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Ecologie vraie et réelle..
10 février 2016

La guerre est déclarée..1914..

SARAJEWO_Attentat

 

Photo (gravure d’époque..) représentant l’assassinat de François Ferdinand d’Autriche à Sarajevo en Yougoslavie.

 

Préambule:

 

En 1914, rien n'avait été prévu pour l'économie de guerre ; tout le monde pensait que la guerre allait être courte. Rapidement pourtant, tous les belligérants réalisent que la victoire appartiendra au pays qui pourra produire le plus d'armement.
Ils vont donc convertir leur économie aux besoins de la guerre et à ce titre, on peut dire que la guerre 1914-1918 est la première guerre industrielle. En effet, les principales nations industrielles (et premières puissances mondiales) s'affrontent et mettent leur potentiel économique dans la bataille.

 

Photo-Bundesarchiv-Bild-Weltkrieg-Mobilmachung

 

Photo de la Liesse de la population Allemande au moment de la mobilisation..

 

Photo-le maréchal Paul-von-Hindenburg-Etat-major-Allemand-pre-1915

 

Photo le maréchal Paul von Hindenburg - Etat-major Allemand - 1915.

 

1. La mobilisation de la production

 

a. L'économie de guerre

 

L'Allemagne est la première à mettre en place une économie de guerre sous la direction de l'industriel Rathenau. Tous les pays belligérants lui emboîtent le pas.

 

Le principal problème est de fournir à l'armée la production qu'elle réclame. L'Etat-major français réclame ainsi 100 000 obus par jour alors que l'industrie d'armement ne peut en fournir que 10 000 ! La France est particulièrement concernée par ce problème de production parce que ses régions industrielles (le Nord et l'Est du pays) sont soit occupées par les Allemands depuis 1914, soit zones de conflit.
Il est donc décidé de relancer d'anciennes zones industrielles éloignées du front (les pays noirs de Saint Etienne et Limoges) ou d'en développer de nouvelles (la basse vallée de la Seine, la région toulousaine). La région parisienne devient pour la France la première productrice d'armement.

 

D'un point de vue général, les Etats en guerre prennent tous en main l'économie du pays, souvent conseillés par des grands industriels responsables de secteurs clés (le sidérurgiste Schneider coordonne en France les commandes d'armement). Oubliant le dogme libéral, tous les belligérants font des réquisitions (de la flotte marchande notamment), ils fixent les prix, imposent des commandes prioritaires etc.
Pour les hommes politiques, cet engagement de l'Etat n'est cependant qu'une parenthèse, qui se refermera la guerre finie ; ce n'est nullement une étatisation durable de l'économie.

 

b. Les commandes de l'Etat

 

Les industries nationales d'armement ne suffisant pas à assurer les commandes, des contrats sont passés avec des industriels privés afin que ceux-ci fassent des armes dans leurs usines. En Allemagne, le sidérurgiste Krupp fabrique ainsi des canons (dont le plus célèbre est « la grosse Bertha » qui menace Paris en 1918) ; en France, les constructeurs automobiles Citroën et Renault sont sollicités (le premier produit des obus et le second tout type d'arme, des fusils aux chars d'assaut). Pour ces industriels, la guerre est une bonne affaire et beaucoup d'entre eux s'enrichissent grâce à ces commandes (les soldats ne décolèrent pas d'ailleurs contre ceux qu'ils appellent les « profiteurs de guerre »).

 

2. La mobilisation des matières premières et de la main d'œuvre

 

a. Des matières premières insuffisantes

Dès 1914, Anglais et Français s'accordent pour opérer un blocus des côtes allemandes ; le but est de priver l'Allemagne des matières premières qui sont nécessaires à son industrie.
Ce blocus, même contourné par un commerce avec les pays d'Europe Centrale, s'avère suffisamment efficace pour que l'Allemagne à son tour décide de déclencher en 1915 une guerre sous-marine à outrance contre l'Angleterre, encore plus dépendante qu'elle des importations étrangères. Cette guerre est intensifiée en 1917 (en 6 mois, le tiers de la flotte britannique est envoyée par le fond). Ces opérations allemandes connaissent l'échec (pratique des convois armés par les Anglo-américains, filets anti-sous-marins) mais elles sont révélatrices de l'importance vitale des matières premières pour la guerre.

Malgré le recours à leur empire qui fournit à la France et à l'Angleterre des ressources nécessaires à l'industrie, les pénuries sont fréquentes et généralisées pour tous les pays en guerre. On n'hésite pas à recycler certains matériaux dans un but militaire (ainsi, les cuves en cuivre des brasseurs du nord de la France).

 

L'industrie au service de la guerre

 

Production annuelle des usines Renault

1914

1918

Voitures

1 484

553

Camions

174

1 793

Chars d'assaut

0

750

Moteurs d'avions

0

5 000

Obus (75 et 155)

0

2 000 000

Superficie des usines

11,5 ha

34 ha

Effectifs (travailleurs)

6 300

22 500

Dont les femmes (en % des effectifs)

3,8 %

31,6 %

 

La production des usines Renault, en quantité et en qualité, est orientée rapidement vers les besoins de l’armée et l’évolution de la guerre. Les camions qui servent au transport des troupes, sont plus utilisés en temps de guerre que les voitures. Renault, qui ne produisait aucun obus en 1914 en produit 2 millions en 1918. La production de moteurs d'avions et de chars d'assaut illustre l'évolution de la guerre et l'adaptation de l'industrie à la fabrication d'armes nouvelles. L'augmentation des effectifs s'explique par la mobilisation des ouvriers spécialisés à l'arrière et l'appel à la main d'œuvre féminine. Le développement en superficie de l'entreprise et le recrutement de personnel est une tendance que l'on observe pour tous les grands groupes, en particulier en région parisienne, qui devient la première région productrice d'armement : à Boulogne on passe d'une vingtaine d'usines en 1914 à 104 usines en 1918. Avec la guerre, le chiffre d’affaires de Renault a presque quadruplé, la capacité de production largement augmenté.

On voit ici le résultat d’une politique de l’État pour la transformation d’industries classiques en industries d’armement. Grâce à cette politique qui conduit à la mise en place d'un véritable complexe militaro-industriel, la France devient le producteur d'armes le plus important des Alliés, avec au début de 1918, 1 000 canons par mois sortant des usines et une production de 260 000 obus, 3 000 fusils et 6 millions de munitions d'infanterie par jour. Tous les grands secteurs industriels : automobile, chimie, aéronautique, mécanique, appareils électriques, travaillent pour la défense nationale. Même l'orfèvre Christofle fabrique des douilles.

1914-1918 : l’essor des grands groupes industriels français et allemands

Photo-usine-obus-1914

 

Photo ci-dessus d'une usine d'obus.

 

Septembre 1914. Alors que les armées allemandes envahissent le Nord de la France, la mobilisation générale sonne aussi pour les industriels. Le gouvernement charge de grands patrons français de réorganiser l’économie, placée au service de la guerre. Mais pas question pour autant de sacrifier les profits ! Des deux côtés du Rhin, les bénéfices explosent pour quelques grandes entreprises. Une situation qui suscite colères et débats alors que des centaines de milliers d’hommes tombent au front. Plusieurs de ces « profiteurs de guerre » d’hier sont devenus les multinationales d’aujourd’hui.

 Le 6 septembre 1914. Les avant-gardes allemandes arrivent à Meaux, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Interrompant trois semaines de retraite, les armées françaises et britanniques font volte-face pour mener la première bataille de la Marne. À l’arrière, la mobilisation industrielle commence. Car la guerre semble devoir durer. Après un mois de conflit, l’armée manque déjà d’artillerie et de munitions. L’état-major réclame 100 000 obus par jour pour ses fameux canons de 75 alors que les ateliers n’en fabriquent que 10 000.

Le 20 septembre, le ministre de la Guerre, le socialiste Alexandre Millerand, organise une réunion à Bordeaux, où le gouvernement s’est réfugié. Y participent des représentants du Comité des forges, la plus puissante organisation patronale française, des membres de l’influente famille Wendel*, propriétaire des aciéries de Lorraine, et Louis Renault, fondateur des usines éponymes. Des « groupements industriels régionaux » sont créés. Ils serviront d’intermédiaires entre l’État et l’armée d’un côté, les gros industriels et leurs sous-traitants de l’autre, pour répondre aux commandes. Les grandes entreprises en prennent la direction, comme la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d’Homécourt, ou les établissements Schneider (Le Creusot), créés en 1836 et l’un des principaux fournisseurs d’armement français. Ces deux entreprises sont les aïeux de ce qui deviendra beaucoup plus tard Arcelor Mittal et Schneider Electric.

*Dont est issu un certain Antoine Henri de Sellière (descendant direct..) et futur représentant à la tête du MEDEF...

Quant à Louis Renault, il dirige la mobilisation des industriels en région parisienne. Une occasion inespérée alors que la marque au losange connaît de sérieuses difficultés avant la guerre. Côté allemand aussi, on s’organise. Début octobre, une commission destinée à développer des gaz de combat est lancée. Carl Duisberg, le patron de l’entreprise chimique Bayer* en prend la tête (lire La Première Guerre mondiale, passé refoulé de l’industrie chimique européenne).

*Vous savez..les fameux..médicaments..BAYER...

De grandes épopées industrielles commencent grâce au conflit

En France, cette réorganisation de l’appareil productif porte lentement ses fruits. Entre 1915 et 1917, les usines Renault doublent leur production de camions, et assembleront plus de 2000 chars FT-17, tout en fabriquant 8,5 millions d’obus. D’autres futurs constructeurs automobiles français se lancent à la faveur du conflit, avant même de fabriquer des voitures. La première usine d’André Citroën est construite en 1915 quai de Javel à Paris. Et son premier gros contrat ne concerne pas des voitures, mais des obus. À la fin du conflit, Citroën aura livré plus de 24 millions d’obus. Opportunité similaire pour l’usine sidérurgique des frères Peugeot à Sochaux, qui assemble obus et moteursd’avions

Elle ne fabriquera sa première voiture qu’en 1921 (Peugeot et Citroën fusionneront en 1976).

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C’est aussi en pleine guerre que naît ce qui deviendra le groupe Dassault. Le jeune ingénieur Marcel Bloch – futur Marcel Dassault – doit répondre à sa première commande en 1916 : fabriquer une cinquantaine d’hélices d’avion d’un nouveau modèle, baptisées Éclair, pour équiper les biplans de l’armée de l’air. « De grandes figures comme Louis Renault, ou Ernest Mattern chez Peugeot, s’imposent dans l’histoire de leurs entreprises, et ces industriels, parfois en accord avec l’État, parfois sans son accord, contribuent aussi puissamment à l’effort de guerre qu’à la croissance de leur propre empire industriel », écrivent les historiens Antoine Prost et Jay Winter [1].

Un capitalisme d’intérêt général ?

 

Ces entreprises, aujourd’hui devenues de grandes multinationales, s’enorgueillissent de leur contribution à « la victoire finale ». « À l’instar de très nombreux industriels, l’entreprise accentue son activité en faveur de l’effort de guerre national », explique Schneider sur son site, assurant être « l’un des grands acteurs de la victoire ». Michelin, qui fournit pneumatiques, masques à gaz, toiles de tente ou avions de combat Bréguet, affiche son « effort de guerre comme soutien patriotique ». Tout comme Renault : « Pendant la première guerre mondiale, l’entreprise fabrique camions, brancards, ambulances, obus, et même les fameux chars FT17 qui apportent une contribution décisive à la victoire finale » [2]. Dassault aviation et la société Safran, dont l’ancêtre, la Société des moteurs Gnôme et Rhône, produit des moteurs pour l’aviation de combat, sont de leur côté partenaires de la mission du centenaire de la Grande guerre.

 

À l’époque, ces élites économiques « se proclament mobilisées, non dans les tranchées, bien sûr, dont on laisse l’honneur aux glorieux héros, mais depuis le fauteuil de la direction de l’usine, d’un conseil d’administration ou encore d’une chambre consulaire », écrit l’historien François Bouloc, dans sa thèse sur « Les profiteurs de la Grande Guerre » [3]. « Effort de guerre national », « soutien patriotique », « contribution décisive à la victoire »… « Un capitalisme d’intérêt général verrait alors jour, sous l’effet puissant d’un inébranlable consensus patriotique », ironise l’historien.

 

Le capitalisme s’est-il mis pendant quatre ans en suspens ? Les industriels se sont-ils totalement mobilisés, sans esprit lucratif, au service de la communauté nationale et des hommes qui meurent en masse au front  lors d’aberrantes offensives ? « Sollicités serait peut-être un terme plus approprié pour qualifier le type d’implication attendu de la part des industriels produisant pour la défense nationale. C’est en effet avec beaucoup de prévenance que l’État a recours à l’appareil productif privé, n’usant que marginalement du droit de réquisition prévu par la loi, concédant de larges avances pour permettre les immobilisations de capital nécessaires à l’adaptation ou à la création des outils de production. Certes, un contrôle de plus en plus étroit s’installe progressivement, en amont et en aval de la production, mais sans obérer les importants profits de guerre, réalisés grâce à la combinaison d’une forte demande et des hauts prix consentis », explique François Bouloc. À la différence des 7,9 millions d’hommes mobilisés pendant toute la durée de la guerre, pas question pour les élites économiques de risquer le sacrifice ultime.

 

 

« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels »

 

Le chiffre d’affaires de Renault a ainsi été multiplié par quatre entre 1914 et 1918, passant de 53,9 millions de francs en 1914 à 249 millions de francs en 1919 [4]. Michelin négocie âprement la hausse de ses prix, prétextant de la volatilité des cours du caoutchouc. L’entreprise d’André Citroën réalise de son côté une marge bénéficiaire de l’ordre de 40 % [5] ! De même que Schneider : « Les bénéfices bruts déclarés de Schneider et Cie atteignent un maximum de 40% à la fin et au lendemain de la guerre et permettent de répartir pour les trois exercices de 1918 à 1920 des dividendes représentant le tiers du capital nominal », pointe l’historien Claude Beaud, spécialiste de la multinationale. Avec l’armistice, le groupe acquiert aussi des actifs en Allemagne et dans l’ancien empire austro-hongrois, notamment les établissements Škoda en République tchèque. Associé à la banque d’affaires l’Union bancaire et parisienne (aujourd’hui absorbé par le Crédit du Nord, filiale de la Société Générale), Schneider fonde en 1920 une puissante holding pour gérer ses participations en Europe de l’Est, « l’Union européenne industrielle et financière »… Cela ne s’invente pas !

 

renaultft17-d8600

Photo du char FT17 de Renault.

À l’époque, ces importants profits suscitent débats et mécontentements« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », lance Anatole France quatre ans après l’armistice, le 18 juillet 1922, dans une lettre publiée en une de L’Humanité, le quotidien fondé par Jaurès. Dès les premiers mois de guerre, les polémiques surgissent. De la Mer du Nord à Mulhouse, les accusations contre les « profiteurs » de l’arrière se propagent sur le front. En mai 1915, un rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale regrette que le ministre de la Guerre Alexandre Millerand se soit « livré[aux industriels] sans défense le jour où on leur a demandé de fabriquer coûte que coûte ».

 

 

Les commandes sont livrées en retard, du matériel est défectueux, nombre d’usines sidérurgiques n’étant pas préparées à fabriquer des armes, et à un tel rendement. Des obus de 75 sont facturés 14 francs au lieu de 10 francs, pointe la Commission des finances. Beau profit quand ils sont fabriqués par millions ! « Le ministère de la guerre est enfin accusé de n’avoir prévu dans les contrats aucune pénalité financière pour retard et inexécutions », écrit Jean-Louis Rizzo, dans sa biographie du socialiste Alexandre Millerand.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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