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Ecologie vraie et réelle..
17 novembre 2021

L’Éternel problème de l’électricité et des énergies fossiles surtout !..

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L’Éternel problème de l’électricité et des énergies fossiles surtout !..

 

Les énergies fossiles..

 

Pétrole, gaz naturel et charbon: un héritage de plusieurs millions d'années..

Le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont des matières qui ont mis plusieurs centaines de millions d’années à se former dans le sous-sol de la Terre. On les appelle énergies fossiles, car elles sont issues de roches situées dans les grandes profondeurs terrestres. Leur particularité c’est qu’elles brûlent très bien : ce sont d’excellents carburants. Elles ont aussi l’avantage de pouvoir être facilement stockées et transportées, ce qui en fait des sources d’énergie pratiques à utiliser.

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Photo ci-dessus d’une lampe à pétrole.

Mais elles présentent deux très gros inconvénients :

  • En brûlant, elles dégagent beaucoup de particules qui polluent l’atmosphère, dont le fameux dioxyde de carbone (CO2).
  • Leur quantité sur la Terre est limitée.

Au rythme où l’Humanité les utilise, nos réserves seront bientôt épuisées.

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Le crépuscule des combustibles fossiles se confirme. 

 

Les énergies fossiles..

 

Le pétrole, le gaz naturel et le charbon sont les trois principales sources d’énergie utilisées dans le monde. Ensemble, elles représentent 80% des énergies consommées. Or, ce sont aussi les plus polluantes !

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Il y a eu la..COP26, ne serait-ce que..pour la citer !..

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On se rend très vite bien compte au travers, comme au travers de toutes les démarches que rien n’est simple, rien n’est facile..rien n’est gagné d’avance surtout !..

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Beau sommet belles rencontres, du beau monde en somme, et beaucoup de..Bla..bla..bla..sans plus.

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A l’entrée de chaque hiver, comme depuis déjà quelques années, on nous refait le coup de la « panne », je veux dire ici, le coup de la panne d’électricité..facile..Cécile…

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Photo ci-dessus d’un geste ancien, pas si dépassé que cela, et qui pourrait revenir, et être remis au goût du jour, dans bien des maisons, en France.

Allons-nous manquer d’électricité cet hiver !..

Tel était le titre de l’un de mes articles antérieurs déjà mis pour cela..rappelez-vous..

http://janus157.canalblog.com/archives/2016/11/10/34548070.html

10 novembre 2016

ALLONS NOUS MANQUER..d’électricité..cet hiver ?..

J’avais débuté en introduction par..

Avec 21 réacteurs nucléaires à l’arrêt, la France va-t-elle manquer d’électricité cet hiver ?

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Photo ci-dessus - Le site de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 10 février 2016.

Les 58 réacteurs nucléaires français ne répondront pas tous à l’appel cet hiver. Dansune lettre adressée le 10 octobre au PDG d’EDF, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal s’inquiétait de la « sécurité d’approvisionnement » en électricité à la suite de la fermeture de plusieurs réacteurs. Si le président du groupe EDF s’est voulu rassurant, affirmant que tout était mis en œuvre pour s’assurer « qu’un maximum de réacteurs nucléaires seront en situation de fonctionner entre le début du mois de décembre et la fin du mois de février », il a néanmoins reconnu que la situation est « plus difficile qu’habituellement à cette période de l’année ».

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Vingt des 58 réacteurs nucléaires d’EDF étaient arrêtés vendredi, dont 12 pour des contrôles de sûreté demandés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire en raison d’une teneur excessive en carbone dans l’acier de leurs générateurs de vapeur, une anomalie susceptible d’affaiblir leur résistance.

Des anomalies en chaîne..

A l’heure actuelle, 21 réacteurs sur les 58 que compte la France sont à l’arrêt, soit plus d’un sur trois. Sur ces 21 réacteurs, 15 sont en maintenance technique « planifiée », donc normale, mais 7 ont dû subir des tests sur leurs générateurs de vapeur, potentiellement défectueux. En effet, depuis la détection d’anomalies sur les générateurs fabriqués dans l’usine Areva du Creusot, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a exigé des inspections sur 18 réacteurs équipés par les générateurs en question. Six d’entre eux ont été autorisés à redémarrer, 7 sont en cours d’inspection et les 5 restants (2 à Fessenheim et ceux de Tricastin, Gravelines et Civaux) devront être testés dans les prochains mois. EDF s’est engagée à étaler la fermeture de ces cinq derniers réacteurs d’ici à la mi-janvier afin de ne pas provoquer de « trou » dans la production électrique.

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C’était pourtant bien en..2016, et juste peu avant l’entrée de l’hiver pour cette année 2016 citée…

Et Ségolène Royal s’exprimait en ces termes :  «Une campagne sur les économies d’énergie.. »

 « C’est aussi une occasion extraordinaire de lancer une campagne - que je vais lancer dans quelque temps - sur les économies d’énergie »,a-t-elle poursuivi. « Savez-vous, par exemple, que si tous les Français éteignent, dans tous les bureaux et dans tous les domiciles, les appareils en veille, c’est l’équivalent d’un réacteur nucléaire ? »

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Je ne vais pas vous faire ici le coup du « Remake », loin delà.

Revenons à notre sujet « principal » en parlant de..l’électricité, et surtout  en parlant des « énergies fossiles » surtout !..

A la COP26, la lutte contre le charbon avance à petits pas

La COP26 a enregistré jeudi deux engagements de coalition d'Etats contre les énergies fossiles. L'un vise à mettre fin aux aides publiques accordées en leur faveur, l'autre à cesser d'en utiliser pour produire de l'énergie électrique.

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Haro sur le charbon et sur les autres ressources fossiles ! Les Etats montent en ligne pour en finir avec ces fauteurs des grandes troubles climatiques qui secouent la planète. Vingt et un d'entre eux et quatre banques de développement ont ainsi annoncé jeudi à Glasgow, au cinquième jour de la COP26, la conclusion d'un pacte qui les engage à mettre un terme d'ici à 2022 aux aides publiques qu'ils accordent aux projets portant sur le développement de ces énergies très polluantes.

Un pacte qui n'a rien d'anodin sachant que le Canada et les Etats-Unis, où ces ressources sont largement extraites et exploitées, l'ont signé. « Investir dans des projets liés aux combustibles fossiles non assortis de systèmes de capture du carbone comporte de plus en plus des risques sociaux et économiques », y est-il notamment affirmé.

Indéniable, le succès de cette initiative, à mettre à l'actif de la présidence britannique de la COP26, est cependant loin d'être total. Le pacte n'est pas contraignant. Il prévoit de permettre aux Etats de déroger à la règle dans certaines circonstances qui restent à préciser. Surtout, les grands pays producteurs et consommateurs de charbon, en tête desquels la Chine, suivie de l'Australie, de l'Inde et du Japon, en sont absents.

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La France a un pied dans l'accord via l'Agence française de développement (AfD), mais pas l'Etat directement. Le gouvernement « laisse la porte ouverte au soutien à des projets gaziers et pétroliers via son agence de crédit à l'exportation, en contradiction profonde avec l'urgence climatique », regrette Lucie Dufour, de l' « International Institute for Sustainable Development ».

La centrale thermique au charbon de Cordemais près de Nantes..

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Cet engagement à sortir du charbon a été conforté jeudi par un autre serment collectif. Celui prêté par une quarantaine de pays à mettre un terme à sa consommation pour produire de l'électricité. Ils se donnent entre les années 2030, pour les pays les plus riches, et les années 2040 pour les plus pauvres, pour finaliser leur « sevrage ». Parmi les signataires figurent le Vietnam, le Chili, la France et la Pologne dont plus des deux-tiers de l'électricité produite sont d'origine fossile.

Là encore le gouvernement britannique a été à la manoeuvre pour conduire cette initiative dont la portée, malgré ces « prises de guerre », s'annonce pour l'heure très mesurée. Plusieurs pays ont déjà pris cet engagement repris par d'autres dont le poids charbonnier est infime, sinon inexistant. Y figurent notamment les Maldives, les îles Marshall où encore le Pays de Galles, comptabilisé comme Etat et qui ne compte plus qu'une poignée de mines.

Londres avait formaté cette initiative « anti-charbon » de telle sorte que 190 pays souscrivent à cet engagement, là encore non contraignant. On en est loin. A ce stade, on ne voit pas comment des pays comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie ou la Turquie, qui prévoient de construire nombre de nouvelles centrales à charbon dans les prochaines années, peuvent en même temps souscrire à cet objectif. L'Australie est également absente. Quant aux Etats-Unis, ils gardent le silence sur leurs intentions.

Joël Cossardeaux

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TRANSITIONS ET ÉNERGIES.

Seules 5% des centrales électriques dans le monde sont responsables de 73% des émissions de CO2

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Une poignée de centrales thermiques dans le monde sont des «super émetteurs» de dioxyde de carbone. Elles se trouvent pour la plupart en Chine, en Inde, au nord-est des Etats-Unis et au centre et à l’est de l’Europe. Elles ont pour caractéristiques communes de fonctionner avec du charbon et d’être très inefficaces sur le plan énergétique. Remplacer ces centrales doit être une priorité.

Juste 5% des centrales thermiques dans le monde sont responsables de 73% des émissions de CO2 liées à la production d’électricité. Telle est la conclusion d’une étude publiée par la Environmental Research Letters et réalisée par un groupe de chercheurs de l’Université du Colorado. Ils ont analysé les données provenant en 2018 de 29.000 centrales électriques fonctionnant dans 221 pays avec des carburants fossiles.

Ils ont classé les centrales en fonction de leurs émissions de dioxyde de carbone en 2018 et identifié les «pires des pires». Elles se trouvent pour la plupart dans l’est de l’Asie (en Chine essentiellement), en Inde, au nord-est des Etats-Unis et au centre et à l’est de l’Europe. Ces «super émetteurs» ont des caractéristiques communes. Ils fonctionnent tous au charbon. Ils sont avant tout situé au nord de l’hémisphère nord. Ils sont tous très inefficaces sur le plan énergétique consommant beaucoup de charbon pour produire de l’électricité. La situation est loin de s’améliorer cette année car avec l’augmentation rapide de la consommation d’électricité avec la reprise de l’économie mondiale et l’envolée des prix du gaz naturel, la consommation de charbon va atteindre des niveaux records cette année et l’année prochaine.

Moderniser et remplacer les centrales inefficaces doit être la priorité de la transition

Pour les auteurs de l’étude, il faut faire du remplacement de ses centrales une priorité de la transition énergétique. Ce sera bien plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le monde que toute autre stratégie. «L’une des difficultés qu’ont les activistes du climat est de savoir qui il faut blâmer exactement. Notre étude leur apporte une réponse et permet d’identifier les super émetteurs», explique Don Grant, co-auteur de l’étude et professeur de…

Le plus « lourd » et le plus « polluant »..Le charbon !..

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La Chine, l’Inde, la Pologne..l’Allemagne..

La Chine..

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Photo ci-dessus d’une centrale à charbon près de Datong, dans la province chinoise du Shanxi le 19 novembre 2015.

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Climat : 600 projets de centrales à charbon en Asie menacent les objectifs climatiques..

La Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Japon et le Vietnam ont au total plus de 600 nouvelles centrales à charbon en projet, des chantiers qui menacent la lutte contre le réchauffement climatique.

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Une centrale à charbon de Huai'an (Chine), le 30 juillet 2018. (ZHOU CHANGGUO / IMAGINECHINA / AFP)

Cinq pays asiatiques concentrent 80% des nouvelles centrales au charbon prévues dans le monde. La Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Japon et le Vietnam ont au total plus de 600 installations de ce type en projet, selon le centre de réflexion Carbon Tracker, dans un rapport publié mercredi 30 juin.

Ces centrales pourront fournir quelque 300 gigawatts d'énergie supplémentaires, soit l'équivalent de la capacité de production d'électricité du Japon. Mais ces projets mettent en danger l'objectif de limiter le réchauffement des températures à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels, relève-t-il. "Ces derniers bastions du charbon sont à contre-courant, alors que l'offre de renouvelables fournit une solution plus économique et qui soutient les objectifs climatiques mondiaux", souligne Catharina Hillenbrand Von Der Neyen, responsable des études de Carbon Tracker."Les investisseurs ne devraient pas approcher de ces nouveaux projets de charbon", poursuit-elle.

La Chine, principal consommateur de charbon

Les experts considèrent la fermeture des centrales à charbon, qui produisent des gaz à effet de serre (notamment le dioxyde de carbone), comme un élément clé de la bataille pour le climat. Mais de nombreux pays d'Asie-Pacifique, qui ont misé sur les énergies fossiles pour alimenter leurs économies en développement rapide, sont réticents à changer leurs sources d'énergie, alors que les Etats-Unis et l'Europe accélèrent leur transition énergétique. Les trois quarts du charbon utilisé en 2019 l'a été en Asie-Pacifique, selon les données du groupe énergétique BP.

La Chine, principal consommateur de charbon et premier émetteur de gaz à effet de serre, est le pays qui prévoit le plus de nouvelles centrales à charbon, d'après Carbon Tracker. Ainsi, 368 sont en cours de construction avec une capacité de 187 gigawatts, selon le centre de réflexion, malgré la promesse du président Xi Jinping d'atteindre la neutralité carbone en Chine en 2060

Chez nous en Europe..

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Le cas de la Pologne..

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Photo ci-dessus centrale thermique au charbon de Rybnik en Pologne.

La Pologne veut construire une nouvelle mine de charbon..

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La Pologne amorce sa sortie du charbon..

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Les "gueules noires" polonaises œuvrent principalement dans le bassin minier de haute-Silésie, au sud-est du pays, comme ici la mine de Belszowice ©Bloomberg

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HELENE BIENVENU 

20 février 2021 18:01

La Pologne s’est engagée à fermer 13 mines de charbon d’ici 2049. Ce qui pose la question de l'avenir des 80.000 mineurs et de l'approvisionnement en électricité, qui dépend du charbon pour 70%.

"Je ne sais pas ce qui m’attend après la fermeture de la mine où je travaille. À mon âge, c'est compliqué de se former. Ça sera catastrophique pour bien des familles", lâche Jarosław Stawowy, sur la grand-place de Ruda Śląska. Ce secouriste à la mine de 38 ans fait partie des quelque 80.000 mineurs professionnels que compte encore la Pologne, premier pays producteur de charbon de l’UE, et dans le top 10 mondial.

Employées dans une vingtaine de mines, ces "gueules noires" polonaises œuvrent principalement dans le bassin minier de haute-Silésie, au sud-est du pays, où se situe Ruda Śląska. La mine où est employé ce père de trois enfants ne fermera pas avant 2034, mais elle sera fusionnée dès 2023, avec sa voisine, la mine de Belszowice.

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Car c’est une première: la Pologne a annoncé fin septembre sa volonté de "sortir du charbon". Elle s’engage surtout à fermer 13 mines d’ici 2049, un an avant que l’UE n’atteigne la neutralité climatique en 2050.

"Je comprends dans une certaine mesure l’argument des écologistes: investir des millions dans l’éolien et le photovoltaïque, pourquoi pas, mais il ne faut pas exagérer, à l’échelle planétaire, la Chine et les Etats-Unis n’ont que faire du climat. En tant que Polonais, on fait partie de l'UE qui s'est fixé des objectifs climatiques, on doit donc s’y plier, mais on devrait nous laisser plus de temps", plaide ce mineur, passionné de football qui a découvert la mine sur le tas, attiré par la perspective d’un revenu stable.

70%

La Pologne tire 70% de son électricité du charbon.

"Surtout, on est en train de liquider l'industrie minière en Pologne, mais nos centrales électriques fonctionnent toujours au charbon: on va se mettre à importer encore plus de charbon de Russie, c’est ça?" Le mineur pointe effectivement vers l’un des grands casse-tête du mix énergétique de la Pologne: 70% de son électricité dérive encore du charbon (houille et lignite). Et pour alimenter ses centrales, en plus de l’or noir polonais, devenu cher à extraire et de plus en plus rare, elle importe de pays tiers.

Une sortie du charbon inéluctable

"Je pourrai aborder sereinement la transition à partir du moment où je saurai que l'État offrira des aides dédiées à ceux qui vont perdre leur emploi dans les mines bientôt liquidées. Les programmes doivent être pensés sur le long terme, et nous allons devoir embaucher plus de personnel, formé spécialement", argumente Krystian Morys, directeur du centre municipal d’aide sociale de Ruda Śląska, qui précise que, dans l’état actuel des choses, rien n’a été encore prévu par le gouvernement.

À vrai dire, en matière de fermeture de mine, Ruda Śląska n’est pas tout à fait novice. Cette localité de 130.000 habitants a déjà "enterré" ou fusionné huit mines depuis le passage de la Pologne à l’économie de marché au tout début des années 1990. Mais, d’ici 2034, lorsque la commune aura dit adieu à ses mines restantes, elle perdra des revenus conséquents et avec eux, plus de 7.000 emplois directs.

"Le seul hic, c’est que ces personnes auront du mal à accepter des salaires potentiellement moins élevés…"

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KRZYSZTOF MEJER

ADJOINT AU MAIRE DE RUDA ŚLĄSKA

"On estime qu’il faut multiplier par trois ce chiffre pour avoir une idée des emplois réellement perdus", avance Krzysztof Mejer, l’adjoint au maire de Ruda Śląska. "Le problème, c’est que nous ne connaissons pas le niveau de formation de ces employés. Un ouvrier à la mine ne pourra pas travailler dans un bureau, mais d’autres emplois seraient envisageables, dans la logistique, par exemple. Le seul hic, c’est que ces personnes auront du mal à accepter des salaires potentiellement moins élevés…", continue cet homme en costume, qui a appris dans les journaux la fermeture de la première mine en lice, Pokój, à Ruda Śląska, prévue d’ici quelques mois.

"Ni les syndicats ni le gouvernement ne sentent le besoin de nous tenir informés", déplore ce Silésien d’adoption qui estime malgré tout qu’avec un plan concerté, une sortie du charbon dès 2030 serait non seulement opportune, mais également réaliste dans sa commune. "La vraie préoccupation désormais à Ruda Śląska, ce n’est pas la liquidation des mines, mais la qualité de l'air", argumente Krzysztof Mejer.

À une dizaine de kilomètres plus loin, les habitants du quartier de Bobrek à Bytom sont eux aussi en proie à la pollution atmosphérique l’hiver. En cause, ici comme ailleurs en Pologne: les vieilles chaudières au charbon des bâtisses de ce quartier de coron paupérisé. Responsables de la mort prématurée de plus de 45.000 personnes par an, la qualité de l’air en Pologne serait la pire d’ Europe d’après l’AQLI (Air Quality Life Index), un classement dressé en juillet 2020 par des chercheurs de l’Université de Chicago.

En 2018, le gouvernement polonais a mis au point des aides pour remplacer les quelque trois millions de chauffages obsolètes incriminés. Mais pour une population, au chômage depuis les années 1990, alors que Bytom amorçait sa désindustrialisation, la préoccupation est plutôt la survie. À Bobrek, des panaches noirs sortent des cheminées de brique centenaire. Dans les courettes, des résidents poussent des charriots exhibant leur modeste gagne-pain: de la ferraille glanée sur les sites post-industriels municipaux.

Une transition pour le moment épineuse

Pour illustrer ce à quoi pourrait ressembler l’après-charbon, Bobrek est souvent brandi en contre-exemple par les tenants de l’industrie minière dans le pays. Une rhétorique qui cherche avant tout "à effrayer la population", déplore Łukasz Trembaczowski, sociologue de l’université de Katowice, qui a grandi à Bytom.

L’universitaire, issu d’une famille de mineurs, souligne que les restructurations économiques ayant entrainé cette misère sociale, il y a trente ans, ont été mal-préparées. "Seuls 3% des mineurs ont utilisé le programme de formation alors offert, et ils ont rapidement dépensé l’enveloppe remise après leur licenciement." Or pour le chercheur, la sortie du charbon est inéluctable, la bonne nouvelle, pense-t-il "c’est que le pays est beaucoup mieux préparé pour y faire face: nos jeunes mineurs sont plus instruits qu’à l’époque, ce qui facilitera grandement leur reconversion".

Enfin, à condition tout de même que "cette transition implique les syndicats, les mineurs, les groupes énergétiques et l’État ainsi que la région, les municipalités et les ONG…". La Pologne pourra également compter sur les quelque 3,5 milliards d’euros de fonds de transition de la part de l’Union européenne.

"L’énergie dérivant du charbon va être neutralisée par des énergies renouvelables moins chères."

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IZABELA ZYGMUNT

ACTIVISTE ÉCOLOGISTE AU SEIN DE ZIELONA SIEC

"Personne aujourd’hui au gouvernement ou chez les syndicats ne parle de ce qui pourrait se passer si les mineurs devaient perdre leur employer avant leur retraite anticipée", s’inquiète Izabela Zygmunt, activiste écologiste au sein de Zielona SiecEn 2020, le mastodonte charbonnier, contrôlé par l’État, PGG, clôturait effectivement l’année avec 445 millions d’euros de pertes.

Au point que la spécialiste de la transformation énergétique en est convaincue: la Pologne sortira de facto du charbon avant 2049. "L’énergie dérivant du charbon va être neutralisée par des énergies renouvelables moins chères. La Pologne importe déjà de l’électricité verte produite en Lituanie ou en Suède", note-t-elle. Et puis, rien n’indique que la Commission européenne accepte de subventionner le charbon de la Pologne, le temps de la transition, ce qui obligera la Pologne à revoir sa copie.

Nucléaire envisagé, éolien prometteur

Mais vers quoi la Pologne pourra-t-elle s’orienter pour substituer son précieux or noir? L’option du nucléaire, brandie depuis des années par les gouvernements polonais successifs, y compris celui des conservateurs du PiS au pouvoir, semble avoir bien du mal à émerger malgré une date de lancement fixée à 2033 pour un premier réacteur (sur un total de six d’ici 2043).

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KILOMÈTRES

On promet à l’éolien offshore un bel avenir en Pologne, qui dispose d'un littoral baltique d eplus de 500 km.

"Je pense qu’au cœur du mix énergétique de la Pologne, on va retrouver l’éolien offshore. Et beaucoup de petites ressources dispersées d’énergies renouvelables", prévoit Izabela Zygmunt. Début février, le gouvernement a révélé sa feuille de route énergétique pour 2040, annonçant que 32% des énergies produites en Pologne seraient effectivement issues du renouvelable d'ici 2030. La part du charbon devrait quant à elle être réduite à 11% en 2040.

En plus du photovoltaïque, très en demande chez les particuliers, la Pologne compte plus de 500 km de littoral baltique. On promet à l’éolien offshore une belle croissance à la faveur d’une réglementation plus favorable, il ne représente aujourd’hui que 10% du mix énergétique du pays.

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Voici Bełchatów, l’immense centrale à charbon polonaise qui émet le plus de CO2 au sein de l’UE..

En Europe, 20 grandes entreprises produisent un tiers de l’ensemble des émissions provoquant le réchauffement climatique.

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L’usine qui émet le plus de gaz responsables du changement climatique de toute l’Union européenne se trouve à 170 kilomètres de Varsovie, en plein cœur de la Pologne. Il s’agit de la centrale électrique au charbon de Bełchatów, propriété de la société Polska Grupa Energetyczna (PGE), qui produit à elle seule 33 millions de tonnes de CO2 par an, soit autant qu’un pays entier tel que le Danemark. Vue de l’extérieur, cette gigantesque centrale polonaise se distingue par ses deux énormes cheminées de 300 mètres de haut et ses sept grandes tours de refroidissement.

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Rappelez-vous..

La Pologne, championne du charbon, accueille la 19e conférence sur le climat

La conférence annuelle de l’ONU sur le climat s’est ouverte, lundi, en Pologne, un pays qui fait pourtant figure de mauvais élève européen en matière de pollution. Les négociations qui débutent doivent aboutir à un accord en 2015 à Paris.

Des cheminées aussi hautes que la Tour Eiffel, 30 millions de tonnes de CO2 produites par an… Bienvenue à la centrale thermique de Bełchatów, en Pologne. Un mastodonte qui produit 20 % des besoins en électricité du pays, et dispose de sa propre mine d’extraction de combustibles, la lignite.

À l’heure, où l’Europe fait figure de plutôt bonne élève en matière d’énergies renouvelables, la Pologne, elle, continue d’exploiter et de créer des complexes comme celui de Bełchatów. Les centrales à charbon couvrent aujourd’hui 95 % des besoins énergétiques du pays. Et pourtant, c’est bien à Varsovie que se tient, cette année, la conférence sur le climat organisée par les Nations unies.

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La centrale thermique de Bełchatów en Pologne possède sa propre mine d’extraction de combustible à ciel ouvert. (FRANCE 24)

Deux ans de négociations au programme

Pour cette 19e édition, quelque 190 pays se réunissent du 11 au 22 novembre. Un rendez-vous qui vise à poser les bases d’un ambitieux accord global, attendu en 2015 à Paris, sur la limitation des gaz à effet de serre (GES). Alors que le souvenir de l’échec de la conférence environnementale de Copenhague en 2009 est encore vif, Varsovie a donc la lourde tâche d’ouvrir les négociations qui s’étaleront sur deux ans, avant d’aboutir à Paris.

Mais difficile pour la Pologne de donner le "la", alors que l’opinion publique polonaise et les industriels semblent plus proches des climato-sceptiques que des écologistes… “Lorsque l’on compte toutes les familles qui en vivent, [la survie du secteur des énergies fossiles] est un problème majeur qui devrait être prioritaire pour le gouvernement. [...] Se battre contre le réchauffement climatique uniquement dans une partie du monde, en l'occurrence l’Europe, c’est une politique douteuse”, critique Marek Uszko, président par intérim de Kompania Weglova, la plus grande compagnie minière d’Europe, aujourd’hui criblée de dettes.

Réduire de 80 % les émissions d’ici à 2050

Conférence sur le climat de Varsovie : le représentant philippin jeûnera jusqu'au 22 novembre

Le délégué des Philippines à la conférence internationale sur le climat à Varsovie a, de son côté, annoncé qu'il s'abstiendrait de manger jusqu'à la fin de la réunion le 22 novembre. "Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture [...], je commencerai un jeûne volontaire pour le climat", a déclaré Naderev Sano.

Et le gouvernement polonais semble abonder dans le même sens. “C’est une question d’indépendance énergétique. Nous avons ici du charbon à volonté, que nous pouvons utiliser, et ainsi éviter d’augmenter l’importation de combustibles fossiles”, justifie Tomasz Dabrowski, chef du département énergie, au ministère de l’Économie. Les minces actions du gouvernement pour limiter les émissions de GES passent aujourd’hui par la modernisation des centrales existantes, et la construction de nouveaux blocs énergétiques plus propres. Mais pour les écologistes ce n’est évidemment pas suffisant.

D’autant plus que la Pologne a d’ores et déjà apposé son veto à “carbone 2050”, la feuille de route de l'Union européenne qui doit être discutée tout au long de la conférence climatique. Reste que, si les étapes proposées par l’ONU ne lui conviennent pas, le gouvernement polonais approuve toutefois l’objectif final, qui est de réduire de 80 % les émissions d’ici à 2050.

Le relais du protocole de Kyoto

Selon les experts du Giec, si les pouvoirs publics n'agissent pas rapidement, le réchauffement climatique pourrait frôler les 5°C, alors que la communauté internationale s’est fixée une limite à 2°C, par rapport à l’ère pré-industrielle.

Pour l'heure, le seul texte limitant les GES est le protocole de Kyoto, mais il ne concerne que les pays industrialisés, à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont jamais ratifié, et ne couvre désormais que 15 % des émissions totales. Le prochain accord, qui prendra le relais du protocole de Kyoto en 2020, doit inclure les États-Unis, et les grands pays émergents, parmi lesquels la Chine, qui demeure le premier pollueur au monde.

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Le paradoxe du charbon polonais 

Dans ce reportage pour Insiders, Valérie Gauriat nous emmène au cœur de la Pologne accro au charbon, pays qui vient pourtant d'accueillir la COP24 sur le climat. De nombreux emplois en dépendent alors que ses effets néfastes pour l'environnement sont criants.

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Niché dans la vallée de Liberec, en République tchèque, se dresse le village pittoresque de Vitkov. La vie y semble plutôt paisible pour sa centaine d'habitants.

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Mais depuis quelques temps, l'inquiétude règne. "Avant, il y avait environ un mètre d'eau ici", raconte Marie Polarova"Mais depuis un an, le niveau de l'eau a beaucoup baissé et ce ruisseau s'est presque complètement asséché".

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La Pologne épinglée par l'UE

Pointé du doigt, le réchauffement climatique, mais aussi la mine de lignite polonaise de Turów, de l'autre côté de la colline. Autrement dit, le charbon. Les importants besoins en eau de cette mine menacent la nappe phréatique de toute la région, craignent les habitants de Vitkov.

A l'école maternelle, on a dû faire creuser des puits de plus en plus profonds pour s'approvisionner en eau potable. "Le problème, c'est que tout le monde n'a pas les moyens de financer ces travaux. Et si les gens n'ont pas d'eau, ils partiront et la région va mourir", explique Karel Řehak, enseignant.

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Bogatynia (Pologne)

Direction Bogatynia, à l'ouest de la Pologne, que jouxtent la mine de Turów et sa centrale thermique. La ville doit sa prospérité au charbon. Mais cela a un prix. La centrale de Turów est classée parmi les cinq centrales à charbon les plus génératrices de CO2 et aussi les plus polluantes d'Europe.

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La Cour européenne de justice a épinglé la Pologne pour la mauvaise qualité de son air. En cause, outre l'industrie minière, l'utilisation du charbon pour le chauffage et la cuisine dans 40% des foyers. Comme le montre cette carte de l'index de qualité de l'air de l'Agence européenne de l'environnement datée du 18 décembre : au cours des dernières 48 heures par exemple, les pics de pollution de l'air en Europe ont été principalement enregistrés en Pologne.

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Et dans un quartier de Bogatynia, au pied des cheminées de Turów, les habitants constatent les conséquences du charbon sur l'environnement. Nous avons rendez-vous chez l'un d'eux. Comme beaucoup dans cette ville, il travaille dans le secteur de l'énergie et ne veut pas être reconnu.

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"L'extraction du charbon et le fait de le brûler entraînent de nombreux problèmes de santé", dit-il. "Surtout à cause de la poussière et des particules fines qui nous ensevelissent. Les normes sont régulièrement dépassées. On le sent dans notre bouche, nos yeux, notre nez, on le voit sur tout ce qui nous entoure."

Il nous montre aussi une vidéo qui montre clairement l'impact du charbon sur leur environnement tout près de chez eux. "Là, ils sont en train de charger et stocker le charbon, regardez. C'est juste à côté de notre lotissement. Et ça, c'est ce à quoi ressemble la neige chez nous en hiver."

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La neige devenue noire à cause du charbon (filmée par un habitant)

Un secteur néfaste pour l'environnement...

A Katowice, capitale de la Silésie et ville hôte du récent sommet mondial sur le climat, des militants tentaient ce jour-là de sensibiliser l'opinion. Selon l'Agence européenne pour l'environnement, la pollution tue quelques 50.000 personnes par an dans le pays.

Patryk Bialas, militant pour l'environnement, explique : "Sur les 50 villes les plus polluées d’Europe, 33 se trouvent en Pologne. Et le charbon est l’une des causes du réchauffement climatique. C’est pourquoi il faut en sortir."

... Mais un secteur important pour l'emploi

Une gageure, en Silésie, longtemps surnommée le royaume polonais du charbon. Le secteur représente quelques 85.000 emplois directs et génère quatre fois plus d'emplois indirects.

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La mine de charbon de Piast, non loin de Katowice, est la plus grande d'Europe. Nous sommes autorisés à y entrer, quelques jours avant la COP 24, chose qui n'a pas été facile. "Les compagnies minière rechignent à s’exposer aux médias avant le sommet. Elles craignent qu’on leur fasse une mauvaise publicité", explique notre journaliste Valérie Gauriat.

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La mine de charbon de Piast

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Les mineurs de retour

C'est l'heure du retour des mineurs qui viennent de passer sept heures sous terre, à 500 et 600 m de fond.

Radoslaw est l'un des 3500 employés. A 29 ans, il entame sa neuvième année sur place. Un travail pénible et dangereux pour lui, dit-il. Mais il n'aurait pas imaginé faire autre chose :"J’ai vu cette mine depuis ma fenêtre pendant toute ma vie. Mon père était mineur, mes grand-pères étaient mineurs. C’est une tradition qui se transmet de génération en génération", raconte-t-il.

"Parfois je me sens comme une loque humaine, j’ai mal au dos, aux genoux, aux jambes. Mais c’est la nature du métier. C’est difficile à expliquer, mais quelque chose m’attire ici et du coup, je continue à travailler à la mine."

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Radoslaw, mineur de 29 ans

"Le réchauffement climatique : oui, mais..."

En dehors de la mine, Radoslaw partage d'autres passions, avec son ami et voisin Dominik qui a fondé une agence de communication baptisée la "mine créative".

Ensemble, ils animent un blog dédié à la montagne et aux sports de glisse. "Si je dois passer mon temps de travail dans des tunnels étroits, et dans l'obscurité, alors ma récompense c'est de passer mon temps libre dans des espaces ouverts, à la montagne et sur les sommets", explique Radoslaw.

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Radoslaw est aussi photographe. Depuis des années, il immortalise la réalité des mineurs de fond : "Je sens que c'est mon devoir, parce que je vis ici et que je travaille dans cette mine, de cultiver cette tradition minière, la montrer et la soutenir pour qu'elle ne soit jamais oubliée."

La lutte contre le réchauffement climatique, c'est aussi leur affaire, disent les deux

amis. Mais elle ne peut se faire au détriment de la communauté dans laquelle ils ont grandi. "Cette assimilation simpliste de ceux qui risquent leur vie pour extraire du charbon, au réchauffement climatique, pour moi, c'est du racisme social et c'est inadmissible", explique Dominik.

"Je pense que nous devrions modifier notre mix énergétique sur le long terme, en réduisant la part du charbon, mais cela doit être un processus bien planifié."

Des villes marquées par le poids du charbon

La fin de l'or noir, une perspective lointaine en Pologne, qui tire plus de 80% de la production de son électricité du charbon. Outre la construction d'une nouvelle centrale à charbon au nord du pays, plusieurs sites miniers doivent étendre leur périmètre en Silésie.

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Les nouveaux plans d'extension de la mine voisine de Piast, sous la ville d'Imielin, inquiètent les riverains. Ex-conseiller municipal, Tomasz Lamik veut nous montrer les dégâts déjà provoqués dans ce village non loin de là : "A cause des affaissements de terrain, les immeubles penchent, les maisons se fissurent, parfois on a même dû les démolir [...] Ici il y a des activités minières intensives depuis 30 ans. Ils réparent, ça se dégrade, ils réparent à nouveau, ça se dégrade à nouveau et ainsi de suite."

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A l'entrée d'Imielin, les voies de chemin de fer se sont affaissées avec le terrain. Alicja nous y rejoint. Enseignante, elle aussi milite pour sauver sa ville : "Ce chemin de fer est pour moi le symbole d'un côté de ce que notre ville est maintenant, elle est jolie, soignée, et de l'autre, de ce qui peut nous arriver, nos maisons peuvent s'effondrer, ainsi que nos deux réservoirs d'eau potable". A terme, Tomasz et Alicja craignent de voir leur ville se dépeupler.

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Si cela continue, "nos maisons disparaîtront"

La journée se termine dans une maison d’Imielin où nous attendent Bartek et sa voisine Anja. Leur quartier est éloigné du périmètre minier. Ils s’y croyaient en sécurité. A tort.

"Il y a de grosses fissures. L’encadrement de la porte s’est également affaissé. Et là en bas, il y a une fissure, assez grande. Et ce mur est complètement fendu". La première secousse est survenue lors de leur troisième ou de leur quatrième nuit. "Lorsque la maison a tremblé, j’ai sauté de mon lit et ensuite je n’arrivais plus à me rendormir."

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"Des affaires dans les placards ont été renversées, des placards se sont ouverts et des tiroirs sont tombés." Les deux habitants sont aujourd'hui très inquiets : "Nous sommes sûrs que si la mine commence l’exploitation ici, à 180 mètres de profondeur, comme ils l'ont écrit, alors nos maisons disparaîtront".

Quelles solutions de l'Union européenne ?

Certains habitants comptent désormais sur l’aide de l'Union européenne dont le programme politique prévoit de limiter l’exploitation du charbon dont les conséquences traversent les frontières.

Après 17 heures de négociations, ce 19 décembre, les 28 États membres de l’Union sont parvenus à se mettre d'accord pour limiter les émissions de CO2 à 550 grammes par kWh produit sous peine de se voir interdire toute aide étatique, ce qui de fait, élimine le charbon du “marché de capacité”.

Une transition écologique trop rapide ?

Mais la neutralité carbone que préconise la Commission européenne à l’horizon 2050 est impensable, aux yeux des autorités et de l'industrie minière polonaises. Et une transition trop rapide serait fatale, assure Dominik Kolorz, le responsable du syndicat Solidarité en Silésie, pour qui l'économie verte ne pourra compenser les pertes d'emplois dans l'industrie du charbon.

"Il y a 25 ans, quand le processus de restructuration a commencé, nous y avons perdu des milliers d'emplois, et seulement des centaines d'emplois ont été créés en échange", explique Dominik Kolorz"Si l'accélération du processus de décarbonisation continuait à être aussi forte que le souhaite l'Union européenne, nous ne le supporterions pas, ni du point de vue économique, ni du point de vue social."

Une restructuration du secteur difficile

Les traces de la profonde restructuration du secteur du charbon en Pologne ces dernières années sont encore bien visibles. Si une partie du bassin minier a réussi sa transition économique, certaines régions accusent encore le coup.

En Basse-Silésie, au sud-ouest du pays, la région de Walbrzych a longtemps vécu du charbon. Mais faute de rentabilité, toutes les mines alentour ont été fermées, laissant des dizaines de milliers de personnes sans emploi.

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Beaucoup n'ont jamais digéré ce qu'ils considèrent avant tout comme une décision politique injustifiée comme cet ancien mineur rencontré au détour d'une rue : "Du charbon, il y en a tant! Qui est-ce que cela peut déranger ? On a besoin de charbon ! \_Ceux qui pensent autrement vous savez..."_

"Mines de pauvreté"

Roman, lui, a perdu son emploi de mineur il y a une vingtaine d'années. Faute de retrouver du travail, il a repris du service dans les puits dits "de pauvreté".

Des mines illégales, creusées à même le sol. Apparues au plus fort de la crise, elles ont fait vivre jusque 3 000 personnes de la contrebande de charbon. Sévèrement réprimée, l'activité est devenue plus rare ces dernières années.

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Aujourd'hui, Roman vit de petits boulots, mais vient encore sur place de temps en temps, pour arrondir ses fins de mois"Tant qu'il y aura du charbon, il y aura des puits de pauvreté. Les autorités viendront pour les ensevelir. Mais les gens les rouvriront à nouveau. Parce que le charbon, est, était et sera toujours nécessaire", dit-il

Ce puits ne fait qu’environ deux mètres de profondeur, mais d’après Roman, certains vont jusqu’à 15 mètres. Et il vient de poser sept morceaux de charbon sur le manche de sa pioche. Il dit qu’ils représentent les sept personnes qu’il connaissait et qui sont mortes dans ces puits.

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Mais ce jour-là, Roman n'ira pas vendre son charbon. Il le destine à l'un de ses voisins, lui aussi ancien mineur, puis maçon. Un accident l'a plongé dans la misère, il y a une dizaine d'années.

Chez lui, le gaz et l'électricité sont coupés. Avec une allocation sociale de 140 euros par mois, Zbigniew ne peut pas payer ses dettes. Alors il se chauffe au poêle.

"Nos cœurs battent au rythme des jours anciens"

A une quarantaine de kilomètres de là, à Nowa Ruda, notre équipe a été conviée à une soirée très exclusive, organisée chaque année à l'approche de la Sainte Barbe, patronne des mineurs. Roman est présent, en costume d'apparat. Pour rien au monde, il ne manquerait ce rendez-vous.

"Les mines sont fermées depuis de nombreuses années, mais nous les mineurs on se retrouve ici pour célébrer les anciennes traditions des mineurs, partager une chope de bière, chanter l'hymne des mineurs…", confie-t-il. Avant d'ajouter : "Pour que nos coeurs, ne serait-ce que pendant quelques instants, battent au rythme de ces anciens jours où tout le monde travaillait."

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La soirée se termine. Roman et l'assemblée des nostalgiques de la mine entâment en coeur une version polonaise de "ce n'est qu'un au revoir "...

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Voir les liens ci-dessous :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_en_Pologne

Énergies en Pologne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_thermique_de_Be%C5%82chat%C3%B3w

Centrale thermique de Belchatow.

 

En Allemagne..

Le combat contre le charbon se durcit en Allemagne

Blocages illégaux d'excavatrices, manifestations hebdomadaires contre la combustion du lignite ou encore campements de protestation et de villages dans les arbres... Le combat des opposants au charbon se durcit en Allemagne à quelques jours de la Conférence sur le climat à Glasgow et sur fond de négociations concernant une future coalition gouvernementale à Berlin.

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Le combat contre le charbon se durcit en Allemagne.

Pour prendre le pouls de cette mobilisation pour la sortie du charbon, je me suis rendu dans l'une des plus grandes mines de lignite à ciel ouvert du monde, Garzweiler II. Notre reportage démarre à l'aube. Je suis alors subjugué par ce paysage industriel qui s'étend à perte de vue, les couches de terre et de lignite étant baignées par la lumière du petit matin. Mais c'est une beauté mortelle : si toutes ces centaines de millions de tonnes de lignite qui se trouvent encore dans le sous-sol sous mes pieds étaient extraites et brûlées, l'Allemagne ne tiendrait pas ses engagements pris dans l'accord de Paris. Le pays a pris conscience ces dernières années que la catastrophe climatique est très proche et bien réelle avec des étés de canicule alternant avec des pluies diluviennes qui engloutissent des villages et des vies.

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Opération clandestine

Ce n'est pas un hasard si je me trouve sur place ce jour-là. J'ai reçu une information essentielle de l'une de mes sources dans le mouvement allemand de protection du climat. "Quelque chose de grand" est prévu à la mine, m'a-t-on dit. On m'indique uniquement un jour et un lieu.

L'opération prévue par les militants tombe en tout cas, à point nommé : à Berlin, les partis politiques se réunissent pour des négociations de coalition en vue de former un nouveau gouvernement. Les préoccupations relatives au climat et au charbon figurent parmi les sujets à aborder en priorité. De plus, nous ne sommes qu'à quelques jours de l'ouverture de la Conférence sur les changements climatiques COP26 à Glasgow.

Je m'approche de la mine à ciel ouvert quand soudain, le bruit de la police se fait entendre. Quelques minutes plus tard, un hélicoptère apparaît dans le ciel. Je reçois un message : une excavatrice et deux grues sont bloquées.

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Des militants pour le climat tentent d’occuper des mines de charbon.

’’Ce n'est pas acceptable de programmer la sortie définitive du charbon à l'horizon 2038"

Un groupe jusqu'ici totalement inconnu "Contre-attaque pour une vie meilleure" s'est introduit sur le site minier pendant la nuit. Les 21 militants participants se sont divisés en trois groupes et ont atteint le centre de cette mine qui s'étend sur plusieurs km² et immobilisé trois énormes machines. Certains activistes se sont enchaînés à la structure située au sommet des imposantes excavatrices.

À l'extérieur de la mine, je rencontre Lara et Sarah dans le camp de protestation situé à Lützerath, l'un des six villages menacés par l'extension programmée de la mine de lignite. Après discussion, elles acceptent de me mettre en contact par téléphone via un numéro confidentiel avec des militants qui occupent les engins dans la mine.

"C'était très intense," me dit une voix féminine au téléphone. "Ce n'est pas facile de se faufiler dans une mine et de bloquer une excavatrice," fait-elle remarquer. Je l'interroge sur les revendications de son groupe. "Nous avons pris des mesures pour faire pression en faveur d'une sortie du charbon le plus tôt possible," répond-elle."Ce n'est pas acceptable de programmer la sortie définitive du charbon à l'horizon 2038 et de détruire d'ici là, d'autres villages comme Lützerath," s'indigne-t-elle.

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Une chaîne humaine contre le charbon :mobilisation contre une mine dans l’ouest de l’Allemagne.

La donne changera-t-elle à Berlin ?

Au cours de mes années de reportage pour Euronews, j'ai visité un certain nombre de mines en Europe. Je me souviens très bien de mes échanges avec les mineurs, les patrons de syndicats et les ministres des gouvernements d'Europe centrale et orientale. L'un de leurs principaux arguments était : pourquoi devrions-nous sortir du charbon plus tôt en Pologne, Roumanie ou ailleurs, si même la riche Allemagne n'est pas capable de sortir du charbon avant 2038 ?

La lenteur avec laquelle ce pays tourne le dos au charbon a ralenti la transition énergétique européenne. Mais un changement est possible : à Berlin, les sociaux-démocrates, les libéraux et les verts ont évoqué dans le document de discussion en tant que partenaires de coalition potentiels, pour la toute première fois, l'échéance de 2030 comme une échéance possible pour la sortie définitive du charbon.

Cela signifie-t-il une lueur d'espoir pour le climat, mais aussi pour les villages dont le sous-sol renferme du lignite et qui ne sont pas encore détruits ? Lützerath, Keyenberg, Kuckum et tous les autres survivront-ils ?

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L’électricité noire allemande tue 200.000 personnes par an (Tribune)

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Depuis plus de 20 ans, le taux de mortalité de l’Allemagne (presque 12 décès pour 1000 habitants en 2018) est supérieur de plus de 20 % à celui de la France (environ 9 décès par an pour 1000 habitants) et de la plupart des pays d’Europe.

De surcroit, cet écart se creuse, malgré le développement des sources d’électricité dites « vertes » telles que les éoliennes et les panneaux photovoltaïques.

Une explication plausible, rarement soulignée, est la pollution atmosphériquecausée par les centrales à charbon et à gaz de l’Allemagne qui constituent toujours l’essentiel (60%) de sa production d’électricité.

C’est l’électricité noire (majoritaire) cachée sous le vernis affiché de sa couleur verte.

Voyage au-dessus d’un scandale humain couvert par une omerta médiatique.

Le taux de mortalité

Toutes causes confondues, près d’un million de décès est enregistré chaque année en Allemagne pour une population d’environ de 83 millions d’habitants. L’espérance de vie y est de 81,1 ans (hommes et femmes). En France, l’espérance de vie est de 82,7 ans pour 67 millions d’habitants.

Entre 2000 et 2019, l’écart des décès pour 1000 habitants entre l’Allemagne et la France est passé de 1,6 à 2,6 (voir graphique issu de indexmundi.com), ce qui représente 216.000 morts supplémentaires chaque année en Allemagne.

Et ce chiffre augmente en moyenne de 4000 morts de plus chaque année.

A raison d’environ 200.000 morts supplémentaires par an, la politique énergétique de l’Allemagne reposant essentiellement sur du charbon allemand et du gaz russe a probablement tué environ 4 millions de personnes sur 20 ans, mais presque personne ne s’en préoccupe.

Un sujet tabou

Hormis quelques pays d’Europe centrale et de l’est (Serbie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Russie et Etats baltes), l’Allemagne est le plus mauvais élève au classement de la mortalité. Et ce phénomène ancien n’a fait l’objet d’aucune étude sérieuse.

D’où vient ce silence sur un sujet de santé publique aussi important ? Pourquoi personne n’a cherché à définir les causes de ces 200.000 morts supplémentaires par an en Allemagne ?

En France et en Allemagne, la plupart des facteurs de mortalité sont communs et entraînent des conséquences proportionnelles à la population.

La mortalité routière est plus importante en France (87,9 tués par million d’habitants) qu’en Allemagne (64,8).

La durée du travail est légèrement plus élevée en Allemagne (1580 heures contre 1521). La durée hebdomadaire est paradoxalement inversée (34,8 h contre 36,3 h) mais il y a plus de jours fériés. Il n’y a pas là de quoi expliquer une différence sur la durée de vie.

Le tabagisme est légèrement plus important en Allemagne qu’en France (30,3 % contre 27,6 % chez les plus de 15 ans). Le nombre de décès induits varie beaucoup selon l’origine de la source. L’évaluation est difficile car ces cancers sont du même type que ceux engendrés par la pollution de l’air. Sur la base de 75.000 décès par an en France, la différence est d’environ 2000 décès supplémentaires en Allemagne par an dus au tabagisme.

La consommation d’alcool est également plus forte outre-Rhin (13,4 litres/habitant/an contre 12,6 litres en France), mais cette différence n’est pas significative.

Les dépenses de santé sont 15 % plus élevées en Allemagne qu’en France (4459 € par habitant et par an contre « seulement » 3883 €). Peut-être à cause de ce surcroît de maladies et de mortalité.

Les véhicules diésels sont souvent stigmatisés. Or, le pourcentage de véhicules diésels en France est supérieur à celui de l’Allemagne (39% contre 32%). Comme il y a plus de voitures au total en Allemagne, le nombre de voitures diésels est cependant équivalent.

La surmortalité allemande ne peut donc pas venir du diésel, ni de l’automobile en général.

Les mines de charbon encore présentes, et toujours programmées sur le sol allemand, sont pour la plupart à ciel ouvert et les taux de mortalité à long terme (au-delà des accidents locaux) ne sont pas connus.

Cependant, rien dans ce panorama ne peut expliquer sérieusement les 200.000 morts supplémentaires par an.

Les articles de presse, peu étayés, admettent souvent l’incidence de la pollution atmosphérique sur la mortalité en évoquant des ordres de grandeur allant de 10.000 à 30.000 décès par an. Seul un article de touteleurope.eu du 07 juin 2018 évoque: « 227.000 morts par cancer du poumon en Allemagne », sans préciser l’origine de ces cancers.

La Société allemande pour la pneumologie (DGP) estime que 6000 Allemands meurent prématurément chaque année des suites du contact avec le dioxyde d’azote et 60.000 à cause des particules fines.

La focalisation de l’attention sur les rejets de CO2 pour le réchauffement climatique a occulté les autres types de pollution. En particulier les gaz nocifs (NOx, SOx, O3, …) et les particules fines du charbon (terme englobant le lignite encore plus sale).

De nombreuses villes en Allemagne ont des taux moyens de pollution aux particules fines qui dépassent le seuil du classement de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) de 50 microgrammes par m3 (μg/m3) d’air pour les PM10 (moins de 10 microns (μm)). Des pointes à 100 μg/m3 et au-delà, ne sont pas rares.

Et rien n’est indiqué pour les particules encore plus fines (moins de 2,5 μm) bien plus nocives, voire des ultrafines (moins de 0,1 μm), dont les statistiques, focalisées sur les voies respiratoires, ignorent l’incidence sur le système cardio-vasculaire.

Les rejets de gaz nocifs et de particules fines constituent donc probablementl’une des principales sources de mortalité.

De plus, s’y ajoute une pollution de surface due au charbon (effluents de lavage, boues et cendres) dont l’accumulation pourrait aussi expliquer ce taux de mortalité supérieur à celui de la France.

Origine de la pollution

La majeure partie des rejets nocifs de particules fines outre-Rhin est issue des centrales à charbon, dont la production s’est à peine ralentie passant de65% en 2000 à 60% en 2019 malgré l’accroissement des énergies ditesrenouvelables.

Deux explications à ce paradoxe :

  • l’accroissement des besoins en électricité : l’Allemagne a consommé 500 térawattheures (TWh) durant l’année 2000 et un peu plus de 600 TWh en 2019 (+20%) ;
  • le charbon et le gaz ont compensé en partie la diminution de la production du nucléaire de 170 TWh/an en 2000 à 75 TWh en 2019, car les sources pilotables sont nécessaires pour corriger les variations fatales de l’éolien et du solaire.

Le besoin en sources pilotables a essentiellement été alimenté par l’apport du gaz russe qui a fourni 90 TWh en 2018 contre 35 TWh en 2000. La combustion du gaz n’est peut-être pas moins toxique que le charbon car elle rejette outre du CO2 (600 g/kWh contre 1000 g/kWh pour le charbon et 1200 pour le lignite), des gaz nocifs (méthane, H2S, SO2) et des particules fines.

Et cette grave pollution allemande s’exporte bien. L’Europe’s Dark Cloud (le nuage noir de l’Europe) ne s’arrête pas non plus aux frontières. Bien que protégée par les vents d’ouest dominants, la France, y est soumise.

Cerise sur le gâteau, l’Allemagne va inaugurer en 2020 une nouvelle centrale à charbon de 1000 MW en Rhénanie. Et ce pays prétend sortir du charbon en 2038. Vous y croyez vraiment ? D’ici là, plusieurs gouvernements allemands se seront succédés.

La politique énergétique allemande reposant essentiellement sur du charbon et du gaz permettant le développement des énergies renouvelables (pour des motifs électoraux) est probablement la principale responsable de 200.000 morts de plus par an en Allemagne, et probablement aussi hors de ses frontières.

Le tribunal de Nuremberg a jugé les crimes de la dernière guerre mondiale. Mais le tribunal international de La Haye ne sera jamais saisi pour faire comparaitre les responsables allemands de cette politique énergétique qui a vraisemblablement provoquée cette hécatombe d’environ 4 millions de décès prématurés en 20 ans.

Il restera peut-être le tribunal de l’Histoire…

Elections allemandes : à Keyenberg, village menacé de destruction, "on se bat contre le charbon sous nos pieds"

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La mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, en Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne), le 14 septembre 2021.  (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

Près de la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler (Allemagne), six villages sont menacés d'être rasés. L'exploitation de quelque 600 millions de tonnes de charbon se poursuit, malgré la promesse allemande de sortir du charbon en 2038.

Nichée dans la campagne de Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne), l'immense mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, se ferait presque passer pour une attraction touristique. L'énergéticien RWE qui l'exploite conseille même un point de vue pour l'admirer. En se rapprochant, d'infinies lignes d'extraction creusent les pentes beiges, grises, noires à l'allure désertique. D'imposants camions défilent et cinq excavatrices, au loin, tournent à plein régime.

Ce lundi de septembre, un bus s'arrête, laissant sortir une trentaine de lycéens venus de Bavière. "Le paysage est presque lunaire", souffle leur professeur, venu, à la veille des élections fédérales du 26 septembre, montrer aux jeunes "d'où vient l'énergie" qu'ils consomment. "Une attaque massive contre la nature", selon lui. Ici, le charbon gagne du terrain, aggravant les émissions de gaz à effet de serre et menaçant six villages voisins de disparition. Un paradoxe dans une Allemagne qui a acté sa sortie du nucléaire en 2011, émis des promesses écologiques, mais demeure dépendante de cette énergie fossile très polluante, dont la sortie est prévue pour 2038.

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Des élèves de Bavière venus observer la mine de Garzweiler (Allemagne), le 14 septembre 2021.  (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

À quatre kilomètres de ce terrain "lunaire", une commune paisible à l'histoire médiévale, Keyenberg, semble figée dans le temps. Seules deux femmes discutent près de l'église, ancien cœur battant du village. L'horloge s'y est arrêtée et les cloches ne sonnent plus. L'édifice, comme de nombreuses maisons de briques voisines, a été vendu à RWE.

Maisons englouties et forêts dévorées

Il y a encore quelques jours, un habitant menait une vaine grève de la faim sur ce parvis. Keyenberg va disparaître pour laisser place à de nouveaux engins, capables de dévorer 600 millions de tonnes de charbon. Extraire ce combustible nécessite bien plus que des forages. Il faut effacer tout ce qui se trouve à la surface. La mine engloutit les maisons comme elle dévore les forêts. Dans la région, certains évoquent la possibilité de "s'enchaîner" pour défendre ce qui s'apparente à une ZAD. D'autres activistes construisent des habitats de fortune dans les arbres pour les protéger des abatteuses.

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Le village de Keyenberg (Allemagne), menacé de destruction du fait de l'extraction de lignite à Garzweiler. (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

Ingo Bajerke n'en est pas là. Il se désole pour l'instant de voir l'église locale fermer bientôt ses portes. Déjà, le village voisin, où il est né, a perdu la sienne à cause de l'extension de la mine. "Il est 18 heures et on n'entend pas sonner les cloches. Quelque chose manque. Ça fait mal", glisse-t-il. Sa maison à Keyenberg a déjà été vendue à RWE. Sa famille a reçu il y a cinq ans, comme d'autres, une lettre les invitant à quitter les lieux avant 2023. En Allemagne, une loi de 1937 toujours en vigueur permet à l'extraction de charbon de primer sur la propriété privée.

"J'ai peur que tous mes souvenirs s'envolent."

Ingo Bajerke, habitant de Keyenberg 

à franceinfo

L'habitant a d'abord tenté de rester. Puis il a vu ses voisins partir et le village où il a passé presque toute sa vie se vider de ses âmes. "En mai 2019, nous avons eu la dernière grande fête commune. C'est la dernière fois qu'il s'est passé quelque chose ici." L'enfant de Keyenberg a finalement vendu la bâtisse familiale. Il ne partira pas seul. Dans un mois, RWE déplacera les cercueils de ses parents, morts en 2017 et 2019, pour les déposer dans le cimetière du "Keyenberg Neu", ou "Nouveau Keyenberg", où les délogés se réinstallent.

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Ingo Bajerke, habitant de Keyenberg (Allemagne), devant l'église du village, le 13 septembre 2021.  (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

Non loin de là, un lotissement est jonché de quelques bennes à ordure, signes d'un départ inéluctable. On y retrouve parfois des photos de famille. Selon un dernier recensement (lien en allemand), un peu plus de 250 habitants vivent encore à Keyenberg tandis que 277 ont posé leurs valises à "Keyenberg Neu", cet ersatz de village qui accueille les délogés.

"Il y a des gens qui veulent rester"

D'autres ont préféré fuir ce paysage en carton-pâte. Les vastes allées froides de cette bourgade de substitution fraîchement sortie de terre tranchent avec celles de l'originale. Seuls les noms de rues, transposés à l'identique et les briques de quelques maisons rappellent l'historique village. L'église, bâtisse glaciale tout en verticalité, affiche un air soviétique derrière ses échafaudages. "Ça ressemble à une caserne de pompiers ou à un crématorium. Je n'irai jamais dedans", souffle Ingo Bajerke. D'autres habitants se disent ravis de leurs maisons neuves et de leur nouvelle vie, pas lui : "Je délaisse mon chez-moi pour une ville-dortoir".

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L'église du "nouveau Keyenberg" (Allemagne), le 14 septembre 2021.  (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

L'homme, bientôt quinqua, montre son nouveau terrain, 600 mètres carrés contre 1 500 auparavant. Des grues surplombent les rues en chantier. Dans le futur salon encore vide d'Ingo Bajerke, la fenêtre laisse entrevoir quelques ouvriers à la tâche.

Dans la rue principale de l'ancien Keyenberg, de fines croix jaunes "de résistance"sont posées près de certaines portes. Un panneau de la même couleur explique aux passants qu'"il y a des gens dans ce village qui veulent rester". Leur auteur ? Un collectif nommé "Alle Dörfer bleiben" ("Tous les villages restent", en français) auquel appartient Norbert Winzen, un nutritionniste de 56 ans dont 53 passés ici.

"Il doit y avoir une deuxième voie"

Dans sa grande ferme familiale, trois générations et onze personnes se côtoient."C'est ma maison, mon histoire. Ce sont les fêtes d'anniversaire de mes 10, 18 et 30 ans", résume ce fils et petit-fils d'agriculteur, pas vraiment enclin à déménager.

"Ma mère est née dans ce village. Elle n'a jamais voyagé, c'est sa maison ici. Elle a 75 ans et pour les 15 dernières années de sa vie, on lui dit : 'Vous devez partir.'"

Norbert Winzen, habitant de Keyenberg 

à franceinfo

Dans la vaste cour de la ferme, entre vélos et canapés de jardin, Norbert Winzen raconte "sa colère" quand l'heure du départ a sonné. Il relate sa première rencontre avec les représentants de RWE. Les mots entendus ce jour-là l'ont marqué : "C'est nécessaire pour l'Allemagne". Dur à entendre "quand vous pensez au travail de votre père". "Et c'est une société allemande qui fait ça !" souffle-t-il.

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Norbert Winzen, habitant de Keyenberg, dans la cour de la ferme de sa famille, le 13 septembre 2021 à Keyenberg (Allemagne).  (VALENTINE PASQUESOONE / FRANCEINFO)

La famille, défaite, a pensé à suivre les consignes de RWE, jusqu'à l'arrivée de militants écologistes prêts à défendre les villages menacés. C'est ainsi que des habitants ont rejoint "Alle Dörfer bleiben", raconte Norbert Winzen"Nous voulons rester, il doit y avoir une deuxième voie", soutient celui qui consacre "entre 5 et 80 heures" chaque semaine à son combat. Il lui arrive d'hésiter, de penser à tout lâcher. "Et il y a d'autres jours où je me dis que je ne quitterai jamais cet endroit."

Le soir-même, il dîne avec une poignée de militants occupant la forêt du village sous une bannière "Bienvenue dans la forêt pour tous" accrochée entre deux branches. Les activistes ont commencé à occuper les lieux l'an dernier, bâtissant des maisons perchées dans les arbres "pour être un obstacle à la destruction du village", explique une jeune Allemande, Kante. Mais aussi pour lutter contre "la catastrophe climatique qui menace déjà des vies à travers le monde" et qui se joue aussi devant leurs yeux. "Si on se bat pour rester ici, on se bat contre le charbon sous nos pieds", souligne Norbert Winzen.

Ce combat partagé entre habitants et écologistes a connu sa première victoire, en mars dernier : la destruction des villages n'interviendra pas avant 2026a annoncé la région (lien en allemand). Un sursis, qui rend Norbert Winzen "optimistesur son avenir à KeyenbergAutour du village, les excavatrices attendront encore avant de vrombir.

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En Allemagne, une mine de charbon qui engloutit les villages

Parallèlement à la COP26, une manifestation est organisée pour empêcher la destruction d'un village menacé par la mine de Garzweiler. Une loi datant de l'ère nazie, toujours en vigueur, permet de faire prévaloir l'extraction de charbon sur la propriété privée.

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ALLE DÖRFER BLEIBEN !Le village de Lützerath à 200 mètres du gouffre de Garzweiler.

ALLEMAGNE – Au bord du gouffre. C’est littéralement la situation du petit village de Lützerath, dans la région rhénane en Allemagne, menacé par l’expansion de la mine de charbon de Garzweiler. Cette mine à ciel ouvert est déjà à l’origine de l’expropriation de près de 50.000 habitants ces 15 dernières années.

Le même sort pourrait prochainement être réservé au dernier résident de Lützerath. Pour éviter cela, le mouvement “Alle Dörfer Bleiben” (“tous les villages doivent survivre”) va investir les lieux ce dimanche 31 octobre, alors que, hasard du calendrier, la COP26 s’ouvre à Glasgow. L’objectif est de barrer la route au géant énergétique RWE, qui a aussi planifié la destruction de cinq autres localités environnantes.

Christopher Laumanns, l’un des membres du collectif “Alle Dörfer Bleiben”a accepté de répondre aux questions du HuffPost. La famille de son père est d’ailleurs originaire de Keyenberg, l’un des autres villages menacés, où il vit aussi en partie.

Il décrit une situation urgente, alors qu’il “ne reste que 200 mètres entre le village et la mine. Les excavatrices de RWE creusent actuellement directement vers le village jour et nuit. RWE veut exproprier le dernier fermier de Lützerath, Eckardt Heukamp, ​​pour ensuite démolir sa ferme et le reste du village. Il résiste à son expropriation devant le tribunal.”

La mine à ciel ouvert de Garzweiler s’enfonce dans le sol à une profondeur de 400 mètres et s’étend sur une superficie de 48 km2. Elle est l’une des plus grandes mines de charbon d’Europe, mais aussi le site le plus polluant de tout le continent. 

Une “petite victoire” pour Lützerath

C’est dans l’ouest de l’Allemagne, à une petite heure de Cologne, que se situe  Lützerath. L’endroit est devenu presque fantôme. Tous les habitants ont déserté le lieu de gré ou de force, mis à part Eckardt Heukamp. Il est le dernier agriculteur du village et aurait pu être exproprié à son tour dès le 1er novembre. 

Mais “Alle Dörfer Bleiben” a fait part d’un retournement de situation le 28 octobre. “Eckardt a fait appel de la première décision de justice devant une juridiction supérieure. RWE a maintenant déclaré qu’il s’abstiendra de toute destruction jusqu’à ce que la juridiction supérieure décide, au plus tard jusqu’au 7 de janvier 2022. C’est une petite victoire pour nous”, commente Christopher.

En revanche, le collectif rappelle dans un communiqué que l’engagement de RWE ne s’applique pas aux autres propriétés de Lützerath. Les membres de “Alle Dörfer Bleiben” s’attendent à ce que les travaux de démolition aient lieu dans un futur proche.

Le rassemblement organisé par le mouvement est tout de même maintenu, plusieurs milliers de personnes sont attendues selon l’un des organisateurs. 

“La manifestation est une version agrandie de nos ‘promenades de village’ hebdomadaires, où nous faisons le tour du village menacé et les alentours”, explique Christopher Laumanns. En effet, la destruction du village Lützerath est loin d’être un cas isolé en Allemagne.  

Save the date! Sonntag den 31.10. um 12h sehen wir uns zur großen #LützerathBleibt-Demo!

Parallel zu den Koalitionsverhandlungen und einen Tag bevor RWE dem letzten Landwirt des Dorfes seinen Hof entreißen will! #AlleDörferBleiben

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C’est comme le Mordor ici !

Le paysage lunaire de la mine de Garzweiler s’impose au milieu des terres fertiles rhénanes. Des forêts ont été rasées, des cimetières déplacés, des maisons détruites et plusieurs milliers de personnes ont été expropriés. Au total, une vingtaine de villages ont été rayés de la carte. 

Ce processus de destruction au profit de l’expansion de la mine est rendu possible par une loi datant de 1937, toujours en vigueur. Par souci d’indépendance énergétique, cette loi a été adoptée sous l’ère nazie et autorise l’État allemand à faire primer l’exploitation du sol sur le droit à la propriété. 

Christopher explique que “Lützerath fait officiellement partie du grand village Immerath, qui a déjà été détruit.” Les anciens résidents ont été emmenés dans des “villages de remplacement”. Ils ont reçu des compensations financières qui dépendent de “la manière dont chaque personne négocie avec la société minière RWE. L’entreprise veille par des contrats à ce que les gens ne divulguent pas combien d’argent ils ont perçu”. 

C’est comme le Mordor ici !”, décrivait une ancienne villageoise d’Immerath à Sky News en juin 2021. Immerath était située au sud de Garzweiler et hébergeait 900 habitants. Son église, classée monument historique, a aussi été démolie.

Cette dynamique ne semble pas près de s’arrêter. RWE a dans son viseur les quelque 600 millions de tonnes de charbon qui sommeillent encore sous les villages environnants, alors que l’Allemagne prévoit de sortir du charbon en 2038.

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COP26Lutter pour l’objectif de 1,5 degré

Garzweiler n’exploite pas n’importe quel type de charbon: le lignite. Surnommé “le pire des charbons” pour ses importantes émissions de CO2, il est ensuite envoyé dans les centrales allemandes pour produire de l’électricité. 

Le charbon est devenu le principal contributeur du réseau électrique allemand - représentant 27% de la production, rappelle Le Dauphine. Une dépendance aucombustible fossile sujet de controverse. “Le paradoxe sous-jacent est le projet de l’Allemagne d’éliminer progressivement le charbon d’ici 2038 tout en ayant signé l’accord de Paris sur le climat. C’est beaucoup trop tard et cela rendrait impossible pour l’Allemagne d’atteindre ses objectifs climatiques”, ajoute Christopher Laumanns

Alle Dörfer Bleiben” rappelle aussi que l’Institut allemand pour la recherche économique DIW a récemment mis en garde. Selon DIW, la mine de Garzweiler devrait fermer d’ici la fin de 2026 au plus tard, si l’Allemagne veut contribuer au maintien de la limite de 1,5 degré sur le réchauffement climatique.

À voir également sur Le HuffPost: Un dinosaure envahit l’Onu pour appeler le monde à “ne pas choisir l’extinction

Garzweiler a mauvaise mine

Le centre de l’Allemagne est percé d’immenses trous de plus de 200 m de profondeur : les mines de charbon à ciel ouvert.

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La mine de Garzweiler, avec ses énormes excavatrices (à l’arrière-plan).

En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, non loin de Cologne, de titanesques mines à ciel ouvert dévorent le paysage. Champs, villages, autoroutes sont engloutis afin de satisfaire l’appétit des centrales électriques allemandes pour un médiocre charbon : le lignite. La plus vaste mine, celle de Garzweiler, est la bête noire des écologistes. Elle est devenue synonyme de drame de l’expropriation, de destruction de terres agricoles, de pollution aux métaux lourds. Quant au lignite, il est une des causes majeures des pluies acides et des gaz à effet de serre… Il faut pourtant visiter ce décor d’apocalypse avec ses villages fantômes promis à la destruction, comme Immerath ou Borschemisch. Et surtout ce trou de 200 m de profondeur sur plus de 50 kilomètres carrés, creusé par les baggers, ces excavatrices géantes de 15 000 tonnes, de 200 m de long et de 100 m de haut. La société RWE, qui exploite le site, a aménagé des plateformes d’observation sécurisées pour les curieux. La plus récente est équipée d’un balcon de 15 m de long baptisé « Skywalk ». On peut y surplomber le gouffre et observer l’activité des engins sur le front actuel de la mine. Les photos ci-contre sont prises d’un autre point de vue situé près de Jüchen.

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Des engins spécialisés dans le déplacement des tapis roulants.

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Jusqu’à l’horizon, un paysage lunaire.

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RWE dénonce les dégradations à la mine de Garzweiler lors d'une action pour le climat

[ACTUALISÉ] Allemands, Français et Européens de tous pays ont manifesté pour le climat le week-end du 21 juin 2019. Plusieurs associations, dont Youth for climate, se sont réunies pour se faire entendre autour de la mine de Garzweiler (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) de RWE en Allemagne. Au lendemain de la manifestation, le groupe énergétique allemand a dénoncé une occupation illégale et plusieurs dégradations.

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Les occupants ont été évacués par la police allemande dimanche 23 juin au matin.

En 2020.

En Allemagne, une sortie du charbon toute en contradictions

Le pays veut abandonner la filière charbon d’ici à 2038, afin d’atteindre ses objectifs climatiques. La mise en service d’une centrale thermique flambant neuve souligne les paradoxes de ce gigantesque défi.

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Un slogan contre la crise climatique est projeté par des militants de Greenpeace sur la tour de refroidissement de la centrale Datteln 4, samedi 30 mai. INA FASSBENDER / AFP

Dans la région industrielle de la Ruhr, il souffle un vent de discorde chargé de gaz à effet de serre. Samedi 30 mai, plusieurs centaines de militants écologistes ont convergé vers le site de la centrale à charbon de Datteln 4, non loin de Dortmund, pour protester contre la mise en service, prévue le même jour, de cette installation d’une capacité de production de 1 100 mégawatts.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés En Allemagne, une nouvelle centrale à charbon échauffe les esprits

Pour le groupe Uniper, propriétaire du site, le démarrage de Datteln 4 signe le dénouement d’un feuilleton qui n’a que trop duré. En effet, le début d’exploitation de cette centrale, qui lui a coûté 1,5 milliard d’euros et a été cofinancée notamment par BNP Paribas et Société générale, était initialement prévu pour 2011, mais il avait été repoussé pour des raisons techniques. Puis, après que le gouvernement allemand eut pris, début 2019, la décision de sortir du charbon à l’horizon 2038, de nombreuses voix avaient exigé l’abandon de ce projet énergétique jugé anachronique. Mais Uniper a tenu bon.

« Une provocation »

Les partisans de la nouvelle installation assurent aussi que, du fait de sa modernité, elle aidera l’Allemagne à atteindre ses objectifs climatiques. « Il est judicieux de mettre en service la centrale de Datteln 4 », assure Joachim Pfeiffer, député au Bundestag (chambre basse du Parlement). « Elle émet beaucoup moins de dioxyde de carbone que de nombreuses installations, plus anciennes et moins efficaces », argumente ce membre de la CDU, le parti d’Angela Merkel.

En décembre 2019, le gouvernement s’est fixé l’objectif de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030

Ce raisonnement fait bondir de nombreux experts et défenseurs de l’environnement, qui soutiennent que l’Allemagne n’a nullement besoin de cette nouvelle centrale. « C’est une provocation », s’est emportée Luisa Neubauer, porte-parole du mouvement écologiste Fridays for Future en Allemagne. Sur Twitter, la militante suédoise Greta Thunberg, fondatrice du mouvement, a également déploré « un jour de honte pour l’Europe ».

L’inauguration d’une centrale thermique flambant neuve en pleine sortie du charbon est révélatrice des contradictions qui émaillent la transition énergétique que l’Allemagne tente de réussir depuis près d’une décennie. L’exercice est périlleux : en décembre 2019, le gouvernement s’est fixé l’objectif de diminuer de 55 % les émissions allemandes de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et par rapport à leur niveau de 1990. C’est une gageure pour la plus grande puissance économique d’Europe. Selon l’institut Fraunhofer, 29 % de l’électricité produite dans le pays provenait, en 2019, de sa centaine de centrales à charbon. Au total, la production nette allemande s’est élevée à 515,6 térawattheure (TWh) l’an passé. En France, premier pays exportateur d’électricité en Europe, celle-ci était de 537,7 TWh.

Après la catastrophe de Fukushima en 2011, l’Allemagne a décrété la sortie du nucléaire et décidé de développer fortement les énergies renouvelables. Une décision fort critiquée, principalement en France, championne du monde du nucléaire. Nos voisins germains sont accusés d’accroître leur consommation de charbon, ce qui entraînerait une augmentation de leurs émissions de CO2. Un mythe qui a toujours la vie dure …

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Lorsqu’il est question du développement des énergies vertes ou d’abandon progressif de l’énergie nucléaire, les partisans de celle-ci ou les adversaires des renouvelables (souvent les mêmes personnes) pointent invariablement l’exemple de l’Allemagne. Comme nous le savons, nos voisins ont décidé en 2011 de sortir du nucléaire et développent fortement les énergies renouvelables.
Selon la rumeur répandue avec persistance en France, cette politique aurait des conséquences catastrophiques pour la lutte contre les changements climatiques. Les « fans » du nucléaire et les opposants aux énergies vertes soutiennent mordicus que « l’Energiewende » (virage ou transition énergétique) décidé outre-Rhin entraîne un recours accru au charbon et une augmentation des émissions de CO2. En réalité, rien n’est plus faux.
Pour s’en convaincre, il suffit de consulter ce graphique posté récemment sur Twitter par Paul Neau de l’Association négaWatt.

Graphique

Nous constatons qu’en 2011 la production d’électricité des centrales au charbon (courbe noire) était environ égale à 110 TWh, à peu près au même niveau que celle des réacteurs nucléaires (courbe violette). 8 ans plus tard, la fermeture de plusieurs centrales atomiques allemandes a provoqué une chute d’environ 1/3 de la production électrique nucléaire qui a régressé en 2019 à 75,2 TWh. Pendant la même période les centrales au charbon n’ont certainement pas accru leur production : au contraire, elle a dégringolé de presque 50% en chutant à 56,9 TWh.

Pendant ce temps, le lignite, cette autre énergie fossile très polluante (courbe brune), n’a pas pris le relais non plus, puisque d’une production de 150 TWh en 2011, ces centrales n’ont plus injecté sur le réseau allemand que 114 TWh en 2019. Quant aux centrales au gaz (courbe grise), leur production est restée au même niveau d’environ 91 TWh.

Lire aussi :Le début de la fin du charbon en Europe

Forte progression des renouvelables

Au total, la sortie du nucléaire en Allemagne s’est accompagnée jusqu’ici d’une forte régression des énergies fossiles responsables des émissions de CO2. Du moins pour ce qui concerne la production d’électricité : leur part cumulée dans le mix électrique allemand ayant chuté de 89 TWh pour une diminution de 35 TWh du nucléaire.

Les énergies renouvelables sont les seules qui ont fortement progressé pendant ce temps (courbe jaune). En passant de 120 TWh en 2011 à plus de 242 TWh en 2019 elles ont plus que doublé leur part dans le mix électrique. Devenant, et de loin, la technologie de production d’électricité la plus importante avec 40% de part de marché.

Lire aussi :Allemagne : nouveau record pour les énergies renouvelables et déclin persistant du charbon

Cette démonstration magistrale anéantit en même temps l’argument selon lequel la progression des énergies variables comme le solaire et l’éolien nécessiterait la mise en services de nouvelles centrales « pilotables » au charbon ou au gaz.

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Image de la transition énergétique en Allemagne. Des éoliennes au premier plan, une centrale au charbon à l’arrière. Dans quelques années elle aura disparu du paysage.

Vers une double sortie

 Evidemment, les émissions allemandes de gaz à effet de serre sont encore plus élevées que celles de la plupart des autres pays européens, mais ce n’est pas la décision de sortie du nucléaire qui en est la cause, et encore moins la forte progression des renouvelables.

Lire aussi :Réduction des émissions de CO2 : l’Allemagne surprend les experts

Il y a plus d’un siècle les allemands ont misé principalement sur leurs mines de charbon et surtout de lignite pour leur production d’électricité. A l’époque il n’était évidemment pas question de changements climatiques. Ils ont développé tout un savoir-faire et une industrie performante dans ce domaine. Il est quand même compréhensible qu’ils ne puissent pas démanteler complètement cette filière en moins de 10 ans.

Cela se fait progressivement et plusieurs étapes ont déjà été franchies : fin 2018 la dernière mine de charbon allemande a été fermée. Certes, du charbon (moins cher) est encore importé, notamment des Etats-Unis, de Pologne et d’Australie et il reste toujours des mines de lignite à ciel ouvert. Mais sous la pression de son opinion publique, le gouvernement d’Angela Merkel a fait voter en juillet dernier la loi visant à sortir le pays du charbon (la Kohleverstromungsbeendigungsgesetz).
Le calendrier est fixé et je ne doute à aucun moment que nos voisins avec leur légendaire efficacité réussiront leur objectif de sortir en même temps du nucléaire et du charbon. Un  exemple à suivre par tous les Etats.

Lire aussi :La dernière mine de charbon allemande reconvertie en stockage d’énergie renouvelable

Une seule centrale à charbon allemande émet-elle vraiment "plus de CO2 que tout l’aérien français" ?

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La plus grosse centrale à charbon d'Allemagne produit plus de 30 millions de tonnes de CO2 par an. − INA FASSBENDER / AFP

POLLUTION – Le recours temporaire au charbon par nos voisins allemands est souvent critiqué. S'il est vrai que les émissions de CO2 qu'il induit dépasse celles du secteur aérien en France, il convient de manier ces comparaisons avec une certaine prudence.

Thomas Deszpot - Publié le 6 octobre 2020 à 18h12, mis à jour le 7 octobre 2020 à 9h45

Malgré des objectifs très ambitieux en matière de transition énergétique – 80% d'énergies renouvelables (EnR) dans leur production d'électricité globale –, les Allemands sont régulièrement pointés du doigt. Il leur est reproché d'avoir recours à des centrales à charbon particulièrement polluantes afin de compenser l'arrêt de leurs centrales nucléaires, dans l'attente que les éoliennes et autres centrales solaires prennent à l'avenir le relais.

Pour mettre en lumière les émissions induites par ces centrales à charbon, des internautes ont effectué des comparaisons avec un secteur réputé très polluant : l'aérien. "Une seule centrale à charbon en Allemagne émet plus de CO2 que tous l’aérien français, intérieur et international réunis", indique ainsi un tweet très commenté. Et d'ajouter que "l’Allemagne compte plus de 80 centrales à charbon".

Des centrales très émettrices

Pour vérifier ces informations, la première étape consiste à se pencher sur les émissions de CO2 imputables au secteur aérien français. Des données compilées par le ministère de la Transition écologique, qui en fait état dans une note dévoilée en janvier. On apprend ainsi qu'en "2018, les émissions de CO2 pour le transport aérien en France se sont élevées à 22,7 Mt (millions de tonnes), dont 17,9 Mt (79,1%) pour le transport aérien international (estimation Tarmaac) et 4,8 Mt (20,9%) pour le transport intérieur (y compris Outre-mer)". 

Qu'en est-il, dès lors, des centrales à charbon allemandes ? Avant toute chose, il est nécessaire de noter que l'on n'en dénombre pas 80, mais 46 sur le territoire. Certaines centrales rassemblent sur un même site plusieurs unités de production, jusqu'à 7 pour la plus importante, ce qui signifie que l'on dénombre 78 unités fonctionnelles à travers le pays. Avec des puissances (et donc des émissions) variables.

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Pour analyser les émissions globales de CO2, il faut additionner celles des centrales à houille et celles des centrales à lignite, un type de charbon d'une qualité moindre mais très utilisé outre-Rhin. Pour 2018, l’institut de recherche Fraunhofer ISE recense un total de 213,6 millions de tonnes de CO2 (149,8 pour le lignite, 63,8 pour la houille). Soit presque 10 fois plus que le secteur aérien français. Il est par ailleurs exact de souligner que la centrale la plus émettrice d'Allemagne (Neurath), émet à elle seule avec ses sept unités de production davantage que l'aérien français, soit 32,2 millions de tonnes.

Des comparaisons à prendre avec précaution

Si ces comparaisons peuvent s'avérer surprenantes, il est nécessaire de prendre un peu de hauteur pour mieux les analyser. Si l'on s'intéresse aux émissions du secteur aérien en France, il faut par exemple souligner que celles-ci ne représentent qu'une très faible part de celles imputables aux transports en général. Libération rappelait ainsi qu'en 2015, 95% du CO2 émis dans les transports était imputable aux voitures et camions.

Opérateur d’Etat pour le compte du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, le Citepa soulignaitdans son rapport 2019 que le transport aérien était en France responsable d'un peu plus de 1% des émissions de CO2, quand les transports en général comptaient pour plus d'un tiers des émissions de CO2 dans l'Hexagone. Des données intéressantes, mais qui portent ici sur le seul dioxyde de carbone. Il serait nécessaire de se pencher sur d'autres gaz afin d'évaluer de manière plus détaillée et complète la pollution entraînée par l'aérien.

Enfin, il apparaît utile en marge de ces comparaisons entre la France et l'Allemagne de se pencher sur un indicateur complémentaire : celui des émissions de CO2 par kilowattheure produit. Il met en lumière les émissions considérables de l'Allemagne aujourd'hui (419 gCO2/kWh) par rapport à la France (67 gCO2/kWh), selon les données fournies pour l'année 2017 par l'Agence européenne pour l'environnement. Les émissions allemandes, bien qu'à la baisse, restent assez largement supérieures à la moyenne européenne, qui est de 294 gCO2/kWh.

En conclusion, il est donc exact d'indiquer que la plus grosse centrale à charbon allemande pollue davantage que le secteur aérien français dans son ensemble. Une comparaison qui nécessite néanmoins d'être replacée dans le contexte de la production de C02, où l'aérien n'occupe en France qu'une place mineure en comparaison par exemple avec le transport routier.  

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En Allemagne, cette commune accélère le remplacement du charbon

En investissant dans une nouvelle centrale thermique au gaz, la ville de Flensburg, dans le nord de l’Allemagne, va réduire les émissions de CO2 de 40 % tout en arrêtant les chaudières à charbon en avance sur le calendrier gouvernemental.

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La ville de Flensburg, en Allemagne, proche de la mer Baltique et du Danemark, va pouvoir se passer complètement du charbon pour produire son énergie plus tôt que prévu par le calendrier du gouvernement fédéral. La clé de cette accélération ? Une nouvelle centrale thermique au gaz naturel dont la mise en service est prévue en 2022. Cet équipement, dénommé Chaudière 13, permettra de produire de l’énergie avec plus d’efficience, mais aussi de mettre en préretraite deux chaudières à charbon. Celles-ci devraient en effet fonctionner encore une dizaine d’années avant de baisser le rideau.

Le passage du charbon au gaz naturel constitue une réponse pertinente aux problèmes posés par la production croissante d’électricité issue de l’éolien.

Le bénéfice de cette évolution en termes de lutte contre les gaz à effet de serre est tangible. « Chaudière 13 réduira les émissions de CO2 de 40 % pour la même quantité d’énergie que les centrales à charbon », souligne Olaf Rhein, chef d’entreprise d’Actemium Hannover, impliquée dans l’installation de la centrale. Ainsi, quelque 120 000 tonnes de CO2 devraient être effacées chaque année avec l’entrée en service de cette nouvelle usine. Un gain appréciable pour cette commune de 90 000 habitants, pour laquelle le projet Chaudière 13 constitue une nouvelle étape dans la marche vers la production d’une énergie neutre en CO2.

En outre, le passage du charbon au gaz naturel constitue une réponse pertinente aux problèmes posés par la production croissante d’électricité issue de l’éolien, particulièrement dans le nord de l’Allemagne. Par nature intermittente, l’électricité éolienne implique des besoins de compensation des écarts de production. L’usage du gaz naturel offre justement la possibilité d’une utilisation rapide et flexible des installations. Un double bénéfice pour l’environnement.

Gaz et vapeur

Le projet Chaudière 13 poursuit la transition entamée dans les années 2014-2016, déjà avec le concours d’Actemium. On parlait du projet Chaudière 12 dont l’élément central était, comme c’est à nouveau le cas pour Chaudière 13, la construction d’une centrale gaz-vapeur (turbine à gaz à cycle combiné) pour la production combinée de chaleur et d’électricité.

Dans ce type de centrale, le gaz naturel est utilisé pour produire de l’électricité en deux phases. Le gaz naturel fait fonctionner une turbine et un générateur ; les gaz d’échappement de cette turbine sont utilisés pour produire de la vapeur ; celle-ci va à son tour faire fonctionner une turbine et un générateur qui produisent un surplus d’électricité.

Cette combinaison est extrêmement performante, souligne Olaf Rhein : « Une centrale électrique moderne alimentée au gaz qui ne produit que de l’électricité a un rendement maximal de 60 %. En comparaison, Chaudière 13, avec une puissance de chauffage urbain de 70 MW, aura une efficacité de plus de 90 % grâce à la production conjointe d’électricité et de chauffage urbain. C’est par ailleurs environ 10 % de plus que la production de l’ancienne chaudière à charbon. »

Une fois achevée la modernisation de sa centrale de production combinée de chaleur et d’électricité, Flensburg couvrira jusqu’à 80 % de l’approvisionnement en chauffage urbain avec du gaz naturel. La ville pourra aussi s’enorgueillir d’avoir atteint avant l’heure l’objectif de suppression du charbon que le gouvernement allemand a fixé à 2038 au plus tard.

17/05/2021

L'ALLEMAGNE METTRA EN SERVICE UNE TOUTE NOUVELLE CENTRALE À CHARBON EN 2020

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La nouvelle centrale à charbon de Datteln en Rhénanie-Westphalie, a coûté 1,5 milliard d'euros à Uniper, le producteur d'énergie qui l'exploite. - Unipe

Alors que la part des énergies renouvelables a franchi en 2018 le cap de 40% de la production allemande d'énergie, une centrale à charbon, flambant neuve, doit être mise en service courant 2020, outre-Rhin.

Le producteur d'énergie Uniper va être en mesure de raccorder au réseau électrique en 2020 sa toute nouvelle centrale au charbon située à Datteln dans le land de Rhénanie du nord-Wesphalie, ont indiqué il y a quelque jours des sources gouvernementales et industrielles, outre-Rhin, selon Reuters.

Ayant coûté 1,5 milliard d'euros, ce site a une capacité de production de 1100 MW. Il peut alimenter en électricité jusqu'à 100.000 foyers. Alors que sa construction a subi des retards, l'usine aurait dû ne jamais entrer en service dans le cadre du plan de l’Allemagne visant à abandonner le charbon comme source d’énergie d’ici à 2038 au plus tard. Uniper, son exploitant, aurait alors dû être indemnisé à hauteur de son colossal investissement sur ce site, explique Reuters.

Ses émissions de CO2 seraient moins importantes, selon les autorités

Mais cette indemnisation n'est plus à l'ordre du jour car les autorités considèrent que le site Datteln 4, de conception récente, aurait des émissions de CO2 moins importantes que les centrales à charbon de conception plus ancienne.

Selon une source gouvernementale allemande, "Datteln 4 peut entrer en service". La date exacte cette mise en service n'a pas encore révélée, celle-ci devant intervenir durant la première moitié de 2020, au plus tard l'été prochain.

Charbon et lignite: 38% de la production d'énergie allemande en 2018

Le raccordement au réseau électrique d'une nouvelle et puissante centrale à charbon interviendra alors que l'Allemagne a franchi en 2018 le seuil symbolique de 40%, pour la part des énergies renouvelables dans la production nationale d'énergie (source: institut des sciences appliquées Fraunhofer). Par comparaison, en 2018, l'énergie issue du charbon a représenté 131,28 TWh (soit 24,1%) et celle issue de la lignite, 75,71TWh (13,9%), soit un total de 38% pour ces énergies fossiles dont la combustion est réputée particulièrement polluante.

semaines d'une prise de contrôle financière par le producteur finlandais d'énergie Fortum. Acquérant une part supplémentaire de 20,5% dans le capital d'Uniper pour 2,3 milliards d'euros, Fortum a vu sa participation dans Uniper grimper à 70,5%. Uniper a aussi vendu cet été au groupe tchèque EPH, les deux centrales à charbon françaises qu'il exploitait à Saint-Avold (Moselle) et Gardanne (Bouches-du-Rhône).

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Frédéric Bergé

En Allemagne, une route et des villages condamnés malgré la sortie du charbon..

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Tina Dresen, habitante protestant contre la destruction de la route près de son village pour extraire du charbon, le 22 juillet 2020 à Kuckum, en Allemagne © AFP/Yann Schreiber

Malgré l'abandon prévu du lignite au plus tard en 2038, la route L277 et plusieurs villages situés dans le sud-ouest de l'Allemagne sont condamnés afin d'extraire le charbon sous leur sol. Dans le bassin minier rhénan, les protestations se multiplient depuis une semaine.

Dans l'étendue du bassin minier rhénan, la route L277 est devenue le nouveau point de ralliement du mouvement écologiste dans la bataille autour de la sortie du charbon par l'Allemagne.

"La route était pour moi une ligne rouge, une source d'espoir" et une "frontière qui me protégeait contre la perte de ma maison", lance Tina Dresen, 19 ans. Mais les travaux ont commencé pour effacer de la carte cette route reliant Lützerath à Keyenberg, pour faire de la place à l'énorme mine de Garzweiler.

Celle-ci continuera ainsi de s'étendre malgré l'abandon prévu du lignite au plus tard en 2038, menaçant, en plus de la L277, une poignée de villages alentour. Le charbon qui se trouve sous le sol de ces communes sera "nécessaire dès 2024" pour approvisionner les centrales alors que les autres mines de la région ferment, assure l'exploitant, le groupe RWE.

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Tina habite Kuckum, l'un des villages visés. Avec son frère David, 29 ans, elle est membre du groupe "Alle Dörfer bleiben" ("Tous les villages restent").

Des manifestations régulières depuis une semaine

Tous deux font partie des dizaines de manifestants qui se réunissent régulièrement depuis une semaine pour protester contre la destruction de la L277, et tenter de sauver à la fois leurs maisons et, disent-ils, la planète.

La loi adoptée début juillet, laborieux compromis entre conservateurs et sociaux-démocrates, est jugée par les ONG trop peu ambitieuse et la sortie d'ici 18 ans trop tardive pour respecter l'accord climatique de Paris.

"Le charbon sous nos villages doit être préservé maintenant, pas en 2038", estime Tina Dresen. Ici, "la sortie du charbon n'est absolument pas visible pour l'instant", accuse-t-elle, alors que la police se prépare à déloger la trentaine de militants assis sur la route pour bloquer les travaux.

"Je n'ai aucune raison de partir, ma famille habite ici depuis des générations", explique David Dresen à l'AFP. "Je ne me laisse pas dicter par un grand groupe comment je vis!". Tina et David vivent avec leur famille dans une grande maison entourée vastes champs, avec trois chevaux, plusieurs poules et leur chien Nala.

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Le jeune homme en est convaincu: Kuckum peut encore échapper à la destruction prévue en 2027. "On espère que d'ici là, nous aurons un nouveau gouvernement fédéral et régional avec la participation des Verts", avance-t-il. "Mais si nous continuons à avoir un gouvernement qui se fout des objectifs climatiques, le sort des villages est scellé". D'autres habitants ont prévu un recours devant la Cour constitutionnelle contre la loi charbon.

Immerath, village déjà déserté

Ailleurs dans la région, il est déjà trop tard.

Immerath n'attend plus que d'être englouti par la mine. Il ne reste que quelques maisons et lampadaires. L'église a déjà été détruite en 2018. La plupart des habitants ont déménagé dans un village construit pour l'occasion, à huit kilomètres.

Les habitants de Kuckum et de Keyenberg, la commune limitrophe, peuvent vendre leurs maisons à RWE et négocier des aides pour la relocalisation. Une majorité l'a fait.

La plupart des maisons de Keyenberg sont déjà vides, même certaines qui, sur leur mur, arborent une croix jaune: le symbole de "Alle Dörfer bleiben".

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Walter Oberherr, 64 ans, lui, résiste. Dans une fenêtre, sa femme a installé un panneau: "Skolstrejk för klimatet", le mot d'ordre de la jeune militante suédoise Greta Thunberg, fondatrice de Fridays for Future.

Ces manifestations ont propulsé l'écologie en haut des préoccupations politiques en Allemagne. Le mouvement anti-charbon y avait déjà gagné en importance depuis que la sortie du nucléaire décidée en 2011 a prolongé la dépendance du pays envers ce minerai.

La mine à ciel ouvert de Garzweiler, une des plus grandes d'Europe, est régulièrement ciblée par les activistes.

D'autres ont moins d'espoir.

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"Je pense que c'est perdu", lâche Fritz Bremer, 86, habitant du village depuis plus de 20 ans. "On l'a vu avec la route L277: les gens ont manifesté, mais elle a quand même été détruite."

© 2020 AFP 

2013. 

Ouverture d'une gigantesque mine de lignite en Allemagne

En Allemagne, la fin du nucléaire et les besoins en énergie ne riment pas forcément avec l’idée d’environnement et de développement des énergies renouvelables. En témoigne ce reportage de l’AFP qui raconte comment le producteur d’électricité RWE agrandit une gigantesque mine de lignite dans la Ruhr, obligeant les habitants à déménager.

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Production de lignite dans la mine à ciel ouvert de Garzweiler, à l'ouest de Cologne, en Allemagne. (PATRIK STOLLARZ / AFP)

Le cimetière est à moitié vide, tous les magasins abandonnés, la rue principale, déserte, bordée de maisons aux volets clos: le village-fantôme allemand d'Immerath doit faire place aux excavatrices de lignite.
              
Dans cette zone rurale coincée entre la conurbation de la Ruhr et les  Pays-Bas, Immerath et les communes alentours vont être rayées de la carte pour  permettre au géant de l'énergie RWE d'agrandir l'immense mine à ciel ouvert de Garzweiler.
              
Produire au charbon est redevenu très lucratif en ces temps de marché atone  des certificats de CO2. Le lignite extrait à Garzweiler alimente directement les centrales de RWE, qui crachent leur fumée blanche en bordure de la mine.
              
Le site de Garzweiler I, exploité depuis 1983, a fait son temps. Il est comblé au fur et à mesure qu'est creusé Garzweiler II, la nouvelle mine contiguë d'une surface de 48 kilomètres carrés, autant que la ville de Lyon.
              
Quelque 7600 habitants et tout leur environnement doivent être déplacés. Les 900 habitants d'Immerath, dont environ 100 seulement sont encore là, s'installent à à Immerath-Neu (Nouveau Immerath), un village sorti de terre dans la même commune d'Erkelenz. Ils y retrouveront leurs morts, l'école et le jardin d'enfants, mais pas l'église, qui sera déconsacrée après un dernier office en octobre, et rasée comme le reste.
             
«Cela me brise le cœur», dit Hans-Willi Peters, qui habite lui aussi un village des environs et devra décider sous peu s'il se laisse transplanter  comme ses voisins - ou s'il commence une nouvelle vie ailleurs. «Ma femme et moi, nous changeons d'avis tous les jours», raconte ce pré-retraité, qui siège dans un des «comités citoyens» chargés d'accompagner le processus.

Le charbon a la cote    

RWE finance toute l'opération, sans vouloir en révéler le coût. Une chose est sûre: alors que le prix des droits de polluer s'est effondré sur le marché  européen, et que l'Allemagne renonce à ses centrales nucléaires, le lignite extrait à Garzweiler a de beaux jours devant lui.
              
Effet secondaire de la «transition énergétique» allemande, le charbon polluant représente 40% de la production électrique du pays, contre 25% en  moyenne en Europe. Le permis accordé à RWE prévoit l'extraction de 1,3 milliard de tonnes de lignite d'ici 2045 sur le site.
              
Même ici, où le paysage est défiguré et où le bruit et la poussière rejetée par la mine sont le lot quotidien, «les gens ont compris que sans le charbon,  nous aurions un problème» pour produire l'électricité dont a besoin l'Allemagne, affirme Hans-Heiner Gotzen, premier adjoint à la mairie d'Erkelenz.
 
             
Depuis début juin la Cour constitutionnelle allemande, plus haute juridiction du pays, se penche sur la légalité des déplacements de population à Garzweiler, suite à la plainte d'un résident d'Immerath et d'une association écologiste.
             
Selon eux, l'exploitation du charbon n'est pas une nécessité impérieuse dans l'intérêt général, seul motif qui justifierait l'évacuation des villages. Ils veulent faire valoir que l'exploitation de charbon en Allemagne n'est pas indispensable pour assurer l'approvisionnement énergétique du pays, une conclusion à laquelle est également arrivée un rapport récent de l'institut de recherche économique DIW.
              
Mais les juges sont peu susceptibles de prendre position sur cette épineuse question, dans leur décision attendue à l'automne. «Le tribunal va insister sur le respect des intérêts privés» mais pas revenir sur le permis accordé à RWE, prédit M. Gotzen.
              
Force est de reconnaître que l’entreprise «fait les choses bien, de manière professionnelle et structurée», avec une forte implication des intéressés, reconnaît Jürgen Schobel, chargé des déplacements de villages pour le compte de la mairie.
              
Il a accueilli il y a quelques temps un groupe de Chinois, venus voir la  façon dont les Allemands géraient ces évacuation de villages, chose courante en Chine et à nettement plus grande échelle. «Ils ouvraient de grands yeux» tant RWE prend soin des villageois, se souvient M. Schobel.
(Reportage de Mathilde Richter)

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Le Leader « Vert » l’est-il vraiment ?..

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Photo ci-dessus de la centrale de Neurath.

Les conflits socio-environnementaux face à l’extraction du lignite en Allemagne

Céline KUTLU est doctorante en droit public depuis novembre 2019 à l’Université de Lorraine, au sein du laboratoire IRENEE à Nancy, sous la direction de Jochen Sohnle. Sa thèse s’inscrit dans un projet pluridisciplinaire « IMPACT DEEPSURF » de l’initiative Lorraine Université d’Excellence (LUE) s’intéressant aux ressources et aux diverses utilisations du sous-sol. Elle présente ici un papier tiré de sa présentation aux Doctoriales transdisciplinaires des ressources, organisées par le groupe Recherches-Ressources et qui se sont tenues le 13 novembre 2020.

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Photographie 1- L’extraction du lignite dans la mine à ciel ouvert de Garzweiler (Aachener Zeitung, photo de Oliver Berg)

L’Allemagne, premier producteur mondial de lignite

C’est en 1892 que débute l’extraction du lignite pour la production d’électricité en Allemagne. Présent dans des couches sédimentaires d’âge récent (tertiaire ou quaternaire), la proximité de ce type de charbon avec la surface terrestre (entre 14 et 210 m de profondeur) facilite son extraction qui s’effectue dans des mines à ciel ouvert (photographie 1). Tandis que la dernière mine « traditionnelle » souterraine d’extraction de la houille a fermé en Allemagne en 2018, le pays compte encore 10 mines destinées à l’extraction du lignite. Elles se répartissent en trois grands bassins : le bassin Rhénan, le bassin d’Allemagne centrale et le bassin Lusacien (carte 1).

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Carte 1- Les trois grands bassins d’exploitation des mines à ciel ouvert de lignite (zdf heute, 2018)

L’exploitation de cette ressource est réglementée par la loi minière fédérale (Bundesberggesetz) de 1982, qui assure une réglementation nationale uniforme et entend garantir l’approvisionnement en matières premières.Pourtant, l’extraction du lignite met à mal l’exemplarité allemande dans la transition énergétique (avec une part de 46,1% de production d’électricité renouvelable en 2019) (graphique 1). En effet, on reproche à cette énergie d’être néfaste pour l’environnement et d’être source de conflits sociaux. Si elle a joué un rôle décisif dans le développement économique de l’Allemagne, l’urgence climatique et la nécessité de prendre en compte l’avis des citoyens devrait alerter le gouvernement fédéral, qui continue de soutenir les activités des entreprises minières pour assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique du pays. En 2019, l’électricité produite Outre-Rhin provenant de l’extraction du charbon représentait 29,3 % du mix énergétique :9,6 % pour la houille qui est importée (l’importation est devenue plus rentable que l’extraction nationale) et 19,7 % pour le lignite, extrait localement (graphique 1).

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Graphique 1 : Production nette d’électricité publique en Allemagne en 2019 (
Fraunhofer ISE, Nettostromerzeugung)

Il faut néanmoins préciser que la politique énergétique reste du pouvoir régalien des États, où les décisions dans ce domaine font l’objet de stratégies politiques. Cette étude aura pour objet d’exposer la multiplicité des raisons pour lesquelles l’extraction de cette ressource « climaticide » reste possible en Allemagne malgré la forte opposition citoyenne.

L’exploitation du lignite et les conflits sociaux

Les mines de lignite sont au cœur de régions densément peuplées, surtout dans le bassin Rhénan (carte 2). Elles continuent pour la plupart leur extension au fur et à mesure que les réserves de lignite s’épuisent sur un périmètre donné. Ce serait plus de 160 000 hectares, soit deux fois la superficie de Berlin, qui seraient affectés par l’extension spatiale des mines dans le pays (Deshaies, 2011).

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Carte 2- Vue satellite de la concentration des mines de lignite du bassin Rhénan proche de grandes villes : une superficie importante (« My Maps », carte par Kutlu Céline)
Zones jaunes : superficie des grandes villes ; Zones roses : superficie des mines ayant exploité la ressource en lignite ; Zones oranges : exploitation encore à venir.

Or, en plus de grignoter des surfaces agricoles, leur exploitation provoque des conflits d’intérêts importants entre les énergéticiens et les « déplacés du charbon » victimes d’expropriations.

Les énergéticiens s’appuient sur des arguments économiques. D’après eux :

  • Le lignite serait la seule ressource énergétique nationale pouvant être durablement exploitée de manière rentable. Peu coûteux, avec des réserves encore abondantes, son exploitation permettrait de compenser le déclin de l’énergie nucléaire dont la fermeture du parc est attendue pour le 31.12.2022 au plus tard, et cela dans l’attente de développer l’énergie renouvelable, avec les problèmes d’intermittence qu’elle comporte.
  • Le secteur est un grand pourvoyeur d’emplois et comptait 15 872 salariés en 2018 (BGR, 2019). C’est pourquoi on observe une résistance de la part du syndicat des mineurs, de l’industrie du lignite et des Länder à forte activité d’extraction contre la fermeture de ces mines.

Cependant, l’exploitation de la ressource provoque la destruction de plusieurs centaines de villages et a contraint environ 120 000 personnes à l’expropriation depuis les années 1920 en Allemagne (Kommission, 2019). Certains énergéticiens détiennent encore des permis d’exploitation sur de nouveaux périmètres, comme c’est le cas pour la mine de Garzweiler. Le site de 66 km2 de Garzweiler I a fait son temps et il est comblé au fur et à mesure qu’est creusée la mine de Garzweiler II. Cette dernière fait environ 48 km2 de superficie, soit la taille d’une ville comme Lyon. Rien que pour cette mine, on estime qu’en 30 ans, plus de 300 villages y ont été détruits ou déplacés, et 44 000 personnes expropriées.

C’est pourquoi beaucoup d’habitants de villages concernés par la destruction ou le déplacement, se mobilisent pour empêcher l’extension des mines et lutter contre l’expropriation.

Une faible prise en compte de l’avis du public par les juridictions

Alors que le droit de propriété est un droit constitutionnel garanti par la loi fondamentale allemande (§14 Grundgesetz), nous verrons pourquoi la loi minière permet aux entreprises minières de n’accorder qu’une simple indemnisation aux propriétaires expropriés par l’extension des mines de lignite.

Tout découle de la « clause de sécurité des matières premières » (Rohstoffsicherungsklausel) de la loi minière : pour assurer l’approvisionnement en matières premières, elle priorise l’extraction par rapport aux autres intérêts primordiaux du droit commun, tels que les intérêts des propriétaires fonciers ou de la protection de l’environnement.

Par conséquent, toutes les ressources minérales énumérées par la loi minière fédérale (le lignite en fait partie) sont retirées de l’immobilier du propriétaire foncier. Conformément au principe de la « liberté des mines » (Bergfreiheit), le propriétaire d’un terrain sur lequel une ressource est présente ne disposera plus que des ressources minérales de base (sable, gravier…).

Ainsi, c’est l’exploitant, titulaire d’un permis d’exploration et d’exploitation obtenus auprès du ministère compétent qui devient propriétaire des ressources sur un territoire précis et pour une durée déterminée. Il peut demander une concession de propriété minière et la loi ne prévoit en aucun cas de procédure d’enquête publique.

En 2013, la Cour constitutionnelle fédérale (plus haute juridiction du pays basée à Karlsruhe) s’est exprimée sur la légalité de ces déplacements de population contraints par l’exploitation de la mine de Garzweiler II, suite à une plainte d’un résident du village d’Immerath et d’une association écologiste, le BUND (Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland). D’après les plaignants, le projet d’extension de la mine serait dénué de nécessité impérieuse d’intérêt général, autrement dit, il ne serait pas indispensable, pour assurer l’approvisionnement énergétique du pays. Cependant, la Cour conclut que l’utilisation extensive des terres associées à l’exploitation du lignite est toujours compatible avec les intérêts publics, même en tenant compte de la relocalisation de nombreuses personnes qui en résulte. La Cour confirme ainsi la nécessité du projet qui « contribue de manière significative à l’approvisionnement énergétique en Allemagne » (§ 65 de la décision constitutionnelle)1.

Pour les tribunaux, le motif juridique de l’expropriation n’est donc pas recevable dans la lutte contre l’extension des mines. On assiste ainsi ces dernières années à une multiplication des recours des opposants sur des motifs environnementaux.

Des conflits environnementaux issus des lacunes du droit minier

Selon l’ONU, pour respecter la limitation à deux degrés du réchauffement climatique, 80 à 90% du charbon mondial encore disponible devra rester sous terre (Reporterre, 2017). Sans fermeture des mines de lignite, l’Allemagne, plus gros émetteur de CO2 du continent, ne sera pas en mesure d’atteindre ses engagements de réduction du CO2. En effet, le secteur de l’électricité est celui qui produit le plus d’émissions (environ 30% des GES de l’Allemagne en 2019) (Wagenhäuser, 2020). La majorité de ces émissions proviennent de l’exploitation du lignite dans les mines à ciel ouvert (graphique 2), une activité que l’on compte parmi les plus dévastatrices d’Europe (Deshaies, 2011).

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Graphique 2 : Émissions de CO2 selon les différentes sources de production d’électricité en Allemagne : le lignite en tête, (Matthes Felix Christian : Germany’s Stance on Climate and Carbon Policy Instruments for the Power Generation Sector: Current Status and Perspectives, Implications for France and the European Union, p.19)

Les entreprises minières, quant à elles, tentent d’asseoir leur légitimité sur de nombreux arguments techniques, dans le but de refléter l’image d’une entreprise soucieuse des impacts environnementaux. Par ailleurs, depuis les années 1960, l’obligation pour les entreprises de remise en état des terrains (Renaturierung) a favorisé l’acceptabilité sociale des nuisances. Il s’agit par exemple de la construction de nouveaux villages, de la réhabilitation paysagère, de la création de lacs artificiels ou de la réintroduction d’espèces protégées (photographie 2).

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Photographie 2- La création du Findlingspark à la mine de lignite de Nochten : recréer des paysages après extraction (Lausitzer Seenland)

Alors que la procédure d’approbation des permis miniers est soumise depuis 30 ans à une évaluation d’incidence, l’Agence fédérale pour l’environnement (Umweltbundesamt) relève encore de nombreux déficits de la loi minière. Elle estime nécessaire d’examiner davantage les mesures techniques et comment le cadre juridique de l’exploitation minière peut être développé afin de réduire davantage les effets sur les habitants et l’environnement, et d’améliorer la gestion de l’après-mine.

L’opposition aux projets miniers, levier essentiel pour la prise en compte des impacts environnementaux

De nombreuses actions, symboles d’une conscience environnementale (Umweltbewusstsein) (Deshaies, 2011), se veulent être une manière d’alerter et de sensibiliser l’opinion publique des nombreuses conséquences de l’exploitation des mines à ciel ouvert sur l’environnement, tels que des impacts sur l’air, l’eau, les sols ou les forêts.

Par ailleurs, l’objectif est de contraindre le gouvernement à revoir sa politique énergétique et d’élaborer des mesures supplémentaires (Matthes, 2017). On dénombre plusieurs victoires de la part des opposants. C’est le cas par exemple pour la mine de Garzweiler. Le gouvernement du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie a décidé en 1991 de réduire de 30% l’extension initialement prévue de Garzweiler II, suite aux oppositions locales du BUND et des habitants concernés. En 2019, une grande action de désobéissance civile, organisée par l’association « Ende Gelände », qui milite depuis 2015 pour en finir avec le charbon et pour une justice climatique, a rassemblé des milliers de personnes pour bloquer des infrastructures d’exploitation du lignite (photographies 3 et 4).

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Photographies 3 et 4- Action militante de blocage de deux centrales et de la mine de Garzweiler en Juin 2019 par l’association « Ende Gelände »

(https://www.flickr.com/photos/133937251@N05/albums)

Conclusion : l’arrêt du lignite programmé pour 2038

On remarque ainsi que la loi minière allemande prévoit des mécanismes pour soutenir l’extraction de la ressource, pour des motifs d’approvisionnement en matières premières.

Pourtant, la pérennité de l’exploitation de ces mines crée de fortes mésententes politiques. Certains alertent sur des risques de pénurie d’énergie, d’autres sur les dangers d’une fermeture trop tardive. Une Commission (« Croissance, changement structurel et emploi » : « Wachstum, Strukturwandel und Beschäftigung ») s’est alors réunie dès 2018 avec les objectifs suivants :

  • Établir un large consensus entre les différents intérêts en présence,
  • Faciliter une transition socialement équilibrée et équitable vers un nouveau système énergétique,
  • L’arrêt recommandé de l’exploitation du charbon, au plus tard en 2038.

Les deux lois sur la sortie du charbon entrées en vigueur en août 2020 rendent cette échéance contraignante pour l’arrêt de la production d’électricité à partir de houille et de lignite, afin d’être en accord avec les objectifs du gouvernement fédéral :

  • Réduction des émissions de 55 % à l’horizon 2030,
  • Neutralité carbone à l’horizon 2050,
  • La loi de sortie du charbon prévoit ainsi 65% d’énergie renouvelable dans le mix d’ici à 2030.

Ces fermetures prématurées par rapport aux échéances initialement prévues (2030-2050), d’abord programmées en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, puis en Allemagne de l’Est, nécessiteront des compensations financières destinées aux énergéticiens de la filière.

Céline Kutlu

Pour terminer..

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Voilà où on en est avec tout ça, en parlant tant de l’électricité que de la « production » d’électricité, que ce soit avec la part du « nucléaire » comme aussi et surtout celle « moins jubilatoire » de production d’électricité à partir de centrales thermiques au gaz comme surtout au charbon !..

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Que nous reste-il à espérer ?..

Il faut espérer, et je dis bien « espérer » que l’on arrivera très vite, et sinon très bientôt, à se mettre enfin d’accord pour trouver une solution tendant vers un accord réel de l’abolition comme de l’utilisation du charbon et définitive, comme pour le gaz à moyen voir court terme.

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Photo ci-dessus centrale thermique au gaz.

L’énergie la moins polluante est celle que l’on ne produit pas soi-même, sous quelle forme que ce soit, tant pour les déplacements (forts polluants encore !..), comme pour tous ces achats par le biais du net et e/commerce (super gros porte-containers venant de Chine, ne l’oublions pas !..), et concernant aussi notre mode de chauffage (si électrique, également « polluant » et coûteux, si au gaz, là-aussi, également « polluant » et tout aussi coûteux !..)..

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Photo ci-dessus de la centrale thermique, centrale à cycle combiné gaz, de Bouchain, dans le Nord.

Seul un mode de vie et comportement « rationnel » face au réchauffement climatique ou changements climatiques (dont à venir..), comme prise de conscience réelle, et surtout changement « radical » de nos habitudes prises, pourra nous amener vers un « meilleur » espéré et souhaitable

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Le mot de la fin

Les énergies les moins polluantes, le soleil, le bois, comme l’air et l’eau sont là pour nous rappeler qu’ils existaient déjà bien avant que nous ne soyons venus au monde, sauf que trop souvent on leur avait tourné le dos et « oublié » quelque peu qu’ils existaient et sous la forme gratuite, pour le soleil dit « passif », en tout cas, ne l’oublions pas !!!...

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Be happy and enjoy !..

 

Souriez à la vie.

 

 

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Commentaires
M
Bonjour Denis,<br /> <br /> je ne savais pas que l'Allemagne était si mal classée pour la mortalité... Elle s'en fiche sans doute, il y a pléthore de travailleurs immigrés pour remplacer les départs définitifs...<br /> <br /> Je savais bien, en revanche comme tout le monde qu'elle était aussi mal classée en écologie réelle (hors blabla...). Mais comme c'est l'Allemagne, personne ne lui cherche de poux dans la tête.<br /> <br /> Bonne journée à toi,<br /> <br /> Mo
Répondre
T
Si nous n' avions pas eu le charbon, le monde n'en serait pas où il en est actuellement, pareil pour le pétrole, qui ne sert pas que de carburant, loin de là !<br /> <br /> Les constructeurs automobiles ont trouvé des solutions pour que les carburants polluent moins, il serait étrange qu'on ne puisse le faire pour des centrales !<br /> <br /> Les énergies renouvelables, éoliennes, et solaire, ne sont pas au point et polluent aussi, et je pense qu'il y a moins de réserves de terres rares que de pétrole !<br /> <br /> Alors , il faut chercher encore !<br /> <br /> Passe une bonne journée Denis<br /> <br /> Amitié
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