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Ecologie vraie et réelle..
1 février 2016

1870-1913 : deuxième révolution industrielle et première mondialisation..

1870-1913 : deuxième révolution industrielle et première mondialisation..

dossier

 

Photo ci-dessus montage de turbine en usine..Mulhouse.

La première révolution industrielle était notamment basée sur l’impression de presses à vapeur qui a permis de produire des livres en grande quantité et à bas prix, donc l’apparition de manuel scolaire, de registres, etc.

La seconde révolution industrielle était basée sur la production d’électricité qui a permis l’essor tu téléphone, de la radio, de la télévision. Le pétrole était nécessaire pour produire, installer et faire fonctionner tous ces nouveaux outils.

La période est particulièrement féconde et sans précédent dans l'histoire :

  • progrès technique intense
  • progrès organisationnel important, avec la naissance des grandes entreprises aux Etats-Unis
  • "mondialisation", à la fois

commerciale (commerce international),

.  financière (exportations de capitaux européens),

. et humaine (migrations).

La deuxième révolution industrielle

 La deuxième révolution industrielle est de loin la plus importante à ce jour selon Robert J. Gordon, avec comme inventions centrales entre 1870 et 1900 :

 

  • l’électricité (Zénobe Gramme met au point en 1868 la première dynamo, Thomas Edison en 1879 la première ampoule électrique à incandescence, etc)
  • le moteur à combustion (dont celui de l'ingénieur Rudolf Diesel en 1897) 
  • et l’eau courante, c'est-à-dire l’hygiène.

Edison

 

Photo de Thomas Edison.

Edisonlampe

 

Photo ci-dessus de la première ampoule à filaments.

Le développement des grandes entreprises est rapide et colossal. La plus importante est US Steel qui emploiera environ 200,000 personnes en 1914.

 

Les exportations ont cru régulièrement en pourcentage de l'activité et représentent environ 14% du PIB mondial, un niveau qu'il faudra attendre les années 1970 pour retrouver, malgré les progrès dans les moyens et dans les infrastructures de transport - notamment le canal de Panama, dont la construction dure depuis 1880 et qui réduit de plus de moitié le trajet par mer entre New York et San Francisco, qui est inauguré en 1914.

 

Il existe des marchés financiers actifs, notamment des actions à Londres et des obligations à Paris, par lesquels l'Europe exporte ses capitauxdans le reste du monde, à commencer par la Grande Bretagne (40% du stock mondial d'investissements à l'étranger) et la France (19%), en particulier vers les Etats-Unis, pays emprunteur. Néanmoins, cette exportation s'effectue davantage sous forme d'obligations (par exemple les emprunts russes) que d'actions, à cause des asymétries d'informations. Aux Etats-Unis, l'agence fédérale chargée de surveiller les pratiques comptables des sociétés cotées, la Securities and Exchange Commission, ne verra le jour qu'en 1933.

Les migrations sont particulièrement importantes, tant nationales qu'internationales, beaucoup plus que maintenant (cf encadré ci-dessous) : les immigrés représenteront environ 10% de la population mondiale en 1914, contre 3% actuellement (en hausse). Enfin, en ce qui concerne les populations sédentaires, la cohabitation ethnique est plus souvent la règle que l'exception en Europe et autour de la Méditerranée - et bien sûr dans les pays à peuplement récent, comme les Etats-Unis ou l'Argentine.

Déjà..à l’époque..

Les migrations à la Belle Epoque

Les mouvements de personnes obéissent à des motifs essentiellement économiques et ne font pas l’objet de contrôles – le passeport est tombé en désuétude, cf les propos de Keynes ci-dessus - ce qui les rend plus aisés. Entre 1880 et 1890, plus de 10% de la population de l’Irlande émigre. Entre 1900 et 1910, c’est le cas de plus de 10% de la population italienne. Les flux migratoires intercontinentaux atteignent alors une ampleur unique, sans précédent et qui ne sera plus approchée, même de loin. Entre 1860 et 1914, ce sont plus de 40 millions d’Européens qui émigrent vers un autre continent, principalement vers les Etats-Unis.

L'importance économique et financière des transferts des migrants est énorme (entre 1876 et 1913, les transferts des émigrés représentent  ainsi chaque année en moyenne 2.7% du PIB italien) et expliquent probablement en partie l'exceptionnelle stabilité du système' financier, pourtant très mondialisé, pendant la période.

 

De 1830 à 1890, la France est une terre d'immigration, ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes d'acceptation, en particulier des pogroms anti-italiens en Provence (dont les "Vêpres marseillaises" de 1881). Le flux d'étrangers se tarit à partir de 1890 mais reprendra très puissamment en 1914, compte-tenu des besoins de main d'œuvre générés par la guerre, puis pour remplacer les victimes.

 

1871-73 : les réparations que la France doit payer à l'Allemagne pour lui avoir déclaré la guerre en 1870 et l'avoir perdue représentent au total plus de 20% du PIB français de l'époque. Ceci a trois conséquences :

 

  • à court terme, cet afflux de fonds déclenche un boom économique dans les pays germaniques;
  • à long terme, en France, il établit la capture de l'Etat par les rentiers, qui ne disparaîtra qu'entre les deux guerres. Bien que la France dispose d'un excès d'épargne considérable, les appels publics à l'épargne des débuts de  la IIIème République sont effectués, en rente perpétuelle, volontairement à plus de 20% de décote par rapport à ce qu'émettait l'Etat en 1870 (cf graphique ci-dessous). Ce bradage amène les épargnants à déposer des demandes beaucoup plus importantes que leur besoin, puisqu'elles seront réduites, d'où une sur-souscription optique. Leurs gains seront considérables, puisque la rente 5% passera de 82,50 en 1871 à 120 en 1882.
  • il fonde le mythe de l'emprunt national à la française, opération certes rémunératrice politiquement pour celui qui l'initie mais très coûteuse financièrement pour l'Etat, car réalisée au-dessus des prix de marché. Ce type d'opérations sera répété à de nombreuses reprises jusqu'à la fin du XXème siècle (emprunts Pinay, Giscard, Balladur, etc) avec à chaque fois un coût important pour les finances publiques.

 

 

1873 : Première crise financière internationale qui commence par un krach boursier à Vienne, car l'euphorie autour de l'exposition universelle de 1873 s'y avère infondée, et se propage rapidement à New York, à Londres et en Turquie.

 

 

 

1873 - Adoption par les machines à écrire Remington du clavier QWERTY destiné à ralentir la frappe pour éviter l'enchevêtrement des touches, qui reste le clavier dominant sur les ordinateurs,  exemple canonique de "dépendance à la trajectoire" (path dependency) dans les choix économiques.

 

 

 

1877 - Début de l'exploitation commerciale du téléphone aux États-Unis. En 1913, 14,5 millions de téléphones seront en service dans le monde.

 

 

 

1883 - Sous l'impulsion de Bismarck, adoption par le Reichstag de la loi sur l'assurance maladie (Krankenversicherung) dont le principal but est politique : limiter le développement des sociaux-démocrates.

 

A partir de 1900, les Etats-Unis remplacent la Grande-Bretagne à la frontière technologique et ce sont eux qui  tirent désormais l'économie mondiale, même si le principal centre financier et la principale devise internationale demeurent Londres et la livre sterling jusque vers 1925. A la veille de 1914, le PIB par tête américain dépasse de 8% celui de la Grande Bretagne,  il représente plus d'une fois et demi celui de la France et plus de deux fois et demi celui de l'Espagne (cf graphique ci-dessous)

PIB par habitant 1870-1913

 

A la veille de la guerre de 1914, la population mondiale, qui a doublé depuis 1800,  s'élève à 1,8 milliard d'êtres humains.

En Europe, la population active reste néanmoins largement agricole, même si ce n'est plus vrai pour les pays les plus anciennement industrialisés : en 1910, c'est le cas pour 43% de celle de la France, contre seulement 14% pour la Grande-Bretagne, 22% pour la Belgique, 32% pour l'Allemagne mais inversement 78% pour la Russie. 

La cassure entre l'Europe du Nord et celle du Sud est flagrante (cf graphique du PIB par tête ci-dessus). A long terme, elle sera entretenue par des différences importantes dans les taux d'alphabétisation à cette époque : en 1900, la proportion d'analphabètes dans la population est ainsi estimée à 3% en Grande-Bretagne, 6% en France, 48 % en Italie, 56% en Espagne et 78% au Portugal.

Le monde en 1914

Extrait de : J.M. Keynes, Les conséquences économiques de la paix, 1920 -

Chapitre 2

 

Quel extraordinaire épisode du progrès économique de l'homme, cette époque qui prit fin en août 1914!   La plus grande part de  la population travaillait dur, il est vrai, et ne jouissait que de satisfactions restreintes. Elle semblait cependant, selon toute apparence, se contenter raisonnablement de son sort. Tout homme dont le talent ou le caractère dépassait la normale, pouvait s'échapper vers les classes moyennes et supérieures, auxquelles la vie offrait à peu de frais et sans difficulté, des commodités, des aises et des douceurs, qui étaient hors de l'atteinte des plus riches et des plus puissants monarques des autres temps. Un habitant de Londres pouvait, en dégustant son thé du matin. commander, par téléphone, les produits variés de toute la terre en telle quantité qui lui convenait, et s'attendre à les voir bientôt déposes à sa porte ; il pouvait, au même instant, et par les mêmes moyens, risquer son bien dans les ressources naturelles et les nouvelles entreprises de n'importe quelle partie du monde et prendre part, sans effort ni souci, à leur succès et à leurs avantages espérés ; il pouvait décider d'unir la sécurité de sa fortune à la bonne foi des habitants d'une forte cité, d'un continent quelconque, que lui recommandait sa fantaisie ou ses renseignements. Il pouvait, sur le champ, s'il le voulait, s’assurer des moyens confortables et bon marché d'aller dans un pays ou une région quelconque, sans passeport ni aucune autre formalité ; il pouvait envoyer son domestique à la banque voisine s'approvisionner d'autant de métal précieux qu'il lui conviendrait. Il pouvait alors partir dans les contrées étrangères, sans rien connaître de leur religion, de leur langue ou de leurs mœurs, portant sur lui de la richesse monnayée. Il se serait considéré comme grandement offensé et aurait été fort surpris du moindre obstacle. Mais, par- dessus tout, il estimait cet état de chose comme normal, fixe et permanent, bien que pouvant être amélioré ultérieurement. Il regardait toute infraction qui y était faite comme folle, scandaleuse et susceptible d'être évitée. Les visées et la politique du militarisme et de l'impérialisme, les rivalités de races et de cultures, les monopoles, les restrictions, les exclusions allaient jouer le rôle du serpent dans ce paradis.

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Commentaires
G
C'est une époque qui me passionne. Et on peut faire tellement de comparatifs avec la nôtre...
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C
Cette énorme machine est vraiment impressionnante !<br /> <br /> De nos jours on apprécie d'avoir l'électricité, l'eau courante, ou le téléphone, ça paraît tout naturel et on ne pourrait pas s'en passer, mais à cette époque c'était une sacrée révolution !<br /> <br /> Belle soirée !<br /> <br /> Cathy
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