MORT SOCIALE..JEUNESSE DE FRANCE !
MORT SOCIALE..JEUNESSE DE FRANCE !
LA GUERRE..
« Nous sommes en guerre », nous affirme-t-on en boucle.
Guerre contre le terrorisme, la drogue, l’insécurité, la pandémie et la pauvreté.
Cette formule n’est en fait qu’un leurre.
Elle n’est que le reflet de l’incapacité de ceux qui nous gouvernent.
Etre en guerre est l’aveu de leur impuissance, face à la dérive de ce monde et de ses plaies.
Chez nous elle est en marche..
En France, la pauvreté du millénaire est en marche.
Le pays suinte la misère dans toutes ses villes et baisse ses yeux.
La jeunesse Française est désespérée, ses espoirs sont fracassés quand le drame de l’indifférence nous fait regarder ailleurs.
Nous sommes tous des prisonniers mis dans leurs cellules, mais dans les cellules certains ont des fenêtres, d’autres, pas.
MORT SOCIALE, JEUNESSE DE FRANCE
Dans un monde où l'emploi se dégrade, ils ont des difficultés de logement, de santé, d'insertion. Des difficultés de vie. Certains se résignent, d'autres font comme ils peuvent.
Une catégorie est particulièrement vulnérable, les jeunes issus des milieux populaires. Leur pauvreté est liée à leur milieu social, des jeunes peu diplômés, affrontant des difficultés pour s'insérer dans le monde du travail. Ils ne font que survivre, recevant de bas salaires.
Ce film se déroule sur plusieurs mois de tournage auprès de jeunes âgés de 18 à 25 ans dans la périphérie d'une grande ville de l'Est de la France. Ils vivent en dehors des radars.
Aborder sans filtre aucun. Décrire la descente en misère, la dépression de jeunes femmes, de jeunes hommes. Leur absence d'avenir.
Bernie Bonvoisin les écoute, sans juger, à hauteur de la violence qu'ils ressentent, qu'ils subissent désespérément dans le vestiaire de leur mort sociale. Et il confronte leur réalité à des responsables, universitaires, politiques et professionnels de santé.
Ecrit et réalisé par Bernie Bonvoisin / Une coproduction Premières Lignes LCP-Assemblée nationale, produit par Luc Hermann / 52' / 2021
Bernie Bonvoisin, réalisateur et chanteur du groupe Trust, brosse un portrait effrayant d’une jeunesse étouffée par la pauvreté.
Quel a été l’élan qui vous a amené à faire ce documentaire ?
Bernie Bonvoisin : Le surréalisme de la situation actuelle en France. Je n’arrive pas à concevoir qu’une société comme la nôtre traite les gens de cette manière.
Pendant la pandémie, on a entendu parler, pour la première fois, de précarité étudiante…
Oui, alors qu’elle existait déjà ! Malheureusement, dans ce monde, nous prenons conscience des choses quand elles nous éclatent à la gueule.
Vos commentaires sont à votre image : bruts de décoffrage…
C’est essentiel. Il n’y a aucune censure, ni de mon côté, ni du côté de ceux qui témoignent. Quand c’est sale, j’en parle de manière sale.
Vous avez rencontré Logan, étudiant à la faculté de Nancy, qui vit avec 7€ par mois…
Elle est vertigineuse, cette misère. Logan n’ose pas aller aux Restos du coeur, car il estime que d’autres sont plus dans le besoin que lui. Et puis, il y a la honte. Le plus fou, ce sont les plus précaires qui prennent du temps pour aider plus démunis qu’eux. Je trouvais, à cette génération, une certaine nonchalance. Je m’étais trompé. Ces jeunes ont envie d’apprendre, de se battre, de s’en sortir. Et, pourtant, on ne rattrape pas ceux qui disparaissent des radars en silence.
Quel écho trouvez-vous aujourd’hui à votre chanson Antisocial, sortie en 1980 ?
Nous aurions préféré qu’elle soit désuète et hors propos en 2021…
Mort sociale, jeunesse de France : mercredi 20 octobre à 20h 30 sur LCP-Public Sénat
Interview Amandine Scherer
Le chanteur du groupe Trust (Antisocial) part à la rencontre des étudiants. Il braque les projecteurs sur la précarité dans laquelle vivent un nombre croissant d'entre eux.
Comment est né le documentaire Mort sociale, jeunesse de France sur la précarité étudiante ?
J'en suis l'initiateur. J'en ai parlé au journaliste et producteur Luc Hermann, avec qui j'avais travaillé auparavant sur un documentaire tourné à la frontière libano-syrienne [Paroles d'enfants syriens, ndlr]. Nous voulions rebosser ensemble. Nous étions en plein confinement mais le projet s'est monté relativement vite.
Pourquoi traiter ce sujet maintenant ?
J'espère ne rien apprendre aux gens. La pauvreté étudiante n'a rien de neuf [avant la crise du Covid-19, 20 % des étudiants de France vivaient déjà sous le seuil de pauvreté, ndlr]. mais la pandémie a mis en lumière le problème et en a rajouté d'autres. Par exemple, certains jeunes comptaient interrompre un an leurs études et travailler pour rembourser leur emprunt bancaire. A cause de la pandémie, ils n'ont pas pu le faire et se retrouvent dans l'incapacité de rembourser.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de tourner à Nancy ?
Je connais cette ville. Là-bas, il y a une grande mixité et d'importantes universités. J'y suis d'abord allé trois jours en repérage. Et puis, on s'est dit qu'étant donné le contexte sanitaire, tourner à un endroit était plus simple que de se balader dans toute la France.
Qu'est-ce qui vous a frappé dans les témoignages de ces jeunes ?
Quand j'ai rencontré Logan, un des étudiants qui dit vivre avec sept euros par mois, pour moi, cela dépasse l'entendement. J'ai aussi parlé à un couple qui n'apparaît pas dans le documentaire mais qui à partir du 10 du mois, fait un repas par semaine.
Les jeunes d'aujourd'hui vous paraissent-ils différents de ceux de votre génération ?
Moi, je viens d'un monde où l'on a osé oser mais maintenant, on n'est plus du tout là-dedans. J'avais le sentiment que la jeunesse actuelle était plutôt indolente. Or je me suis trompé. Les jeunes ont envie d'apprendre, de travailler, d'avoir une place dans la société. Ce sont les forces de demain. Et surtout les problèmes évoqués dans le documentaire concernent les universités publiques non les grandes écoles. Une sélection est donc faite, ce qui est lamentable. Aujourd'hui, la déconnexion est totale entre les gens qui décident et ceux qui subissent. C'est une réalité. Lorsqu'une responsable d'université me dit : "On leur a donné des ordinateurs" alors qu'ils avaient faim, je me pose des questions.
Vous qui avez 65 ans, l'état de la société française vous révolte-t-il toujours autant ?
La France est devenue un petit pays de rien du tout, un pays médiocre. Quand on voit ce qui se passe pour les présidentielles, franchement… c'est surréaliste. On donne la parole à des gens qui tiennent des propos nauséabonds, qui dressent les communautés les unes contre les autres, qui stigmatisent. Nous avons quand même un type qui va peut-être être candidat et qui a été condamné pour incitation à la haine raciale... Cela dépasse l'entendement !
Mort sociale, jeunesse de France, documentaire inédit, mercredi 20 octobre à 20.30, sur LCP.
J’ai mal, et même..très mal, et j’ai honte de notre pays..La France, et surtout de..L’Éducation nationale dans son ensemble !!!..