Que sont devenues..Les Valeurs Fondamentales Du Patriotisme Français ?..suite (5)
Que sont devenues..Les Valeurs Fondamentales Du Patriotisme Français ?..suite (5)
Le..patriotisme.
CHAPITRE III
LE TEMPS
DU TRAVAIL
SAINT-JOSEPH CHARPENTIER
GEORGES DE LA TOUR
MUSÉE DU LOUVRE
SOYEZ FÉCONDS, EMPLISSEZ LA TERRE ET SOUMETTEZ-LA/GENÈSE
LA LOI DU
TRAVAIL
Dès la fin de l’adolescence, le travail est la dure loi de la condition humaine.
Le mot travail est communément lié aux notions d’obligations et d’effort : il revêt les formes les plus diverses, de la besogne indifférenciée du manœuvre à l’action créatrice de l’ingénieur, du labeur étroitement spécialisé de celui qui appartient à une équipe à l’œuvre personnelle de l’artisan et de l’artiste, de l’humble tâche de la mère de famille à l’exaltante réflexion du savant.
Si le travail apparaît comme l’activité principale de l’espèce humaine, s’il a pour fin d’affranchir l’homme des contraintes de la nature, il apparaît cependant que la révolution technique du XIXè siècle a dégradé la condition du travailleur. Il y avait un risque grave qui n’a pas encore disparu, de voir l’homme, simple agent de production, asservi à la machine.
Cette révolution, cette situation et ce risque ont provoqué des réactions différentes : les unes ont amené des idéologies par lesquelles l’individu perd sa place prééminente au profit d’une société totalitaire ; les autres visant à sauver l’homme par une volonté de promotion du travail et de défense de la personne humaine.
LA PROMOTION
DU TRAVAIL
Ainsi s’expliquent l’apparition dans la législation d’un esprit de sauvegarde et, le développement, dans les entreprises, d’un climat de relations plus humaines. La création d’organisations syndicales indépendantes, à la fois de l’organisme gouvernemental et des appareils politiques, a fortement contribué à cette évolution. La liberté syndicale est mise en évidence par la pluralité des syndicats auxquels le travailleur peut, ou non, adhérer.
L’une des conséquences de l’amélioration des mœurs et des institutions est l’affirmation du Droit au travail, expressément rappelé par la Constitution de 1958. C’est le droit pour chacun d’être respecté dans sa dignité grâce à un travail qui lui permet de vivre et de faire vivre les siens décemment.
LE TRAVAIL
LIBÉRATEUR
Le Travail apparaît donc comme la seule solution pour un homme d’accéder dignement à la liberté. Dans tous les cas, au-delà de la valeur, en quelque sorte physique, et du résultat naturel de l’effort accompli, le travailleur participe à une œuvre d’intérêt social: un groupe ne peut vivre sans le secours actif de ses membres, et les besognes les plus matérielles ne sont pas les moins nécessaires.
LE TRAVAIL ET
LA JOIE
Mais l’adolescent doit être préparé soigneusement à ce rôle d’homme. Conscient de ses aptitudes, de son tempérament, de ses goûts personnels, il doit être informé des conditions et de l’évolution des métiers les plus conformes à sa vocation : de la sorte, il pourra satisfaire ses aspirations, accomplir sa destinée en apprenant puis en exerçant un métier pour lequel il sera apte, qu’il aimera ; son travail deviendra un moyen d’expression personnelle et une source de joie, la joie de celui qui a conscience de participer à une œuvre créatrice.
LE TRAVAIL ET
LE BIEN COMMUN
Outre cette joie, le travail bien fait apporte à l’homme le sentiment du devoir accompli et contribue à lui faire prendre conscience du bien commun. Il est certain que la nature de cet apport varie selon les occupations de l’homme : une création individuelle affirmera d’avantage la personnalité de son auteur ; un travail par équipe s’appuiera d’avantage sur la sympathie humaine et la fierté de l’œuvre de tous.
La tâche bien faite témoigne du respect d’un contrat et de l’efficacité d’un effort, bien plus, elle réalise la Personne. A quoi s’ajoute la conscience d’appartenir à une communauté d’hommes, le légitime orgueil d’avoir personnellement contribué à une œuvre d’art ou d’équipe, de science ou de technique.
LA PROMOTION
HUMAINE PAR
LE TRAVAIL
Le progrès technique et l’évolution de la société nécessite une qualification croissante que favorisent l’extension de l’École, les recherches des psychologues, sociologues, médecins, ingénieurs, agronomes et les efforts des divers mondes du travail, des champs aux laboratoires. Garder au Travail son sens, respecter la dignité de l’homme, dans les méthodes comme dans les buts, c’est là leur œuvre : l’amélioration matérielle n’a de valeur que si elle s’accompagne d’une promotion humaine.
Cette double obligation doit guider l’éveil de la vocation, la formation professionnelle et l’exercice au quotidien du Métier. Le travail peut apporter ainsi à chaque homme, par-delà une œuvre qui enrichit la société, autonomie matérielle et épanouissement moral.
DESTIN DE L’HOMME
« Les arts appelés mécaniques sont dédaignés
Et c’est avec raison que les hommes à la tête
de la Nation en font peu de cas…Ils
mènent le corps de ceux qui les exercent par
les conditions dans lesquelles ils les font
vivre…et quand les corps sont déformés, les
âmes perdent bientôt toute énergie. »
XENOPHON
« Dans un monde dominé par la technique,
La machine compte plus que l’homme parce
Qu’elle est précise, et l’homme ne vaut que
dans la mesure où il devient machine. C’est
de son rendement qu’il s’agit, non de son
honneur. Il n’existe plus en tant que sujet.
Son destin particulier n’a pas de réalité
pour la puissance anonyme qui l’utilise. Elle
Ignore, cette bureaucratie, qu’il puisse exister
un au-dedans des êtres, ce regard intérieur
que chacun tourne sur soi-même, ce désir
obscur de repos et de contemplation… »
FRANÇOIS MAURIAC
DESTIN DE L’HOMME
« Le prolétaire souffre parce que son travail
est inorganique, inhumain. Certains proposent
comme remède à la « crise ouvrière », une
plus juste répartition des gains, de plus
hauts salaires… Comme si le problème
ouvrier s’arrêtait là ! Il s’agit plutôt d’une
refonte totale des conditions premières du
travail industriel, il s’agit de supprimer le
travail inhumain, le travail sans forme et
sans âme : la «grande usine », « le travail
à la chaîne », la spécialisation outrée, etc.
« Le problème des salaires est très secon-
daire. L’artisan de village qui fabrique des
objets complets et traite avec une clientèle
vivante est infiniment plus heureux et satisfait
que l’ouvrier d’usine, avec un standard de vie
bien inférieur à celui de ce dernier.
« Si les conditions de travail du prolétaire
de l’industrie et du commerce ne changent
pas, l’élévation du niveau des salaires ne
pourra que lui nuire. L’homme voué à un
Travail malsain est voué aussi au loisir
malsain.
«Quand je dis humaniser le travail, je ne
veux pas dire le rendre nécessairement plus
facile et mieux rémunéré, je veux dire avant
tout le rendre plus sain. Il y a une vie dure
et difficile qui est humaine : celle du paysan,
du pasteur, du soldat, de l’ancien artisan
villageois… ; il y a aussi une vie molle et
facile qui est inhumaine et engendre la
corruption, la tristesse et l’éternelle révolte
de l’être qui ne joue aucun rôle vivant dans
la cité. »
GUSTAVE THIBON
DESTIN DE L’HOMME
« Ce progrès historique considérable, c’est
la prise de conscience de la dignité du
travail et de la dignité ouvrière, de la dignité
de la personne humaine dans le travailleur
comme tel…Elle signifie l’ascension vers la
liberté et la personnalité, prises dans leur
réalité intérieure et dans leur expression
sociale, d’une communauté de personnes, de
la communauté tout à la fois la plus proche
des bases matérielles de la vie humaine et la
plus sacrifiée, la communauté du travail
manuel, la communauté des personnes humaines
affectées à ce travail. »
JACQUES MARITAIN
LE TRAVAIL DES MAINS
Pendant plus de six mois, j’ai eu l’immense
avantage de vivre aussi complètement que
possible la vie ouvrière. Je dis bien aussi
complètement que possible, car, en réalité, je
n’ai pas été, je ne pouvais pas être ouvrier.
Pour être ouvrier, il aurait fallu que mon
corps fut façonné, sculpté pour cet usage.
L’ouvrier ne travaille pas seulement avec
ses mains, c’est tout son corps qui est engagé
dans la bataille, la passionnante et amou-
reuse bataille avec la matière. Quand mes
yeux ont été brûlés par l’arc de soudure
électrique, mes oreilles accordées à l’assour-
dissant ronflement des machines ou au mar-
tèlement des tôles, mes jambes, mes genoux
habitués à la voltige des escalades dans les
charpentes métalliques, tous mes muscles
tendus pour le serrage d’un boulon ou le
décrochage d’une mèche, les poumons rompus
à la respiration empoussiérée du métal qui
vous pénètre, tout le corps rhumatisant de
courants d’air malsains et strié de cicatrices
diverses, j’ai compris que si j’avais vécu
cela depuis mon enfance, mon être ne serait
pas ce qu’il est et ma sensibilité serait
différente. Il faut avoir été sur place, person-
nellement engagé dans la symphonie, pour se
rendre compte que les mains ne peuvent pas
être blanches ni les ongles impeccables quand
on a travaillé dans le cambouis.
Il faut avoir travaillé pour comprendre la
matière et sa beauté et son mystère et sa vie.
Car la matière est vivante, je ne savais pas
Cela non plus. Dans mon domaine d’électri-
cien, cette vie était peut-être plus sensible
qu’ailleurs, pourtant il me semblait que les
camarades l’expérimentaient comme moi-même.
La machine a une âme. Elle a ses moyens
d’expression à elle ; elle a ses bruits, imper-
ceptibles à tout autre qu’à son conducteur,
ses plaintes, ses maladies, ses caprices, ses
manies. Il existe un accord tacite entre elle
et son maître, des habitudes réciproques, une
collaboration d’impondérables. L’ouvrier ne
travaille pas avec n’importe quel outil, fut-il
le plus élémentaire, mais avec son outil celui
qui est marié à sa main, depuis toujours.
…J’ai compris (sur place) que le lien
entre tous ces hommes n’était pas la desti-
nation de leur travail (sur lequel ils ne
s’entendaient évidemment pas), mais la sim-
ple communion collective avec la matière,
quelque chose comme un corps vivant du
travail.
Quand je voyais en traversant les ateliers,
Trois compagnons frapper les rivets à la
Masse : un Russe, un Allemand, un Fran-
Çais, et que j’admirais le synchronisme impec-
Cablement précis de leurs gestes, le rythme
Harmonieux de leur frappe, je pensais qu’il y
A une solidarité essentielle de travail et que
le lien par la matière est aussi puissant
peut-être que le lien d el’esprit.
V. DILLARD
LE TRAVAIL DES MAINS
TRAVAIL DES CHAMPS, TRAVAIL D’ATELIER
… « Le travail des champs, on laissera
croire à quelques citadins que ce soit du
sport : une euphorie, poitrine au vent, devant
les espaces heureux où d’autres hommes,
semblablement, ouvrent le sillon au pas des
chevaux, et voient les deux bandes de terre
luisantes s’écarter comme des mains qui
donnent. Ou bien, sur quelque découvert de
montagne, tandis que les foins s’effondrent,
avancer, du même pas que les compagnons,
balançant la faux au jeu roulant des muscles.
Non : c’est la peine éreintante ; et trop sou-
Vent l’effort à fournir : la gelée qui tue en
une nuit l’espoir de l’année, ou le nuage
cuivré de la grêle qui déverse en tas sur
les champs son cailloutis de glace. Dans la
nuit où la pluie détrempe les labours, on
peut se sentir tellement seul, enterré sous cette
fatigue qui nous fait indifférent à tout.
Seulement le travail des champs, c’est la
vie qui va avec les jours, les températures,
avec la poussée de l’herbe, la montée de la
sève dans les corps tortus, aux terrasses de
terre jaune. Avec le vent qui fait filer devant
soi les grandes lumières promenées sur cette
plaine, ou mois de mars ; avec les ondées
d’avril volant toutes tiédies mouiller ces
peupliers en brume verte de la rivière, avec
le gros ensoleillement d’été qui cuit la grappe
sur ces buttes …. On épampre alors, afin
que le raisin en profite …. avec les soirées
un peu engourdies de septembre, où l’on
commence d’arracher les pommes de terre
dans ce goût fort qu’on les fanes et la
glèbe retournée, où l’on prépare les paniers,
les bacholes, au fond des ouvrages, dispo-
sant tout pour les vendanges. C’est la vie
aussi indubitable que le retour des jours sur
le calendrier, aussi irrécusable que l’univers ;
la vie mariée à la grande vie de la terre,
au milieu des choses simples, bonnes, éter-
nelles. »
… « Il n’y a aucune opposition entre l’homme
du ménage des champs et l’homme de la
technique industrielle. Le paysan est un
logicien, un ingénieur. Ces pratiques magi-
ques, déjà, ces évocations de mammouths en
rouge et noir sur la roche des cavernes, ces
rites de feux et de danses destinés à ramener
les saisons, c’était l’essai enfantin de gou-
verner le monde, le pressentiment trop vite
pris de la science. Et depuis les chariots à
moissonner des Gaulois, le paysan n’a pas
cessé d’inventer des procédés e des machines.
Au long des âges, ce sont des instruments
Nouveaux : la herse, le tarare, la charrue à
Versoir, la batteuse ; des engins, le moulin,
La noria…
« Toujours, mais de plus en plus, le paysan
a dû faire travailler son ingéniosité et sa
logique. Avant de reprendre du grain au
sac laissé sous le buisson, le semeur, comme
jalons, pique en terre des fétus. Puis le
semoir de bois appuyé contre son flanc, il
repart. Ce champ rectangulaire, ces sillons
parallèles sont déjà une géométrie. Et cet
homme qui arpente mécaniquement son lopin,
lançant mécaniquement ses poignées de
semence, est déjà une mécanique. La machine
tuera le paysan. Mais c’est parce que chacun
meurt de son propre rêve. La machine n’est
que le rêve du semeur, du faucheur, du
batteur en grange, qui s’efforce lui-même d’en
être une par la régularité et la cadence.
On ne peut pas plus prêcher à l’homme de
Renoncer à la machine que de renoncer à l’outil. »
HENRI POURRAT
TRAVAIL DES CHAMPS, TRAVAIL D’ATELIER
LE MÉCANO FRANÇAIS
ARTISAN D’ESPRIT AUTANT QUE DE MAINS
Si l’usine trouve toujours en lui bien vivantes
Les qualités d’invention, les astuces par
Lesquelles il donne tant d’idées à la fabrica-
Tion et réussit à corriger les erreurs d’usinage
Ou de montage, par contre il garde son
Ambition de devenir petit patron, d’avoir
une boutique portant son nom. Ainsi se
maintiennent les plus belles qualités de la
tradition de travail, et les métiers du fer
ouvrant partout de petites boutiques de gara-
gistes, de réparateurs de bicyclettes, de
monteurs électriques…
L’atelier artisanal ne peut pas construire
l’automobile, mais il se place juste après la
construction, saisit la voiture dès qu’elle
roule et devient la clinique. C’est par cet
esprit artisanal du mécano français que les
grands ateliers de réparations sont rares.
Car, l’habileté du petit réparateur comprend
tout et pourvoit à tout.
La France a ce privilège que, dans le petit
village, on trouve le maréchal-mécanicien
capable de vérifier n’importe quel mouve-
ment et de la mettre en état. Il entretient
les outils aratoires, les tracteurs qui devien-
nent nombreux dans la culture ; et quand le
touriste en luxueuse voiture s’arrête, embar-
rassé par les ratés du moteur, le mécano du
village soulève le capot, répare diligemment,
et on apprend qu’il a travaillé à Aubervilliers
ou à Issy-les-Moulineaux, qu’il a été méca-
nicien en équipe de course. On voit ses
gestes habiles, non seulement remuer, mais
« comprendre le métal : car il a son intel-
Ligence dans ses doigts, et c’est avec ses
Mains qu’il a fait son âme. »
PIERRE HAMP
LES MÉTIERS DU FER
LE PAYSAN ET LA TERRE
Si vous voulez connaître la pensée intime,
la passion du paysan de France, cela est
fort aisé. Promenons-nous le dimanche, dans
la campagne : suivons-le. Il est deux heures :
Il est endimanché ; où va-t-il ? Il va voir sa
terre.
Il croise ses bras et s’arrête : regard sérieux,
soucieux. Il regarde longtemps, très long-
temps. A la fin, il s’éloigne à pas lents.
A trente pas encore il s’arrête, se retourne
et jette sur la terre un dernier regard, regard
profond et sombre ; mais pour qui sait bien
voir, il est toujours passionné, ce regard,
tout de cœur.
Il est plus d’un pays en France où le culti-
vateur a sur la terre un droit qui, certes,
est le premier d etous : celui de l’avoir
faite . Voyez ces rocs brûlés, ces arides
sommets du Midi : là, je vous prie, où
serait la terre sans l’homme ? La propriété
y est toute dans le propriétaire. Elle est
dans le bras infatigable qui brise le caillou
tout le jour et même cette poussière d’un peu
d’humus.
Elle est dans la forte échine du vigneron qui,
du bas de la côte, remonte toujours son champ
qui s’écroule toujours.
Oui, l’homme fait la terre ; on peut le dire
même des pays les moins pauvres. Ne
L’oublions jamais, si nous voulons comprendre
combien il l’aime et de quelle passion.
Songeons que, des siècles durant, les géné-
rations ont mis là la sueur des vivant s, les
os des morts, leur épargne, leurs efforts…
Cette terre, le paysan sent bien que c’est
une terre humaine, et il l’aime comme une
personne.
Il l’aime. Pour l’acquérir, il consent à tout
même à ne plus la voir ; il émigre, il s’éloigne,
s’il le faut, soutenu de cette pensée et de ce
souvenir. A quoi supposez-vous que rêve, à
votre porte, assis sur une borne, le commis-
sionnaire savoyard ? Il rêve au petit champ
de seigle, au maigre pâturage qu’au retour il
achètera dans la montagne.
« Tu auras de la terre » cela veut dire :
« Tu ne seras point un mercenaire, qu’on
prend et qu’on renvoie demain ; tu seras
Libre ». Libre ! grande parole qui contient
en effet toute dignité humaine : nulle vertu
sans la liberté.
JULES MICHELET
LE PEUPLE
Voilà pour ce sixième petit volet sur le "Patriotisme", et surtout sur..
Les Valeurs Fondamentales du Patriotisme Français..