cyril.trio@wanadoo.fr

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Paris, Fayard, 2010

Paru dans Annales historiques de la Révolution française375 | janvier-mars 2014

Paru dans Annales historiques de la Révolution française362 | octobre-décembre 2010

Paru dans Annales historiques de la Révolution française367 | janvier-mars 2012

Paru dans Annales historiques de la Révolution française364 | avril-juin 2011

Rome, École française de Rome, 2009, 692 p., ISBN 978‑2‑7283‑0866‑8, 58 €.

Paru dans Annales historiques de la Révolution française363 | janvier-mars 2011

http://www.nogentrev.fr/archives/2016/08/20/34209079.html

https://napoleonbonaparte.wordpress.com/tag/premier-consul/

Napoléon Bonaparte..

Le souverain..Le seigneur de la guerre..Le maître de l’Europe..

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Le sacre de l’empereur Napoléon Bonaparte.

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Jusqu’à..sa chute..

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https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article632

L’éléphant de La Bastille..

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S’il fut question, au lendemain de la Révolution française, d’élever place de la Bastille un monument commémoratif à la place de la vieille forteresse, c’est Napoléon qui opta en 1810 pour le projet d’y dresser un éléphant, dont l’Empire n’accouchera pas et auquel on préférera une colonne « des immortelles journées » de juillet 1830

De graves préoccupations ajournant le projet d’implantation d’un monument en lieu et place de la défunte prison, Napoléon le reprit et voulut y ériger l’Arc de Triomphe de la Grande-Armée, avant que l’Institut ne l’en dissuadât : dans une lettre écrite de Saint-Cloud le 9 mai 1806 à Champagny — ministre de l’Intérieur de 1804 à 1807 —, Napoléon explique qu’ « après toutes les difficultés qu’il y a à placer l’Arc de Triomphe sur la place de la Bastille, (il consent) qu’il soit placé du côté de la grille de Chaillot, à l’Étoile, sauf à remplacer l’Arc de Triomphe sur la place de la Bastille par une belle fontaine, pareille à celle qu’on va établir sur la place de la Concorde. »

La pensée de l’empereur se précise dans le décret du 9 février 1810 : « Il sera élevé sur la place de la Bastille, une fontaine de la forme d’un éléphant en bronze, fondu avec les canons pris sur les Espagnols insurgés ; cet éléphant sera chargé d’une tour et sera tel que s’en servaient les anciens ; l’eau jaillira de sa trompe. Les mesures seront prises de manière que cet éléphant soit terminé et découvert au plus tard le 2 décembre 1811. » Napoléon ignorait, semble-t-il, le projet de Ribart en 1758 : « L’éléphant triomphal, grand kiosque à la gloire du roi (Louis XV) ».

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La fontaine de l’éléphant de la Bastille : projet d’Alavoine

L’éléphant de La Bastille.. 

L’éléphant de la Bastille est un projet napoléonien de fontaine parisienne destinée à orner la place de la Bastille. Alimentée par l'eau de l'Ourcq acheminée par le canal Saint-Martin, cette fontaine monumentale devait être surmontée de la statue colossale d'un éléphant portant un howdah en forme de tour.

Confiée après 1812 à l'architecte Alavoine, sa réalisation fut remise en cause par la chute de Napoléon avant d'être abandonnée, après la Révolution de 1830, au profit de la colonne de Juillet. Seuls les infrastructures, le bassin et le socle de cette fontaine furent réalisés entre 1810 et 1830. Encore visibles de nos jours, ils servent de base à la colonne.

La statue de l'éléphant ne fut jamais exécutée en bronze, mais un modèle en plâtre à l'échelle 1, élevé en 1814 près du chantier puis détruit en 1846, constitua pendant une trentaine d'années un objet de curiosité qui suscita les commentaires de plusieurs écrivains avant d'être immortalisé par Victor Hugo dans une scène des Misérables mettant en scène le jeuneGavroche. 

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La fontaine de l'éléphant, projet d'Alavoine (vers 1813-1814). Il s'agit probablement de la vue exposée au Salon de 1814, ou d'une chromolithographie de celle-ci (Paris, musée Carnavalet).

Le Consulat..

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Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie ! Il faut en commencer l’histoire et voir ce qu’il y a de réel et de possible dans l’application des principes et non ce qu’il y a de spéculatif et d’hypothétique.

(Napoléon Bonaparte)

..18 et 19 Brumaire à Saint-Cloud..

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Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent.

(Napoléon Bonaparte)

L’Homme providentiel..

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Gouverner par un parti, c’est se mettre tôt ou tard dans sa dépendance ; on ne m’y prendra pas ! Je suis national.

(Napoléon Bonaparte)

L’insurrection royaliste du 13 Vendemiaire AN IV..

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La saignée entre dans les combinaisons de la médecine politique.

(Napoléon Bonaparte) 

La Convention nationale, qui, depuis sa réunion (22 septembre 1792), avait gouverné la France dans les circonstances les plus difficiles et les plus critiques avec une indomptable énergie, et maintenu toujours haut et ferme le drapeau de la République, venait d’achever son œuvre et de décréter la constitution de l’an III, qui confiait le pouvoir exécutif à un directoire composé de cinq membres, et l’élaboration des lois deux conseils, le conseil des Cinq-Cents et le conseil des Anciens. Cette constitution venait d’être soumise à l’acceptation du peuple réuni en assemblées primaires, et le 2 vendémiaire an IV (23 septembre 1795), après le recensement général des votes, on avait proclamé dans Paris l’acceptation de la constitution et des lois additionnelles par la majorité des assemblées primaires de la République. Cependant le parti royaliste, qui voyait le régime républicain s’affirmer de plus en plus, s’agitait dans Paris ; il s’était fortifié des mécontents de toutes les couleurs. On déclamait surtout dans les sections contre celle des lois additionnelles qui, pour rendre plus facile le passage du gouvernement conventionnel au gouvernement constitutionnel de la République, établissait que les deux tiers de la législature nouvelle seraient composés des membres sortants de la Convention, et que les assemblées électorales des départements n’auraient en conséquence à nommer, pour la première fois, qu’un tiers seulement de la nouvelle législature. Des orateurs forcenés, cachant leurs projets sous un masque républicain, s’animaient à la lutte. La garde nationale était en partie acquise à ce plan, que la presse royaliste soutenait de ses violences accoutumées : il s’agissait en réalité d’attaquer la Convention et de la dissoudre avant qu’elle eût achevé d’établir un gouvernement républicain régulier. 

Général en disgrâce..

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Je puis bien pardonner, mais oublier c’est autre chose.

(Napoléon Bonaparte) 

[Tout à fait..Macron !..]

Le Jacobin..

Le souper de Beaucaire

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Jeune, j’ai été révolutionnaire par ignorance et par ambition.

(Napoléon Bonaparte)

Patriote Corse et révolutionnaire Français..

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La République française ne veut point être reconnue [par les plus grandes puissances européennes] ; elle est en Europe ce qu’est le soleil sur l’horizon ; tant pis pour qui ne veut pas la voir et ne veut pas en profiter.

(Napoléon Bonaparte) 

Lors de son premier séjour à Valence..

Mademoiselle de Colombier

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Une belle femme plaît aux yeux, une bonne femme plaît au coeur : l’une est un bijou, l’autre est un trésor.

(Napoléon Bonaparte)

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L’homme de génie est un météore destiné à brûler pour éclairer son siècle.

(Napoléon Bonaparte)

[ C’est, sans doute, là-dessus, qu’un certain « Macron » s’est appuyé pour assouvir sa conquête de pouvoir et soif de diriger la France !..]

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Il n’a qu’à venir – il sera traité de la sorte !.

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Pour mémoire, moins d'un mois plus tard, le 25 avril 1792, Rouget de Lisle, alors capitaine dans un régiment du Génie,  chante à Strasbourg pour la première fois " le chant de guerre pour l'armée du Rhin " qui deviendra " la Marseillaise ". 

 

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Créé au cours de la Révolution française par une équipe chapeautée par Charles-Gilbert Romme, le calendrier républicain fut lancé le 15 vendémiaire an II (6 octobre 1793) mais le 22 septembre 1792, le jour de proclamation de la Première République, fut choisi comme son premier jour (1er vendémiaire an I). Il y avait 12 mois de 30 jours, chaque mois divisé en 3 décades (3 x 10 jours), plus 5 ou 6 jours rajoutés à la fin de l’année (17 au 21 septembre), pour que le calendrier reste aligné à l’année solaire. Les noms des mois représentaient leur saison :

De 1789 à 1799, la France est bouleversée par une révolution qui va toucher tous les aspects de la vie politique mais aussi quotidienne des Français.
La monarchie est remplacée par une République le 22 septembre 1792, où le gouvernement est partagé, les privilèges de la noblesse sont abolis et tous les hommes sont égaux en droit, la religion catholique est supprimée et ses églises fermées.
Parmi les autres changements, le gouvernement décide le 6 octobre 1793 de créer un nouveau calendrier. Le premier jour de l’an est fixé à la date anniversaire de la naissance de la Ière république, c’est-à-dire le 22 septembre, et non plus le 1er janvier !

Les jours et les mois changent de nom et la semaine ne compte plus 7 jours mais 10 : c’est une décade avec le primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi. Chaque mois comprend trois décades et l’année se termine avec 5 jours supplémentaires après le dernier mois de l’année (qui est fructidor).

Pour le nom des mois, le poète Philippe François Nazaire Fabre, dit Fabre d’Eglantine (1750-1794), s’est inspiré du rythme des saisons et des événements naturels qui y sont associés : l’année républicaine commence avec le mois de vendémiaire, mois des vendanges, correspondant à la période du 22 septembre au 21 octobre. Puis suivent les mois de brumaire (des brumes), et frimaire (des frimas) ; nivôse (des neiges), pluviôse (des pluies) et ventôse (du vent) ; germinal (de la germination), floréal (des fleurs) et prairial (des prairies) ; enfin messidor (des moissons), thermidor (des chaleurs) et fructidor (des fruits).

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Le calendrier au fil des saisons..

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Printemps :

Germinal, du 21 mars au 19 avril (germination)

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Floréal, du 20 avril au 19 mai (fleurs)

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Prairial, du 20 mai au 18 juin (récoltes des prairies)

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Eté :

Messidor, du 19 juin au 18 juillet (moisson)

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Thermidor, du 19 juillet au 17 août (chaleur)

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Fructidor, du 18 août au 16 septembre (fruits)

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Automne :

Vendémiaire, du 22 septembre au 21 octobre (vendanges)

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Brumaire, du 22 octobre au 20 novembre (brumes)

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Frimaire, du 21 novembre au 20 décembre (froid / frimas)

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Hiver :

Nivôse, du 20 décembre au 19 janvier (neige)

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Pluviôse, du 20 janvier au 18 février (pluie)

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Ventôse, du 19 février au 20 mars (vent)

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En 1917..

Pour la comparaison

Le mois « Pluviose »..

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Hérouard, Chéri (b,1881)- Le Calendrier, 1917 - Pluviose. 'Fantasio', 1917 (SM-424x600)

Le calendrier Républicain de..2017..

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Le « Fructidor » sous le quinquennat Hollande..

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Il faudrait pour cela lire le journal « Le Citoyen Français »..

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REPUBLIQUE FRANCAISE, EGALITE, SYSTEME REPRESENTATIF.

LE CITOYEN FRANÇAIS

JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, LITTERAIRE, etc..

(N°. 1325.)  Le 20 Messidor an XI de la République Française.

Malgré toutes les tempêtes, le vaisseau de l’Etat est entré dans le port ; il a jeté l’ancre, et la révolution est terminée.

Rendez-vous en 2014 sous l’arbre de La Liberté à Bayeux..

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L’arbre de la liberté symbolique en référence..

Autres utilisations

Aujourd'hui l'arbre de la liberté figure certes de façon très stylisée mais en motif principal sur les pièces françaises de 1 € et 2 €, et sur le logo du parti politique français, l'UMP.

 

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Il symbolise aussi en tant qu'arbre, la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est devenu au cours du XIXe siècle un des symboles ...

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Les arbres de la Liberté

L’arbre de la Liberté est à l’époque de la Révolution, l’un des symboles de la liberté fraichement acquise. Plantés, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent d’une localité, comme signes de joie et symboles d’affranchissement, ces végétaux devaient grandir avec les institutions nouvelles.

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Un petit livre de l’abbé Grégoire, publié après le décret de pluviôse, l’Essai historique et patriotique sur les arbres de la Liberté, montre bien quelle place ce grave sujet tenait alors dans les préoccupations du public ! Le livre est divisé en six chapitres, dont les titres sont parlants :

I. Arbres sacrés chez les anciens.
II. Du chêne.
III. Emblèmes de la liberté.
IV. Arbres de la liberté.
V. Le chêne doit être préféré pour l’arbre de la liberté.
VI. Réflexions civiques sur l’arbre de la liberté.»

Le choix des arbres faisait alors l’objet de vives controverses : les uns préféraient le chêne, les autres le peuplier, dont le nom latin populus prêtait à un calembour symbolique. Grégoire penchait pour le chêne : “L’arbre destiné à devenir l’emblème de la liberté, dit-il, doit être en quelque sorte fier et majestueux comme elle ; il faut donc :
1- Qu’il soit assez robuste pour supporter les plus grands froids, sans quoi un hiver rigoureux pourrait le faire disparaître du sol de la République…
2- Il doit être choisi parmi les arbres de première grandeur…, car la force et la grandeur d’un arbre inspirent un sentiment de respect qui se lie naturellement à l’objet dont il est le symbole.
3- La circonférence doit occuper une certaine étendue de terrain…, ce qui le rendra plus capable de remuer les sens et de parler fortement à l’âme.
4- l’ampleur de son ombrage doit être telle que les citoyens trouvent un abri contre la pluie et les chaleurs sous ses rameaux hospitaliers.
5- Il doit être d’une longue vie…
6- Il faut enfin qu’il puisse croître isolément dans toutes les contrées de la République. Or le chêne, le plus beau des végétaux d’Europe, réunit… etc. ”

Conclusion : « L’arbre de la liberté croîtra ; avec lui croîtront les enfants de la patrie ; à sa présence ils éprouveront toujours de douces émotions… Là les citoyens sentiront palpiter leurs cœurs en parlant de l’amour de la patrie, de la souveraineté du peuple… »

« On vit dans toutes les communes des arbres magnifiques élever leurs têtes et défier les tyrans : le nombre de ces arbres se monte à plus de soixante mille car les plus petits hameaux en sont ornés, et beaucoup des grandes communes des départements du Midi en ont presque dans toutes les rues, ou même devant les  maisons. » (abbé Grégoire 1794)

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« L’arbre… métaphore de la République. L’arbre… de tous les rendez-vous de la liberté : 1792… 1848… 1870… et de leurs descendants. Ses racines de liberté, d’égalité et de fraternité et de justice portent sa frondaison au plus haut dont les semences emportent le message républicain à tout vent et en tout lieu pour que se multiplient les terres d’espoir et de liberté. »

Victor Hugo, le 2 mars 1848, déclarait sous les acclamations : « C’est un beau et vrai symbole pour la liberté qu’un arbre ! La liberté a ses racines dans le cœur du peuple, comme l’arbre dans le cœur de la terre ; comme l’arbre elle élève et déploie ses rameaux dans le ciel ; comme l’arbre, elle grandit sans cesse et couvre les générations de son ombre. Le premier arbre de la liberté a été planté, il y a dix-huit cents ans, par Dieu même sur le Golgotha. Le premier arbre de la liberté, c’est cette croix sur laquelle Jésus-Christ s’est offert en sacrifice pour la liberté, l’égalité et la fraternité du genre humain. »

.L’arbre de la liberté ne saurait croître s’il n’était arrosé du sang des rois.
(Bertrand Barère de Vieuzac)

« Ces arbres symboles deviennent la cible des opposants de tous bords : ils furent mutilés, coupés, lacérés d’inscriptions royalistes… Dès l’origine, la liesse populaire, un peu folle, qui présidait aux fêtes de l’arbre avait un caractère de spontanéité suspect aux autorités organisées. Celles-ci, toutes révolutionnaires qu’elles fussent, n’eurent de cesse de légiférer sur les plantations. Ces arbres, plantés dans la plus stricte légalité, devinrent alors le symbole d’un régime honni par une partie de la population. Les délits se multiplièrent, à tel point qu’en l’an VII et en l’an VIII (1798-1800) bien peu avaient résisté. Le climat politique n’incitait plus à les défendre. Pendant le Consulat et l’Empire, beaucoup de ceux qui ont survécu sont rebaptisés arbres Napoléon, avant d’être de nouveau malmenés sous la Restauration. »

« Le symbole reprit évidemment de sa force en 1830 avec les trois Glorieuses, mais les arbres replantés à cette occasion furent rapidement arrachés. Toutefois, l’éradication dans les consciences ne pouvait être totale et les plantations continuèrent. Le pouvoir conseilla alors aux préfets de laisser faire dans la mesure où ces arbres ne portaient pas d’inscriptions ou d’objets, bonnets, lances…, qui pouvaient être autant de signes d’hostilité au régime en place. En 1848, une nouvelle vague de plantation fut brisée par le ministre de l’intérieur, Léon Faucher, et, en 1849, tous les arbres de la Liberté de Paris furent abattus. »

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« Ces arbres ont donc rarement survécu aux vicissitudes des régimes. Ce n’est qu’au prix d’un changement de nom ou du remplacement d’un bonnet phrygien par une croix que certains purent traverser les bourrasques. Il reste actuellement quelques témoins des premières campagnes de plantation : l’arbre de Gahard, le platane de Bayeux, le marronnier de Vry… », le chêne de Nouâtre [1], le chêne de Tarnac [2], le chêne de Saint-Ouen les Vignes [3], ou encore le chêne de Monteil dans le Lot [4]…

Source : Robert Bourdu, Arbres souverains, pp.180-185.

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Retrouvé une étude intéressante sur l’arbre de la liberté. A partir d’un corpus de 518 textes des Archives parlementaires (1789-1794), l’auteur présente la mutation du mai traditionnel en arbre de la liberté, à la fois objet et symbole, arbre planté et idéalisé. Emblème de la révolution française, enrichi et modifié au cours des évènements historiques, défini par un Essai théorique de Grégoire en 1794, l’arbre de la liberté ne rompt jamais complètement avec ses origines pré-révolutionnaires.

Erik Fechner. L’arbre de la liberté : objet, symbole, signe linguistique, Mots, 1987, n° 1, pp. 23-42. Télécharger l’article intégral par ici (20 pages en .pdf).
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Pierre Bliard a consacré un chapitre entier aux arbres de la Liberté dans « Fraternité révolutionnaire » écrit en 1908, j’ai scanné les pages, à télécharger ici.

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Bayeux : l'arbre de la Liberté à 200 ans !

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Photo ci-dessus de l’arbre de La Liberté de Bayeux.

La destruction des arbres de La Liberté..

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Destruction des arbres de la liberté par Henri Valentin, 1850.

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Les « brigands » s'apprêtant à abattre un arbre de la liberté en Vendée 
(dessin de Jean-Baptiste Lesueur, Musée Carnavalet)

Il y eut tout d’abord les arbres de La Liberté !

En 1790 naît l’Arbre de La Liberté !

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La plantation d’un arbre de la liberté en 1790, par Jean-Baptiste Lesueur.

L’arbre de la liberté est un symbole de la liberté, depuis la période de la Révolution française. Il symbolise aussi en tant qu'arbre de la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est devenu au cours du xixe siècle un des symboles de la République française avec la Marianne ou la semeuse. Il figure depuis 1999 sur les pièces françaises d'un euro et de deux euros.

 

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Plantés, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent d’une localité, comme signes de joie et symboles d’affranchissement, ces végétaux devaient grandir avec les institutions nouvelles.

Origine

L’usage de planter des arbres comme signe de la joie populaire est immémorial. On le trouve chez les Gaulois comme chez les Romains. Ces arbres eurent pour précurseurs l’arbre de mai, que l’on plantait dans beaucoup d’endroits pour célébrer la venue du printemps1. Les clercs de la basoche, à Paris, plantaient, chaque année jusqu’aux derniers temps de l’Ancien Régime, dans la cour du palais un arbre sans racines, ce qui donnait l’occasion de réjouissances restées célèbres. Le premier qui, en France, planta un arbre de la liberté, plusieurs années même avant la Révolution, fut le comte Camille d'Albon en 1782 dans les jardins de sa maison de Franconville, en hommage à Guillaume Tell.

Les arbres de la liberté pendant la Révolution française

Les premiers arbres : 1789-1791

À l’époque de la Révolution, par imitation de ce qui s’était fait aux États-Unis à la suite de la guerre de l’indépendance avec les poteaux de la Liberté2, l’usage s’introduisit en France de planter avec cérémonie un jeune peuplier dans les communes françaises. L’exemple en fut donné, en 1790, par le curé de Saint-Gaudent, dans la Vienne, qui fit transplanter un chêne de la forêt voisine au milieu de la place de son village.

L’élan de 1792

Les plantations d’arbres de la liberté se multiplient au printemps et à l’été 1792 : la France, en guerre contre l’Autriche, est saisie d’un élan patriotique, et la défense de la patrie se confond avec celle des conquêtes de la Révolution. L’arbre devient donc un symbole fort de l’idéal révolutionnaire3.

Le peuplier est alors préféré au chêne et, dès le commencement de 1792, LilleAuxerre et d’autres villes plantèrent des arbres de la liberté. Quelques mois après, plus de soixante mille de ces arbres s’élevèrent dans toutes les communes de France, d’après l’abbé Grégoire4. D’après le marquis de VilletteParis en possédait plus de deux cents.Louis XVI lui-même présida à l’élévation d’un de ces arbres dans le jardin des Tuileries, mais il fut abattu en pluviôse an II « en haine du tyran ». Au moment du jugement du roi qui devait aboutir à sa condamnation, Barère de Vieuzac va jusqu'à paraphraser Thomas Jefferson en déclarant : « L'arbre de la liberté ne saurait croître s'il n'était arrosé du sang des rois5. »

Inauguration

La plantation des arbres de la liberté se faisait avec une grande solennité, toujours accompagnée de cérémonies et de réjouissances populaires auxquelles prenaient part, dans un même enthousiasme patriotique, toutes les autorités, magistrats, administrateurs, et même le clergé, prêtres, évêques constitutionnels et jusqu’aux généraux. Ornés de fleurs, de rubans tricolores, de drapeaux, de cartouches avec des devises patriotiques, ces arbres servaient de stations comme les autels de la patrie aux processions et aux fêtes civiques avec plusieurs autres personnes.

Importance et entretien 

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L'un des plus vieux arbres de la liberté encore debout, à Bayeux6.

Les arbres de la liberté étaient considérés comme monuments publics. Entretenus par les habitants avec un soin religieux, la plus légère mutilation eût été considérée comme une profanation. Des inscriptions en vers et en prose, des couplets, des strophes patriotiques attestaient la vénération des populations locales pour ces emblèmes révolutionnaires. Des lois spéciales protégèrent leur consécration. Un décret de la Convention ordonna que l’arbre de la liberté et l’autel de la patrie, renversés le 27 ventôse an II, dans le département du Tarn, seraient rétablis aux frais de ceux qui les avaient détruits.

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L'Arbre de la Liberté d'Annappes (Platane d'Orient).

Un grand nombre d’arbres de la liberté déracinés en pleine croissance, étant venus à se dessécher, la Convention ordonna, par un décret du 3 pluviôse an II, que « dans toutes les communes de la République où l’arbre de la liberté aurait péri, il en serait planté un autre d’ici au1er germinal ». Elle confiait cette plantation et son entretien à la garde et aux bons soins des citoyens, afin que dans chaque commune« l’arbre fleurisse sous l’égide de la liberté française ». La même loi ordonna qu’il en serait planté un dans le Jardin National par les orphelins des défenseurs de la patrie. D’autres décrets prescrivirent des peines contre ceux qui détruiraient ou mutileraient les arbres de la liberté.

De nouveaux arbres furent alors plantés, mais, malgré toute la surveillance dont ils furent l’objet, beaucoup furent détruits par les contre-révolutionnaires, qui les sciaient ou arrosaient leurs racines de vitriol pendant la nuit. Ces attentats étaient vivement ressentis par le peuple, qui avait le culte de ces plantations ; les lois d’ailleurs les punirent souvent avec la dernière sévérité, et des condamnations à mort furent même prononcées contre leurs auteurs. Ainsi, à Bédoin dans le Vaucluse, 63 personnes furent exécutées, cinq cents maisons rasées pour non-dénonciation des personnes coupables d'avoir arraché un tel arbre7,8, les terres agricoles stérilisées au sel9. Trois paysans de La Versanne qui en coupèrent un furent guillotinés à Lyon10,11, un meunier de Mas-Grenier fut également guillotiné à Toulouse pour les mêmes faits12. En revanche, le révolutionnaire Marie Joseph Chalier envisagea d'utiliser de faire un grand fossé autour de l’arbre de la liberté, pour le fumer du sang des victimes de la guillotine du pont Moraud à Lyon13.

Ces sortes de délits furent très fréquents sous la réaction thermidorienne. Par exemple, le 8 juin 1794, le jour de la fête patronale d'Hirsingue, quelques-uns de ses habitants abattirent leur arbre. En conséquence, sur ordre de Nicolas Hentz et de Jean-Marie-Claude-Alexandre Goujon, représentants en mission auprès de l'armée du Rhin, fut décrétée l'arrestation et la détention à Besançon de tous les prêtres constitutionnels des départements rhénans (Haut-RhinBas-Rhin et Mont-Terrible) par le général Dièche (ils seront relâchés après le 9 thermidor), ainsi que la destruction de l'église14. Le 31 mars 1794, à Clermont, Michel Fauré est guillotiné pour avoir déraciné un arbre et crié « Vive le roi ! »15. LeDirectoire veilla au remplacement de ceux qui étaient renversés, mais Bonaparte cessa bientôt de les entretenir et fit même abattre une partie de ceux qui s’élevaient dans différents endroits de Paris. Sous le Consulat, toutes ces lois tombèrent en désuétude, et les arbres de la liberté qui survécurent au gouvernement républicain perdirent leur caractère politique. Mais la tradition populaire conserva le souvenir de leur origine.

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L'arbre de la liberté d'Oradour-sur-Glane, qui a survécu à l'incendie du village en 1944.

Les autels de La Paix..

A l’époque Romaine et sous l’occupation Gallo-Romaine..

Du temps de La Pax Romana..

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Ara Pacis

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(les deux photos ci-dessus représentent cet "Ara Pacis" qui se trouve à Rome..)

L'Ara Pacis (latin : Ara Pacis Augustae, « Autel de la Paix auguste ») ou Autel de la Paix est un monument de la Rome antique édifié par le premier empereur romain Auguste entre 13 et 9 av. J.-C., en l'honneur de Pax, déesse de la Paix. Il se trouve sur la Via Flaminia dans la zone septentrionale du Champ de Mars, dédiée à la célébration des victoires romaines. C'est un lieu symbolique du retour à la Paix car c'est là que les soldats et leur commandant, de retour de leur campagne militaire, effectuent les rites qui clôturent leur activité guerrière.

Ce monument est l'un des exemples les plus importants de l'art à l'époque du règne d'Auguste : il est destiné à symboliser la paix retrouvée grâce à lui après les affres des guerres civiles du dernier siècle de la République romaine. Auguste fait également construire d'autres monuments dans la partie nord de la ville de Rome, dont son mausolée et un gigantesque cadran solaire, l'Horologium Augusti. Pendant l'Antiquité tardive et le Moyen Âge, l'autel est peu à peu enterré sous quatre mètres de vase apportée par les inondations du Tibre.

Le monument est redécouvert au xvie siècle et des fouilles sont entreprises au xixe siècle. De nouvelles fouilles d'envergure, en1937-1938, conduisent à une reconstitution de l'édifice non loin de son emplacement originel, à proximité immédiate dumausolée d'Auguste. Celle-ci est utilisée à des fins de propagande par le régime fasciste de Mussolini. Le lieu d'exposition fait l'objet d'une profonde réfection et d'une réorganisation au début des années 2000.

Bien que les vestiges fassent partie des très rares éléments d'époque augustéenne dont nous pouvons avoir une vision globale satisfaisante, les chercheurs sont divisés sur l'importance à leur donner dans l'histoire de l'art.

Le nom de l'autel provient du titre que le Sénat donne à Octave en 27 av. J.-C. : Auguste. Le mot latin pacis vient de l'un des objectifs que s'est donné le nouvel empereur : rétablir la paix sur terre3. Les Romains dès leurs débuts honoraient d’un culte des abstractions personnalisées comme la Concorde, la Bonne Foi (Fides) ou la ChanceRef_ant 1. La divinisation de la Paix est plus récente, et apparaît pour la première fois sur des monnaies l’année de la mort de Jules César. La consécration d’un autel à la Paix reprend cette innovation4.

L’adjectif « Auguste », qui qualifie également Octave, a une valeur positive très marquée : ce mot, de la même racine que augures, qualifie « ce qui donne les présages favorables assurant le développement d'une entreprise »5. La Pax Augusta est donc prometteuse.

Deux autels furent consacrés à Auguste par le Sénat de son vivant : l'autel de la Fortuna Redux le long de la Via Appia érigé lors de la restitution des enseignes par les Parthes, en 19 av. J.-C. et qui était l'objet d'une commémoration annuelle dans une fête dénomméeAugustalia, et l'autel de la Paix6. Le souhait initial du Sénat était de célébrer l'empereur par un autel dédié au sein de la Curie, cet honneur étant refusé par l'intéressé, « car la paix, pax, est un bienfait octroyé par les dieux […] et non pas un être divin6 ». Le nom d'Auguste rappelle cependant son rôle dans la fin des affres des guerres civiles du ier siècle7.

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Horologium et Ara Pacis localisés sur un plan de Paul Bigot

Auguste lui-même évoque la création de l'autel dans le texte des Res Gestae, dont l'exemplaire original sur bronze était situé à proximité du mausolée qu'il fit construire pour abriter les dépouilles des membres de sa famille8. Dans ce texte visant à récapituler les grandes œuvres de l'empereur à sa mort, Auguste raconte le contexte de création de la construction alors qu'il revient d'Hispanie et de Gauleaprès trois ans d'absence. Pendant ces trois ans, il a mené des opérations de pacification et a organisé les provinces du sud de la Gaule :

« Lorsque je suis revenu d’Hispanie et de Gaule après avoir heureusement réglé les affaires dans ces provinces, sous le consulat de Tiberius Nero et de Publius Quintilius, le Sénat décida en l’honneur de mon retour de consacrer un autel à la Paix Auguste près du Champ de Mars, autel sur lequel il décréta que les magistrats, les prêtres et les Vierges vestales procéderaient à un sacrifice anniversaire »

— AugusteRes Gestae, 12.

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Image de synthèse reproduisant le théâtre de Pompée, monument emblématique des premières constructions politiques sur le Champ de Mars.

L'autel est placé sur le Champ de Mars, à la limite du pomerium9, « limites religieuses de la ville ». Cet espace faisait l'objet d'opérations d'urbanisme depuis la fin de la République en particulier par « ceux qui aspiraient au pouvoir10 ». Parmi les premières constructions liées à ce mouvement, le théâtre de Pompée peut être cité. Auguste commence dès 31 av. J.-C. la construction de son mausolée10.

Deux dates relatives à la mise en place de l'autel sont connues par les sources antiques11. La première, indiquée sur les Fastes d'AmiternumRef_ant 2, est le 4 juillet 13, qui marque la décision du Sénat pour la construction (constitutio) d'un autel dédié à la Pax Augusta3. La seconde, le 30 janvier, est donnée par Ovide et célèbre la consécration de l'autel, sa dedicatio au vainqueur d'ActiumRef_ant 3,8, date confirmée par les Fastes de PrénesteRef_ant 4 qui précisent que c'est sous le consulat de Drusus et Crispinus, c'est-à-dire en 9 av. J.-C. La cérémonie de consécration solennelle aux dieux marque le début du fonctionnement de l'édifice, en 9 av. J.-C.12,3. La date a son importance car c'est le jour de l'anniversaire de l'épouse d'AugusteLivie6 : l'aspect dynastique s'en trouve nettement souligné. L'autel réalisé ne fait pas l'objet d'une description dans les écrits de l'époque impériale13 qui nous sont parvenus.

L'Ara Pacis Augustae est situé sur le Champ de Mars, lieu d'entraînement des soldats, sur la Via Flaminia (aujourd'hui la Via del Corso), à l'extérieur des limites de la ville augustéenne14,15. Cette voie romaine partait de Rome en direction du nord de l'Italie et a été construite sur ordre de l'empereur Auguste3. De l'autre côté de la voie se trouvait peut-être un autre autel augustéen, l'Ara Providentiæ Augustæ8. Non loin de là se trouvait l'Horologium Augusti, cadran solaire géant dont le gnomon était un obélisque de Psammétique II16.

Les noms des artistes qui ont participé à l'élaboration du bâtiment et des décors ne sont pas connus mais le style artistique laisse penser à des artistes venus de l'Orient hellénistique3, peut-être un sculpteur provenant d'Aphrodisias, en Carie13.

L'autel n'est pas mentionné par la suite dans les sources littéraires ou les inscriptions, si ce n'est une représentation sur des monnaies de l'époque de Néron17. La topographie du Champ de Mars change au iie siècle et, quelques décennies après la construction, le niveau du sol s'élève massivement du fait des débordements fréquents du Tibre18. Dès12319, l'autel est isolé par un mur de brique pour prévenir l'enfouissement8 mais cette protection n'est pas suffisante18 et l'édifice est peu à peu recouvert entre les iie etive siècles20. Un palais, le Palazzo in Via in Lucina, est construit à l'emplacement de l'autel à la fin du xiiie siècle par le cardinal Hugh of Evesham20.

Redécouverte 

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Fragment de l'Ara Pacis au musée du Louvre, 1,14 m de haut, 1,57 m de long.

Vers 1536Agostino Veneziano réalise une plaque, aujourd'hui perdue, d'une partie du relief14 : cette plaque présente un cygne aux ailes déployées et une frise à rinceaux d’acanthe, aux analogies évidentes avec l'Ara Pacis21.

En 1568, neuf blocs du mur d'enceinte du bâtiment sont découverts dans la cour du Palazzo in Via in Lucina et achetés par la famille Médicis. Ces éléments de marbre étaient alors réputés faire partie de l'arc de Domitien20. Les blocs latéraux étaient décorés et en relief, mais ils étaient coupés en deux dans le sens de la longueur. Les blocs qui furent transférés dans la capitale des Médicis à Florence sont par exemple le relief dit de Tellus, la procession (grand bloc droit) et le deuxième bloc du grand côté gauche. Le fragment gauche de la procession provient du Vatican et est offert en 1954 à l'État italien. Aujourd'hui, ce fragment et le verso de ce dernier se situent dans le bâtiment moderne qui abrite l'Ara Pacis14.

Pendant que les fragments de Florence et du Vatican étaient assemblés, d'autres fragments non complétés du bâtiment étaient dispersés en Europe, par exemple celui acheté en 1863 par le musée du Louvre et issu de l'ancienne collection Campana. En 1859, la base de l'autel et un autre fragment furent découverts par hasard en renforçant les fondations du Palazzo Ottoboni : ce dernier représentait Énée et une tête de Mars du relief du Lupercal8. Le fragment fut transféré à Vienne et ne revint que beaucoup plus tard à Rome14.

Friedrich von Duhn identifie la construction en 1879 comme l'Autel de la Paix8. De nouveaux fragments sont retrouvés en 189422. Une première reconstitution graphique de l'ensemble est faite en 1902 par Eugen Petersen22, mais les fouilles des années suivantes ne permettent pas de confirmer sa proposition. Une nouvelle campagne de fouilles est mise en place en 1903. Cette dernière permet la réalisation du plan de l'infrastructure antique qui dans le même temps fut partiellement reconstruite14. Dès juillet 1903, les fouilles cessent pour ne pas menacer la stabilité du palais alors que seule la moitié de l'autel avait été explorée21,23.

La décision de reprise des fouilles date de février 193721. Les fouilles définitives ont lieu en 1937-193824. Réalisée avec les techniques de fouilles archéologiques les plus modernes de l'époque, en particulier par une technique permettant de geler le sol gorgé d'eau23, cette campagne permet de mettre définitivement au jour une « grande partie »25de l'autel14, en particulier deux côtés de l'enclos, dont l'un en très bon état de conservation8. Ces travaux prennent place dans le cadre de la commémoration par le régime mussolinien du bimillénaire d'Auguste ; au même moment, le mausolée du fondateur de l'Empire est dégagé26.

L'identification de von Duhn reste admise, malgré les doutes émis en 1960 par Stefan Weinstock27.

Mise en valeur et musée

La décision est prise de reconstruire l'autel dès le 20 janvier 193728, mais ni à son endroit primitif ni en respectant son orientation originelle23 : il est reconstruit entre le Tibre et leMausolée d'Auguste, avec un angle de 90° par rapport à l'orientation initiale29.

Le pavillon destiné à accueillir l'autel est construit entre juin et septembre 1938 « là où le pouvoir fasciste lui a trouvé sa localisation la plus prestigieuse, au bord du Tibre, en face du Mausolée d'Auguste »9, l'ensemble étant inauguré par Benito Mussolini le 23 septembre21,8. Pour tenir les délais, le projet initial est simplifié, les matériaux choisis étant le béton et le faux porphyre. Cette simplification, considérée de prime abord comme provisoire, fut définitive du fait du coût financier et de la montée des périls précédant la Seconde Guerre mondiale28. 

1024px-8164_-_Roma_-_Testo_Monumentum_Ancyranum_presso_Ara_Pacis_-_Foto_Giovanni_Dall'Orto,_29-Mar-2008

Détail de la restitution d'époque fasciste des Res Gestae, conservée dans le nouveau bâtiment. Remarquer la mention de l'autel sur la première ligne.

Lors de l'étape de reconstruction, la décision de laisser la frise du piédestal dans son état de découverte est prise. Aujourd'hui, la frise n'est pas complète car seulement quelques fragments ont été découverts. Certains fragments partiels comme la personnification desprovinces romaines ou des peuples barbares voisins de l'Empire n'ont pas été transférés dans le nouveau bâtiment30.

Du fait du second conflit mondial, les vitres sont démontées et un mur pare-éclats est conçu28. Les travaux de remise en état du bâtiment abritant l'autel, débutés dans les années 1950, s'achèvent en 1970. L'autel fait l'objet d'une restauration d'envergure dans les années 1980 ; cependant, dès 1995 le constat est alarmant : du fait de la pollution, de l'amplitude thermique et de l'hydrométrie, l'autel se dégrade31. Il est envisagé d'en faire une copie, à partir de 2005, et de transférer l'autel en une zone moins polluée, mais en 2008, avec les débuts de la crise économique qui frappe aussi l'Italie, ce projet coûteux est ajourné.[réf. nécessaire]

Depuis 2006, c'est un bâtiment moderne, objet de controverse, conçu par Richard Meier qui l'abrite. Ce bâtiment du nouveau musée de l'Ara Pacis a été réalisé pour protéger le monument reconstruit et limiter son exposition directe aux rayons du soleil. L'éclairage diffus qui prévaut actuellement donne au relief un aspect calcaire, ce qui permet aux ajouts en plâtre de se confondre avec les fragments originaux3. Duret et Néraudau le considèrent comme « une belle pièce de collection placée sous vitrine »9.

Description architecturale

Plan_Ara_Pacis_Augustae

Plan de l'autel et de son enceinte.

L'autel a une forme traditionnelle dans le monde romain, et donc est une « référence archaïsante » avec une mensa encadrée de montants, mais avec éléments décoratifs grecs13. Bianchi Bandinelli considère que les deux éléments de l'autel, l'autel au sens strict et son enceinte, ne s'accordent pas en un ensemble homogène25

Enceinte

L'autel de la Paix se compose de murs d'enceinte entourant un autel sacrificiel qui s'élève sur trois marches8.

L'enceinte, qui reposait initialement sur un socle peu élevé16, est de forme rectangulaire. Elle mesure 11,65 m sur 10,625 m15 avec deux portes larges de 3,60 m sur les côtés est et ouest. Les représentations de l'autel sur les monnaies de Néron montrent que l'édifice était muni d'acrotères qui ont totalement disparu23. Les parties externes étaient en marbre provenant à l'époque des carrières de Luni, c'est-à-dire aujourd'hui le marbre de Carrare3.

L'enceinte est un téménos ou un templum1. Une fois défini par les augures, l'espace était clos de palissades32. Les murs d'enceinte semblent séparer le domaine de cette divinité de celui des autres dieux. L'Ara Pacis Augustae semble constituer une exception architecturale dans les bâtiments de la religion romaine, car ce type de bâtiments est généralement constitué d'une seule porte, mais l'autel de la paix en possède deux, orientées dans un axe est-ouest16. Des pièces de monnaie de l'époque nous indiquent que le bâtiment était fermé par des portes doubles, mais aucune trace archéologique de ces dernières n'a été trouvée à ce jour33.

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Sesterce (côté revers) de 65-66sous le règne de Néron représentant le temple de Janus à Rome.

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Dessin ancien d'une pièce de monnaie romaine en bronze de Néron représentant l'autel de la Paix. Ref. C27

L'existence des deux portes pourrait être liée à un autre bâtiment religieux très important dans la Rome antique : le temple de Janus sur le Forum Romanum, fondé par le roi Numa PompiliusRef_ant 5. Ce bâtiment rectangulaire possédait également deux portes d'accès : une orientée en direction de l'est et une autre en direction de l'ouest33. Ce caractère en faisait un « lieu sacré du passage de la guerre à la paix »1. Les deux portes de l'autel de la paix avaient sans doute une finalité cultuelle : le prêtre venait de l'ouest et se tournait vers le soleil levant à l'est alors que la foule se tenait sur le Champ de Mars16 ; l'empereur, la famille impériale et les magistrats utilisaient également cet accès1. L'entrée de l'est était destinée aux victimes et victimaires1.

La zone autour du bâtiment était pavée. L'entrée principale se situait sur le Champ de Mars, en montant un escalier de neuf marches. La seconde entrée permettait l'accès au lieu au niveau du sol et était localisée sur la Via Flaminia. La surface interne de l'autel devait être constituée par des blocs de travertin de forme carrée. Les murs étaient percés de quatre fentes sur les deux côtés les plus longs de l'infrastructure et de deux seulement sur les côtés les plus courts. Ces fentes permettaient l'évacuation de l'eau de pluie puisque l'autel de la Paix n'avait pas de toit33.

L’ARA PACIS à la gloire d’Auguste..

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L‘autel de la Paix (Ara Pacis) fut érigé sur l’ordre du sénat, en 13 av. J.-C., lors du retour d’Auguste de Gaule. Il se situait à l’origine le long de la voie Flaminia, aujourd’hui via del Corso. Cet autel, dédié à la Paix fut inauguré en 9 av. J.-C.

L’Ara Pacis se compose d’un autel entouré d’une enceinte de marbre rectangulaire mesurant 11,65 m sur 10,625 m. On y pénétrait par un escalier. A l’intérieur, on accédait à l’autel proprement dit par trois marches disposées sur les quatre côtés. Un des côtés possédait cinq marches supplémentaires pour faciliter au prêtre l’accès à la table d’autel.

L’Ara Pacis avait deux entrées, larges de 3,60 m, situées sur les longs côtés. L’édifice était richement orné, à l’intérieur comme à l’extérieur, de bas-reliefs. Chaque angle extérieur était orné d’un pilastre de marbre à chapiteau corinthien.

A l’intérieur, le soubassement est formé de larges rainures verticales imitant une palissade de bois. Les parois de la partie supérieure sont décorées de festons, de bucranes et de patères.

La décoration extérieure se compose, comme celle de l’intérieur, de deux registres. Le soubassement est orné sur ses quatre côtés de feuilles d’acanthe entrelacées (en rinceaux). Des scènes mythologiques, allégoriques ou historiques, constituaient le registre supérieur. Sur le côté de la porte principale, deux panneaux encadrent l’ouverture : celui de gauche, dont il ne reste que quelques fragments, représentait certainement le Lupercal – la grotte où la louve de la légende aurait allaité les jumeaux Romulus et Rémus – et le berger Faustulus. A gauche on peut voir Enée sacrifiant une truie. Du côté opposé, on trouvait aussi deux panneaux, de part et d’autre de la porte, représentant, à gauche, une personnification de la Terre accompagnée de deux éléments, l’eau et le vent, à droite une personnification de Rome triomphante. Ce dernier panneau a presque entièrement disparu. Quant aux frises latérales, elles mettent en scène la procession de la famille impériale.

C’est suite à des fouilles depuis 1859 jusqu’à 1938 que l’on retrouva de nombreux morceaux des structures de l’autel et de beaux fragments des panneaux sculptés de ce monument. L’Ara Pacis nous offre en effet l’expression la plus achevée de l’art augustéen correspondant bien à l’ordre politique et social institué par l’Empereur.

L’Ara Pacis était associé dans son environnement monumental à l’Horologium d’Auguste. Il semble de plus que l’autel et l’obélisque furent disposés de telle manière que l’ombre de l’aiguille était exactement dans l’axe des deux ouvertures de l’autel le jour de la naissance de l’empereur (à l’équinoxe d’automne : l’ordre cosmique se soumettait ainsi au destin du Prince).

Localisation de l'autel

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Photo ci-dessus d'une carte pour la localisation de cet autel à l'époque.

(l'autel était situé dans le coin nord-est de la partie et zone marquée IX)

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L’Homme providentiel..

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Pour terminer

Le « malaise » de Macron est qu’il se prend pour Napoléon Bonaparte, et en même temps (la fameuse expression qui fâche..), pense et croit être la réincarnation de Charles De Gaulle

 

Pour conclure

On a, tout simplement, et à l’époque, sous Napoléon Ier, décidé et fait détruire ces autels de « La Paix », ces autels symbolisant la Liberté et l’expression du peuple, du, fait de La Révolution.

Car, ces autels étaient devenus très importants, et permettaient, par là, au peuple de se rassembler et de se regrouper, à ces endroits pour pouvoir s’exprimer et donc..de s’exprimer

Avec ce geste et cette décision, on a, ni plus ni moins, voulu retirer, non seulement une image et représentativité symbolique, pour l’expression du peuple, mais, également,, sans surprise ni détour, voulu affirmer le retour de la monarchie au pouvoir

Et depuis, et surtout depuis 36-37 ans..Quid de l’expression du peuple et de sa participation aux décisions des différents gouvernements comme..gouvernants ?...

La « Paix du peuple » une image galvaudée sur l’autel du profit et détournement par voie électorale en fausse participation, sans plus…

 

 

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Commentaires
C
Je ne connaissais pas les autels de la Paix, par contre je connais les autels républicains, il y en a un dans la petite ville de l'Orne où habite mon fils.<br /> <br /> Bon week-end<br /> <br /> Cathy
Répondre
Z
La patrie c'était la famille de mon père (qui était orphelin)... Cela a été mon idéal quand j'étais jeune... Mais j'ai vieilli et comme mon père je suis aigri et désabusé quand je vois ce ue cela est devenu...<br /> <br /> <br /> <br /> De Gaulle, reviens !!!<br /> <br /> Très bonne journée
Répondre
G
Salut Denis<br /> <br /> Alors là, trop c'est trop, tu vas finir par me donner une indigestion de mots (sourire). Les hôtels de la Patrie ou de la Paix intéressent qui de nos jours ? Le mot Patrie ne signifie plus rien. Le mot paix est plus connu car, de plus en plus, les gens souhaitent qu'on leur fiche la paix. <br /> <br /> Tu as parlé aussi des carrières mais tu as oublié les mines de sel, tout au moins LA mine de sel puisque celle de Varangéville est la seule qui subsiste en France et encore car il faut pour cela que la neige recouvre les routes si nous ne voulons pas qu'elle ferme...<br /> <br /> A plus !
Répondre
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